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  • Writer's pictureSylvain Lupari

PHARAMOND: Naturalis Historia (2018) (FR)

“Ce deuxième album de Pharamond répond à nos attentes avec une MÉ aussi bien réussie que sur Orbis Tertius et liée à un haut niveau de créativité”

1 Luminescence 18:00 2 Conference of the Birds 8:45 3 Faune 4:04 4 Biophores 17:38 5 Sequoia 11:15 SynGate CD-R SM02

(CD-r/DDL 59:44) (Berlin School)

On attendait, en fait on espérait, un nouvel de Pharamond depuis longtemps. Un des rares nouveaux venus à proposer un style unique, Sylvain Mazars avait surpris la planète MÉ en 2014 avec un étonnant album, Orbis Tertius, qui s'était attiré les éloges des critiques et des fans du genre. Inspiré par les multiples virages de Tangerine Dream dans les années 70-80, le musicien Français proposait une musique très raffinée avec un net penchant pour une approche plus progressive qui flirtait même avec le côté psychédélique des années d'or de la MÉ et/ou progressive. Tout en respectant un peu cette empreinte, NATURALIS HISTORIA prend un virage plus audacieux avec une vision qui fait la juste part entre les rythmes ambiants et les paysages sonores qui sont à la grandeur d'une autre fascinante tranche dans l'histoire de l'homme.

Luminescence débute cette audacieuse aventure musicale de Pharamond avec une structure de rythme construite sur une série de riffs qui change de peaux à mesure que les ambiances changent le décor. Des voix, j'entends du latin (?!), et des murmures s'affrontent dans un lieu nimbé par une étrange auréole tissée de matières vocables et électroniques. Un gros phare sonique émerge et fait tournoyer son faisceau de sons et d'ambiances, jetant une vision apocalyptique où s'accroche une série de riffs d'une guitare acoustique. Rythmée, cette série forge un genre de ballade enlevante qui domine des ambiances stigmatisées par des chants flûtés, des graffitis soniques et des nappes de synthé qui sont tentées de sculpter un lent staccato. Le chant du synthé fait très Tangerine Dream, période 77-80. Et les nappes de voix chthoniennes, ainsi que ces bancs de brume nébuleuse, ajoutent encore plus les influences du Dream dans l'équation de NATURALIS HISTORIA. Le rythme migre lentement vers une structure de séquences dont les vives oscillations figent une structure plus stationnaire. Le décor reste flamboyant avec des airas qui virevoltent autour de cette approche statique et des murmures de Mellotron qui injectent toujours ce parfum de mysticisme à la MÉ. Une 4ième modification se pointe en même temps que les séquences rayonnent de distorsions autour de la 11ième minute. Se détachant de sa membrane statique, Luminescence s'accroche à un mouvement plus fluide mais pas plus animé avec des ions affaiblis par des radiations sonores et qui fondent graduellement en une structure respirant comme un crapaud enragé. Nous sommes dans les dernières minutes d'un titre en mouvement et qui donne une excellente idée des 40 prochaines minutes à venir, alors que la finale éthérée est nourrie par un Mellotron tout timide et un piano pensif. Conference of the Birds débute doucement. Des chants de flûtes enchantées et des tintements de clochette meublent un boisée où perle une eau tranquille. Un peu comme une épaisse couette que l'on retire du lit, des nappes de synthé et leurs caresses de violons éveillent une faune aviaire. Ce décor paradisiaque flotte doucement jusqu'à rencontrer une ligne de séquences qui fait bondir ses ions comme seul Chris Franke savait le faire à l’époque. Les tonalités sont limpides et les cabrioles sont agiles dans cette forme de rythme circulaire ascensionnel. Un autre mouvement plus orchestral se met à zigzaguer en traçant une structure qui me rappelle Edgar Froese dans Stuntman, amenant cette route quasi symphonique vers une sorte de refuge tranquille pour cette étrange conférence pour oiseaux.

Faune est un bon rock électronique dans une structure plus éclatante au niveau sonore que le rythme qui est un mid-tempo avec son croisement entre les amples oscillations du séquenceur et de sobres percussions électroniques. C'est un bon titre sans doute inspiré par la période Exit de Tangerine Dream si on se fie aux nombreux pastiches sonores qui éclatent et pétillent de partout. Court et succulent! Un peu comme Luminescence, Biophores est un autre bijou avec une structure évolutive remplie d'effets d'ambiances et de permutations dans ses horizons rythmiques. Ses 5 premières minutes proposent une approche de rythme ambiant avec un maillage de basses séquences qui bondissent sourdement dans des harmonies très acuités d'un synthé en mode Edgar Froese. D'ailleurs les larges boucles oscillatrices qui roucoulent comme dans une opéra d'ondes Martenot ont les côtés un peu moins polis que dans Conference of the Birds. Les nappes de brumes et les bruits électroniques ajoutent à ce décor qui prend une tournure plus théâtral à la Let the Night Last Forever de Walter Christian Rothe. Une pluie torrentielle de séquences en verre s'abat sur ces ambiances un peu avant la 8ième minute, sculptant une approche très Peter Baumann qui fonce tout droit dans les parfums de Logos. Après ces 18 minutes très exploratrices, Sequoia termine ce deuxième opus de Pharamond sur une note plus ambiante où des bruits organiques ronronnent avec des nappes de synthé plus discrètes que celles avançant comme un tapis de brouillard blanc sur une forêt qui éclate de ses viscérales secrets.

Pharamond ne pouvait avoir une meilleure réponse que ce NATURALIS HISTORIA devant le questionnement général suivant l'accueil d'Orbis Tertius.

Était-ce un accident de parcours? Un feu de paille? La réponse est non! ! Ce deuxième album de Pharamond répond à nos attentes, quelque peu oubliées dans ces 4 ans de silence faut dire, avec une MÉ aussi bien fignolée et ficelée dans un haut niveau de créativité. C'est de la grande MÉ et un excellent album qui transcende le genre habituel tout en étant plutôt accessible dans ses métamorphoses.

Sylvain Lupari (29/06/18) *****

Disponible au SynGate Bandcamp

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