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  • Writer's pictureSylvain Lupari

OTARION: Prayer from the Deep (2020) (FR)

Comment survivre à un album tel que Extensive? En copiant son âme et en construisant des hymnes de E-Rock plus forts

1 Son of Amittai 9:05

2 The Order 7:01

3 The Refusal 7:30

4 Towards Jafo 8:22

5 The Flight to Tarsis 5:16

6 The Residence of Nimrod 6:52

7 The Sleeping Prophet 8:14

8 The Fall 6:28

9 Prayer from the Deep 7:57

10 Salvation from the Lord 4:01

(CD-R/DDL 70:53)

(Heavy progressive & symphonic E-rock)

Ce n'est jamais facile d'expliquer la musique de Otarion. Surtout depuis que le musicien Allemand a entrepris un surprenant virage vers le hard-rock symphonique et électronique avec son album Decide en 2017. Sa musique reste sombre et théâtrale avec un cheminement dans chaque histoire qui nous amènes vers un immense crescendo d'émotions. Suivant la fougue de Extensive, PRAYER FROM THE DEEP raconte l'histoire du prophète Jonas qui avait résisté aux ordres de Dieu. L'histoire de l'album se situe de sa désobéissance qui l'amène à son naufrage et son voyage dans la baleine jusqu'à l'éjection de son vaisseau organique trois semaines plus tard! Une suite, No time was lost, est à son état de conception et serait le prochain album de Otarion. On s'attend à entendre du rock émotif, mais ce qui surprend dans ce dernier album est cette violence restituée par des riffs secs et nerveux qui sont remplis d'émotion par une guitare du style The Edge, ainsi que les lourds riffs de la Guitartronica de Jerome Froese. Une guitare aussi dont les essences ne sont pas sans rappeler celle de Thorsten Quaeschning et son époustouflante prestation dans l'album Utopia de Bernd Kistenmacher. Et beaucoup comme dans ses précédents albums, chaque titre est conçu en mode crescendo et atteigne un niveau de violence émotive à donner des frissons. Mais trop, c'est comme pas assez!

Comme dans Son of Amittai! Venant de loin, ce premier titre est un bourdonnement qui sévit dans un quartier rurale où les claquements des sabots sont de la musique sur un sol de brique. Le bourdonnement devient une onde sonore qui ondule mollement dans un décor tonal rempli de stries écarlates qui deviendront des riffs et harmonies perçantes à la U2. Le rythme est dicté par une batterie à la Larry Mullen Junior. La musique et les ambiances se développent en un crescendo qui atteint son point d'ébullition autour des 6 minutes. Intense, Son of Amittai devient un hymne rock où U2 et Coldplay fusionnent leurs textures de guitare les plus poignantes dans le derniers tiers d'un titre qui m'a assommé dès la première écoute. On déroule les 9 autres titres de PRAYER FROM THE DEEP pour apercevoir le même motus operandi pour au moins 6 autres titres, dont The Order qui pousse avec un genre de meuglement. Le rythme qui se développe est un bon up-tempo qui verse vers du gros rock dominé par la batterie et la guitare. C'est un bon rock électronique qui au début est imposé par le synthé et ses harmonies avant que le dernier souffle chevrotant ne vire dans un gros heavy rock symphonique où The Edge semble avoir investit les studios de Rainer Klein. C'est violent, comme la colère, et ça se termine avec près de 3 minutes de réflexion spirituelle. Plus lent, dans le genre slow frotte-bedaine, The Refusal suit ce que Jonas devait penser avec un lent crescendo vers une colère du maudit après la barre des 6 minutes. Chaque titre est élaboré plus ou moins dans le même contexte, soit avec des ouvertures portées par des ambiances, des rythmes doux qui sont quasiment magnétisants et des mélodies qui souvent n'ont pas le temps de germer complètement. Ces premiers instants appartiennent aux synthés, clavier et séquenceur. Un gradation s'opère jusqu'à ce que l'électronique cède son emprise, permettant à la guitare et aux percussions, qui souvent ont déjà commencé à s'imposer, de prendre les commandes. Généralement, la musique se conclut dans un pacte avec le heavy-métal électronique. Des titres comme Towards Jafo et Salvation from the Lord échappent à cette règle en restant confortablement dans un cadre de ballade ou de panorama ambiant.

The Flight to Tarsis propose une rêverie sculptée dans les différences entre des arpèges scintillant et d'autres plus sombres, comme des séquences mélodieuses. Les harmonies sont sous la forme de riffs de guitare et infiltrent les ambiances au même moment où des percussions d'un genre tam-tam tambourinent un rythme absent. Les riffs de guitare tente de s'imposer dans une forme de solos, mais ce sont plutôt des effets hurleurs, genre Thorsten Quaeschning dans les harmonies noires de Picture Palace Music. Mais il y a de l'intensité au pouce carré dans ce titre! Les percussions déboulent plutôt vite dans le paysage d'ambiances méditatives de The Residence of Nimrod. Près de 90 secondes plus loin et bang! D'ambiant, le musique devient un gros rock entraînant. Ça surchauffe et ça explose avant de rentrer dans les rangs d'un rock gothique chthonien. Un gros titre dans PRAYER FROM THE DEEP! C'est par un jeu de cloches Tibétaines, et leurs résonnances, que s'ouvre The Sleeping Prophet. Tôt une ombre s'imprègne dans le décor, amenant un voile de tension dans une ambiance où des accords de synthé ont déjà remplacé le tintement des cloches. Une pulsation menaçante met tout son poids dans une ambiance éthérée qui est ornée d'une série de riffs de clochettes minuscules qui finit par créer un tic-tac. Veux ou veux pas, nos sens sont en mode rock et attendent cette soudaine explosion qui se laisse franchement désirer. Une explosion qui ne viendra pas, laissant une forme de crescendo de tension boire cette gradation vers une courte période rock qui termine The Sleeping Prophet. Les ambiances de The Fall lui vont à ravir. On imagine aisément une chute prise dans un tourbillon où le rythme sphéroïdal rencontre une phase méditative avant de retrouver sa lourdeur et une rage animée par les riffs d'une six-cordes électrique. Une belle mélodie rôde dans ce titre qui connait une violence égale à la série des 3 premiers titres de PRAYER FROM THE DEEP.

La tâche de succéder à un album aussi imposant que Extensive était quasiment impossible à surmonter. Alors, pourquoi ne pas faire comme dans cet excellent album de Otarion? Et ça explique PRAYER FROM THE DEEP! Comme je l'avais écrit en ouverture, la différence est ces moments de crescendo construit sur la rage des riffs de guitare. À ce niveau, il y a de très bons moments dans cet album construit autour de 10 titres qui se ressemblent un peu trop. Mais ça reste un album imposant avec ce défaut de trop, c'est comme pas assez…

Sylvain Lupari (24/11/20) *****

Disponible chez MellowJet Records

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