“Way Out est un bel album de Chill, de rythmes doux et décontractés où Polaris a parfumé ses rythmes de Berlin School”
1 Entrance 3:56 2 White Horizon 8:03 3 Unstoppable 9:33 4 Stained Glass 7:58 5 Maps, DNA and Spam 5:00 6 Three Suns 6:32 7 Way Out 7:07 8 Taklamakan 7:40 Polaris Music
(CD 55:53) (VF) (Modern synth-pop and Berlin School IDM)
Ça faisait un bail qu'on avait entendu parler de Polaris et de son pourvoyeur sonique Jakub Kmiec. Celui qui avait littéralement surpris la planète MÉ avec l'étonnant Collision, paru en 2011 et issu d'une mémorable soirée d'improvisation musicale avec son compatriote Krzysztof Horn, revient avec une suite logique à son Background Stories, son véritable dernier album studio réalisé en 2008. Si WAY OUT est une nouveauté, les titres qui gonflent ses rythmes d'une doucereuse approche de synth-pop fondu dans une IDM plutôt morphique ont tous été composés entre 2009 et 2013. Des titres qui tirent aussi vers un genre d'Électronica avec des influences de Jean-Michel Jarre et Spyra qui se font entendre dans des approches où les séquences, percussions et pulsations sont les seuls tributaires des rythmes, alors que les synthés subdivisent leurs tâches en s'occupant du volet harmonies qui sont aussi diversifiées qu'attrayantes et entraînantes avec des nuances assez avant-gardistes.
Entrance met la table avec son rythme aussi lourd que sec. Des arpèges isolés crachent des résonnances rythmiques avec des ions qui stagnent dans des ambiances nourries par un synthé aux couches de brume. Un synthé aromatisé aux fragrances de la bonne vieille Berlin School et dont les ambiances, aussi harmonieuses qu'évasives, sont rajeunies par des parfums plus contemporains. De lourdes réverbérations ronflent en même temps que les percussions tombent. Et le rythme de Entrance intensifie sa présence et diversifie sa course entre un up-tempo nerveux, un genre de break-beat, avec des saccades et des bourrasques, ainsi qu'un synth-pop mélodieux avec un synthé qui évapore constamment ses harmonies contagieuses. Le ton est donné! Polaris mettra dans nos oreilles une palette de rythmes qui grouillent et fourmillent nerveusement à l'intérieur de leurs nuances. L'enveloppe électronique et ses ombres ambiantes restent très présentes. D'ailleurs c'est avec cette approche que White Horizon se loge dans nos oreilles. L'intro est relaxante avec des lignes de synthé qui flottent dans des tons de cosmos sur des spirales de séquences, des arpèges rêveurs et des échos de percussions métalliques. Peu à peu les percussions palpitent dans une forme d'approche clanique alors que White Horizon réfugie ses harmonies dans un mélange de lounge et de Chill-out assez relaxe avec des pulsations sourdes qui résonnent et palpitent sous une nuée d'étoiles soniques filantes. Unstoppable suit avec une aussi longue structure où le rythme grenouille de ses phases instables. Doux et mélodieux, notamment avec des harmonies de synthé qui roucoulent en boucles comme des chants de rossignols lunaires aussi juvéniles que très harmonieux, il pétille et grelotte dans des cliquetis et frappes de percussions métalliques très Jarre avant de fondre dans des filaments stroboscopiques aux contours argentés. C'est jamais violent et c'est un électronique très Berliner avec de très beaux solos de synthé. Les chants de synthé vous interpellent? Vous aimez ces boucles rotatives qui marivaudent dans des couleurs de sérénité? Ils combleront vos désirs avec le tendre et nostalgique Stained Glass. Le rythme est doux. Un mélange de down-tempo et de IDM à la Bowie sur Let's Dance truffé de serpentins stroboscopiques qui s'entrelacent dans de sourdes pulsations dont les résonances magnétiques émiettent des armoiries électroniques ambiantes. Maps, DNA and Spam est dans le même genre. Three Suns est le titre qui se démarque le plus dans cette collection de doux Électronica. L'introduction respire de ces tonalités intergalactiques qui faisaient écarquiller les oreilles au début des années 70. En fait, on dirait un mélange de Kraftwerk, pour les ondes radioactives, et Software, pour l'approche cosmique. La structure de rythme s'installe avec des cliquetis métalliques qui picorent deux lignes de séquences percussionnées dont le débit militarisé de l'une rappelle les douces folies créatives de Richard Pinhas dans son sublime East-West. Les percussions qui frappent une cadence molle cadenasse une approche ambiante assujettie par de lentes nappes de synthé parfumées de noir. Quoique boitillant plus que sautillant, ce rythme reste très fascinant avec une pléiade d'éléments qui s'entrelacent afin de créer un canevas aussi imaginatif que ces séquences qui halètent et suffoquent dans d'enveloppants bancs de brouillard cosmique. La pièce-titre s'aliment aussi de ces percussions/séquences un brin organiques qui ornaient un peu la structure de Three Suns. C'est un beau down-tempo lascif qui exploite un peu une approche psybient, alors que Taklamakan est plus incisif, plus danse avec un débit saccadé par des lignes argentées.
WAY OUT est un bel album de Chill, ou à la limite de down-tempo, parfumés dans des ambiances assez Berlin School. C'est un album sans prétentions qui coulent avec toutes la richesse de ses harmonies. Si les structures restent sobres, elles attirent néanmoins ce goût de danses ambiantes, lunaires. Jakub Kmiec tenait absolument à présenter WAY OUT en format CD manufacturé qu'il présente aussi avec un beau livret. Une initiative endossée par le label Ricochet Dream qui se veut un salut, une forme de reconnaissance à ces fans de MÉ qui se soucient vraiment de la conception physique de la musique.
Sylvain Lupari (06/01/2015) ***½**
Disponible au Polaris Bandcamp
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