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  • Writer's pictureSylvain Lupari

PICTURE PALACE MUSIC: Remnants (2013) (FR)

Remnants est une merveilleuse odyssée musicale où cette dualité entre les rythmes et ses atmosphères engendre tant de délicatesse que tant de fureur

1 Portal Touch Stone Overture 3:41

2 Neolithic Spring Water Fall 2:18

3 Circular Earth Banking Security 1:15

4 The Rising Dolmen 2:38

5 The Gretchen Tragedy 4:41

6 Night Initiation 5:08

7 Farewell Moon and New Suns 6:24

8 Moon Dial 14:31

9 Blue Hour Glass 10:40

10 Giant's Dance on Air 4:46

11 Walking the Burial Mounds 4:25

(CD/DDL 60:27)

(Art Rock, EM, Berlin School)

J'ai toujours cru que l'approche artistique de Thorsten Quaeschning avait déteint sur Tangerine Dream, notamment dans la série Sonic Poeme Series. Et aussi étrangement que fabuleusement, c'est à un genre de retour d'ascendeur que nous assistons avec le dernier album de Picture Palace Music qui s'abreuve littéralement des nébuleuses toiles ambiosphériques et rythmiques d'un Tangerine Dream au sommet de son mysticisme. REMNANTS est la dernière audacieuse aventure du groupe de Thorsten Quaeschning. Audacieuse, car la gang a Q doit mettre en musique une fascinante odyssée visuelle sur l'histoire de l'ascension et la chute de la civilisation néolithique de la Grande-Bretagne, telle que mise en image par le cinéaste Grant Wakefield. Voguant sur une lente structure où les 11 titres s'embringuent en une longue symphonie aux arômes autant gothiques que druidismes de 60 minutes qui incubent ses rythmes et ses atmosphères dans un écrin bouillonnant constamment d'émotions noires, REMNANTS offre tout la magnificence d'un groupe qui est superbement à l'aise dans des mandats qui fuient la facilité.

C'est avec un silence qui gronde que Portal Touch Stone Overture perce le néant vierge du dernier skeud de PPM. Des voix éthérées y flottent, de même que d'ondoyantes lignes de synthé qui font le pont entre les ambiances vaporeuses d'une introduction noire et une fine ligne de séquences qui fait sautiller ses ions dans leurs ombres, piétinant sur un sombre rythme statique, délicatement saccadé, que des brises de flûtes en verre et des chœurs absents caressent de leurs charmes méphistophéliques. Subtilement, le rythme transite de sa délicate démarche saccadée vers des vaguelettes de prismes séquencés qui clapotent dans la douceur morphique de Neolithic Spring Water Fall. La mise en scène musicale est songée. Et déjà on sent le niveau d'émotivité monter d'un cran. Des riffs de clavier à la TD tombent et étendent leurs résonances Vangelisque qui cristallisent des harmonies fantômes rôdant comme des esprits perdus. Le rythme, tantôt absent et tantôt discret, se pointe le bout des séquences avec de noires oscillations qui plongent REMNANTS dans sa première phase de délire avec le bref Circular Earth Banking Security où l'on entend d'étranges murmures percutés les remparts de lourdes séquences qui virevoltent dans de denses nappes brumeuses. Des souvenirs du névrosé Curicculum Vitae 1 alimentent notre désir d'aller plus loin. Et bang! On tombe dans un univers de rythmes statiques à la Gert Emmens avec The Rising Dolmen. Le rythme est aussi lugubre que lourd. Il flotte avec des oscillations assez musicales dans des filets des séquences qui papillonnent comme des dizaines de lucioles trappées dans un petit bocal pour six alors que les chants et les solos des synthés sont aussi suaves que ces longues poésies cosmiques du barde Hollandais. Les transitions entre chaque titre est la force de cet album qui écoule ses 60 minutes comme une seule longue piste. Ainsi le clapotis des séquences revient bercer les tendres rêveries de The Gretchen Tragedy et de sa flûte qui chante comme une âme en peine sur un scintillant ruisselet de séquences. Night Initiation est le point de rencontre entre les deux parties de cet album. C'est un intermède d'ambiances avec des voix éthérées qui chantonnent dans des vents prismiques, un peu comme une sombre messe des vents et des voix soufflant dans une plaine trouée de dolmens.

Les fragiles structures de Neolithic Spring Water Fall reviennent hanter le très méditatif Farewell Moon and New Suns qui libère un serpent de séquences dont les ions sautillent avec limpidité sous un dense voile de brume ocrée. Des percussions éparses soutiennent les oscillations du serpent charmeur de rythmes alors que tout doucement la mélodie contemplative fait son œuvre en conquérant notre ouïe. Bien qu'ambiante, la structure de Farewell Moon and New Suns est saisissante avec son intense manteau de mysticisme où les vents chantent avec les elfes de la nuit. Et on entre dans la sublimité avec le lourd rythme pulsatoire de Moon Dial. Encore une fois, le mouvement des séquences stationnaires est aussi séduisant que les rythmes lunaires de Gert Emmens. Sauf que la folie PPM entoure ces séquences qui crachent la noirceur avec des bruissements paranoïaques et des filets de voix éthérées. Le mouvement négocie subtilement la redondance avec une fine modulation rythmique qui fait tournoyer Moon Dial alors que d'autres séquences papillonnent et détourne le rythme vers une latente implosion où hurleront des solos de synthé très vindicatifs et des solos de guitares rebelles. La bataille rythmique s'intensifie et Moon Dial embrase une phase de rock progressif électronique où la structure des séquences, les percussions électroniques et les morsures de guitares me rappellent la fureur de Tangerine Dream dans Near Dark. Du bonbon pour les oreilles! C'est dans l'essoufflement des tumultes que les premiers accords de piano allument la mélancolie de Blue Hour Glass. Ces notes dansent dans une étrange chorégraphie harmonique érodée par des trémolos, alors que d'autres notes plus évasives et plus mélodieuses me donnent le goût de réécouter le splendide et démoniaque Añoranza. C'est noir et mélancolique tout en étant aussi beau qu'intrigant. Giant's Dance on Air tranche les vapeurs de sérénité avec des riffs qui échouent sur des trépignements de séquences piaffant de désordre et d'une envie de secouer les ambiances nitescences de Blue Hour Glass. Ces séquences forgent les structures d'un rythme lascif qui tournoie dans des vaguelettes de prismes statiques et des spirales d'émotivité où voix et arrangements brodent une intense toile dramatique et où l'intensité explose avec de solides percussions qui amènent REMNANTS à son climax rythmique. Et Walking the Burial Mounds de clore cette dernière œuvre de Picture Palace Music avec des vents et des voix qui flottent tels les vestiges fantômes d'une civilisation qui a embraser tant d'histoires.

Quand les images prennent les formes de la musique, cela donne Picture Palace Music. Cela donne REMNANTS; une superbe odyssée musicale où cette dualité entre les rythmes et ses atmosphères engendre autant de délicatesse que de fureur et où la poésie ainsi que la prose dramatique de PPM servent de toile de fond à un film qui se déroule autant devant nos yeux que dans notre tête. Et honnêtement; quoi de mieux que la musique très théâtrale (souvenez-vous du superbe Natatorium) de Picture Palace Music afin de mieux mettre en dialogue cérébrale les images de Grant Wakefield? Très bon. Du très grand Picture Palace Music, poétique et théâtrale qui revisite ses propres racines.

Sylvain Lupari (18/12/13) ****½*

Disponible chez Groove NL

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