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  • Writer's pictureSylvain Lupari

THORSTEN QUAESCHNING: Cargo (OST) 2018 (FR)

“Cargo est structuré comme un album qui n'a pas de lien avec ce qu'on entend habituellement dans l'univers des bandes-sonores”

1 Chain Initiation 6:37

2 Light Reading Lamp 3:52

3 Spotlight Effect 5:34

4 Liquid Funds Transfer 5:21

5 Isolation Fault 4:19

6 Outside A Musical Box 2:49

7 Wanderbaustelle 16:09

8 Mass Market Claustrophobia 3:21

9 Aggravated Circumstances 4:54

10 New Insight 1:40

11 The End is not Far Enough1:19

12 Cargo Main Theme 1:32

13 Trade Mark Activation 2:02

14 Tom's Theme 1:44

15 Modulated Pulse Commands 2:44

16 Beating the Container Drums 2:07

(CD 66:09)

(Berlin School, theatral e-rock)

Je crois que c'est lorsqu'un artiste prend un engagement en solo que l'on peut réellement connaître sa propre vision, son âme musicale. Et celle de Thorsten Quaeschning est véritablement celle de Tangerine Dream!... Mais aussi de Picture Palace Music. Cela faisant, l'héritier de Edgar Froese a composé une bande sonore aussi surprenante qu'énormément délicieuse qui sied à merveille avec les ambiances d'un film qui raconte la mésaventure d'un homme isolé dans un container à et ses ravisseurs lui demandent d'amasser une rançon de 10 000 000 en 24 heures s'il veut sortir vivant de sa prison. CARGO (Original Motion Picture Soundtrack) m'a littéralement soufflé tant la créativité de Mister Q déborde dans un contexte où la musique de film n'a jamais été si loin que d'un véritable album studio.

C'est dans le mystère des nuits noires sur le bord d'un océan que les ambiances de Chain Initiation s'emparent de nos oreilles. La fumée stationnaire bleue, les sinueuses ondes de réverbérations, les cercles giratoires qui vont et viennent et cette ligne de séquences qui pulse comme si un décollage est imminent forgent une introduction lourde de secret. C'est finalement une ligne mélodieuse façonnée par une ritournelle d'arpèges tournoyant et zigzagant dans une parfaite symbiose qui éclot. Mélodieux, Chain Initiation sautille dans ses allures de rock mou structuré par un séquenceur qui est tenté d'exploiter sa ligne de rythme comme Chris Franke savait si bien le faire tout en créant une sorte d'excitation qui équivaut à un coït interrompu. On sent que CARGO répondra à nos expectatives! Surtout que Light Reading Lamp se glisse comme ces mélodies de Picture Palace Music qui sont remplies d'une mélancolie tissée dans les pénombres. Nous ne sommes pas loin de la musique de Stranger Things ici. CARGO décolle littéralement avec le rock industriel électronique de Spotlight Effect qui est rempli de résonances et est d'une lourdeur gorgée d'ondes ectoplasmiques à faire fuir les anges. Les lignes de batterie et du séquenceur ici tissent une structure à la fois lourde et nerveuse mais soutenue qui nous fait rouler du cou. On décèle ici ces lignes de riffs qui semblent éternels et qui sont noyés dans une ingénieuse structure de rythme aussi saccadée qu'une course entre batterie et séquenceur peut le permettre. Efficace et dynamique, c'est l'union parfaite entre les deux projets de Thorsten Quaeschning. Liquid Funds Transfer suit tout de suite avec un séquenceur assez lourd qui fait résonner un accord dans une brume métallisée. Le rythme qu'il forge est un pas lourdaud et incertain. Mais il sert de base à une belle mélodie tissée dans un ruisselet d'arpèges scintillant qui ondoie tout autour de nous. Encore ici, l'impression d'être dans un univers musical sans attache cinématographique est très présente, même avec la vision plutôt nostalgique de la musique qui rejoint les ambiances du très beau Light Reading Lamp. Isolation Fault nous ramènes dans l'esprit claustrophobe du film, où un homme est enfermé dans un container, avec une musique atmosphérique tissée sur des bips oscillatoires et des ondes hertziennes qui voyagent entre des accords de claviers, ou de guitare, et qui flottent tout en étant bien espacés. Des effets de twists réverbérant ajoutent à la profondeur des ambiances qui continuellement engraisse sa portée avec des effets plus lourds et un séquenceur dont les accords tombent avec la netteté d'un couteau sur une salade inerte. On se dirige ainsi vers le court et atmosphérique Outside A Musical Box.

Pour les besoins du pressage vinyle, Wanderbaustelle se détache des ambiances de Outside A Musical Box afin d'offrir un superbe Berlin School racé qui trempe entre les univers de Sorcerer, pour l'approche mélodieuse et Near Dark, pour les ambiances mortuaires, tout en faisant un petit clin d'œil à The Keep, surtout au niveau frénésie spasmodique du séquenceur. Conforme aux approches de rythmes débridés mais stationnaires de Picture Palace Music, la musique évolue comme une spirale ascendante et s'appuie bien sur un séquenceur dont les accords vifs et saccadés tissent un rythme pulsatoire. Des nappes vampiriques hurlant en sourdine et une pléthore d'effets sonores digne de cet étrange film de James Dylan où la peur et le désespoir transpire de chacune des pores de son acteur Ron Thompson se greffent à ce titre-phare dont l'approche théâtrale de PPM est très omniprésente. Un superbe titre que l'on regrette après 16:09! Mass Market Claustrophobia est aussi étrange que son titre. Une courte phase ambiosphérique qui sépare le fougueux Wanderbaustelle du tonitruant Aggravated Circumstances, un rock électronique industriel rempli de ces ambiances de spectres à l'agonie du répertoire de PPM. Les riffs de guitares ne finissent plus de débouler dans cette structure où la batterie impose sa loi sur une vision plus fluide du séquenceur. Les 3 prochains titres se suivent avec une approche orchestrale sinistre avant que Trade Mark Activation ne désamorce cette relative tranquillité avec un séquenceur en furie. La version CD offre trois titres supplémentaires, et Tom's Theme est aussi efficace dans ces ambiances sombres qui valent les courts titres de Near Dark. Modulated Pulse Commands et Beating the Container Drums s'unissent afin d'offrir un titre très intense qui plonge à fond dans les ambiances les plus lucifériennes de Picture Palace Music, groupe de Thorsten Quaeschning qui complémente à merveille sa créativité dans Tangerine Dream.

Plus qu'une bande-sonore, CARGO est structuré comme un album qui n'a pas de lien avec ce qu'on entend habituellement dans l'univers des bandes-sonores. Mister Q a rivalisé d'audace en créant 2 longues mosaïques de musique d'ambiances qui vont très bien avec ce thriller efficace tout en plongeant directement dans les univers de Tangerine Dream et Picture Palace Music. Il y a peu, j'en ai pas trouvé, de ces moments de musique sans âme dont le but est de remplir des oreilles connectées à des yeux qui trouvent certains moments longs. Donc, CARGO est plus un album de Tangerine Dream et Picture Palace Music qu'une musique de film. Je vous le recommande fortement!

Sylvain Lupari (01/08/19) ****½*

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