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Writer's pictureSylvain Lupari

NORYANI: Southeast 225 (2012) (FR)

C'est un univers cinématographique où les inspirations de Vangelis et Mike Oldfield sont les lits de merveilleuses mélodies nomades

1 Corredores-Introducción 3:07

2 Mi(s)tico 3:54

3 Destrucción Masiva 6:57

4 Vientos 2:19

5 Leds| 5:38

6 Frost (piano de la base) 7:13

7 Caminata de Tutorial 6:22

8 Células 4:30

9 Below the Clouds Extreme 7:32

10 En Proxies 6:27

11 Corredores-Principal 5:40

(CD 59:46)

(Psybient and melodious dark EM)

Après un premier album qui m'avait passablement séduit, Noryani revient à la charge avec un 2ième album qui démontre une étonnante progression et maturité musicale depuis Northeast 117 en 2011. Construit autour d'une thématique mélodieuse récurrente qui s'inspire de Mike Oldfield, des ambiances mélancoliques et futuristes à la Vangelis ainsi que des rythmes tissés dans les frénésies tribales de mid-tempo et de transe-ambiant; SOUTHEAST 225 prend de front nos oreilles avec un savoureux cocktail tantôt explosif et tantôt méditatif qui étonne à mesure que l'on y entre. Adrian Noryani prend un soin jaloux de bien élaborer ses 11 titres par des ambiances riches et des rythmes diversifiés qui sont en constante évolution, berçant des structures mélodiques qui étonnent de part leurs tangentes insoupçonnées.

Corredores-Introducción nous introduit aux 11 phases de cet album avec un entrecroisement de couches de synthés sombres qui flottent comme un nuage d'éther menaçant au-dessus des belles lignes de piano. Les atmosphères de Blade Runner, notamment l'hésitante mélodie, emplissent nos oreilles avec ces couches de synthé aux textures métalliques qui s'enlacent avec passion dans un pattern futuriste. Irrégulier, le titre se met à pulser avec une forte ligne de basse dont les pulsations unijambistes sautillent dans un canevas musical qui peut rappeler la horde de chiens courant pour leur survie dans Antartica. Comme entrée en matière, tant au niveau des rythmes que des ambiances, Noryani fait mouche. Mi(s)tico emprunte aussi les tonalités apocalyptiques de Vangelis avec des couches de synthé qui balaient les horizons d'un regard menaçant. Peu à peu ce nuage toxique se désagrègent pour faire place à un solide rythme soutenu par de bonnes frappes de percussions. Si les ambiances sont tissées dans l'ombre des synthés dantesques de Vangelis, les mélodies sont structurées dans les fragiles notes d'un piano qui hésite entre Mike Oldfield et ce même Vangelis. Et sur Mi(s)tico, ces notes sont nerveuses et sautillent à travers un champ de percussions aux frappes par moment déroutantes. Destrucción Masiva est un titre assez percutant. L'intro est sculptée dans des souffles ambiosphériques et des tonalités organiques qui s'entrecroisent dans les écueils de percussions aux élytres métalliques statiques. Les souffles de monde perdu à la Blade Runner percent nos tympans alors que le rythme reste toujours agonisant dans son étape embryonnaire. Mais la musicalité est riche avec des ruisselets aux tonalités de prisme dont les vaguelettes ondulent sous les jérémiades de synthés annonciateurs d'apocalypse, alors que les percussions font entendre leurs frappes aléatoires au travers des filaments stroboscopiques prismatiques. Ce bouillon statique engraisse son incertitude avec de lourds bourdonnements qui tranquillement sonnent le réveil d'un rythme lourd et martelant où des chœurs insoumis entrent dans une transe hypnotique. C'est un des moments forts dans SOUTHEAST 225 qui dévie vers un passage plus doucereux avec Vientos qui est une contemplative errance cérébrale avec sa mélodie noire moulée dans des larmes d'un piano rêvassant sous une pluie métallique. Leds est construit sur le même moule que Destrucción Masiva avec sa riche intro ambiante dont les nuages ocrés se dissipent peu à peu sous les coups d'une pulsation chaotique. Des riffs se perdent dans des filets abstraits et leurs contours zootropiques, conduisant Leds vers une rythmique technoïde lourde et saccadée qui pulse d'un rapide mouvement hypnotique sous une harmonieuse aquarelle de couches aux filaments acérés. C'est un techno pour zombie mutilé qui prend de l'assurance dans son rythme à mesure qu'il progresse, s'écoutant plus qu’il ne se danse.

Pour moi, Frost (piano de la base) est le joyau de SOUTHEAST 225. L'intro est mélancolique à souhait et me rappelle un peu Guido Negraszus sur Dreams of MySPACE Vol. 1: Thanx for the Add avec ses notes de piano qui tintent dans une obscure nostalgie. Les résonnances qui lient chaque note tissent une mélodie liée par l'écho et qui serpente un long corridor sombre où gargouillent des cymbales aux tonalités de feutre argenté. Les percussions qui roulent ajoutent une touche funèbre à ce long cortège de tristesse qui s'égare dans sa folie méditative pour embrasser un genre de jazz incertain de son approche, ni de sa venue. Après une lente intro d'ambiance clanique avec des chœurs humant une ode funéraire, Caminata de Tutorial explose d'un rythme vif. L'ensemble demeure très sombre avec cette union de chœurs aux intonations graves à des couches d'un orgue noir qui dessinent un canevas méphistophélique sur un tempo grouillant de tam-tams électroniques et de pulsations organiques. Células déploie une intro imprégné de suspense avec des postillons de grésillements statiques qui arrosent une délicate approche harmonieuse dont les souffles éthérés caressent un très beau croisement de percussions et pulsations. Ces dernières palpitent d'un rythme clanique statique que des lignes de piano et des voix éthérées ensorcèlent avec un envoûtement qui fraye jusque dans nos oreilles. Below the Clouds Extreme enracine la perception d'ambigüité, tant des rythmes que des ambiances, qui règnent tout autour de SOUTHEAST 225. Le rythme est circulaire et se dessine sur un enchaînement d'ions séquencés qui virevoltent en un parfait cerceau stroboscopique, alors que de nulle part jaillit une mélodie qui étendra ses tentacules sous différentes formes pour charmer nos oreilles à travers des drones résonnants et un synthé aux siffles innocents. L'emblème mélodique de l'album refait surface sur En Proxies qui habille sa structure rythmique d'une approche noire et saccadée. Corredores-Principal conclut avec une approche plus lourde et animée que l'introduction. Ce rythme lourd, toujours arqué sur un maillage de percussions et pulsations séquencées, supporte les harmonies d'un piano dont les notes voltigent dans un beau tracé harmonique et tissent un suave ver d'oreille sur une approche imbibée de paradoxes.

SOUTHEAST 225 est tout une trouvaille. J'ai rarement entendu un album aussi riche et cohérent où les rythmes aux martèlements instinctifs et hypnotiques tonnent avec indiscipline dans un subjuguant maillage de percussions et séquences et où les mélodies s'élaborent avec richesse dans des ambiances contradictoires aussi obscures que mélancoliques. C'est un univers musical cinématographique, à la fois futuriste et clanique, où les inspirations de Vangelis et Mike Oldfield servent d'ossature à de superbes mélodies nomades qui jaillissent souvent de nulle part. Énigmatique et étonnamment musical, SOUTHEAST 225 enrichit l'envoûtement à chaque titre, invitant l'auditeur à pousser continuellement sur le bouton play.

Sylvain Lupari (27/01/13) *****

Disponible au Generator Pl

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