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Writer's pictureSylvain Lupari

POLLARD DANIEL BOOTH: Vol. Two (10) (FR)

C'est un excellent Berlin School Revival avec une superbe richesse musicale

1 Hampshire I 17:22

2 Hampshire II 20:05

3 Hampshire III 16:00

4 Hampshire IV 8:23

5 Hampshire V 11:34

(DDL 73:24)

(Classic Berlin School)

Imaginons des synthés, autant de Mellotrons, des séquenceurs et une guitare aussi fumante que cosmique. Prenons un autre synthé qui colmate les rares trous tout en noyant les introductions et les finales d'ingénieux effets sonores aux teintes analogues. On obtient alors une immense muraille de sonorités électroniques qui valsent, ondulent, flottent et dérivent dans un univers cosmique où les rythmes aléatoires et subdivisés s'enroulent dans d'épais nuages de synthés symphoniques et d'un mellotrons céleste. C'est ce à quoi ont eu droit les spectateurs présents lors du 8ième Hampshire Jam qui se tenait le 31Octobre 2009. Pour cette occasion le trio Pollard Daniel Booth était accompagné de Jerome Ramsay (acolyte de Brendan Pollard au sein de Rogue Element) ainsi que de Ruud Heij et Marcel Engels de Free System Project. Il en a résulté en une immense immersion musicale dans un monde électronique riche et dense qui respire les fragrances de Tangerine Dream, période Ricochet à Encore.

Hampshire I ouvre ce concert avec des effets sonores qui bourdonnent, comme des ailes de libellules, dans une mare cosmique imbibée d'effets sonores des années vintages. Un clavier solitaire échappe des notes qui gravitent en suspension. Des notes qui croisent un Mellotron flûté et des chœurs de moines médiévaux. Tout doucement, Hampshire I laisse découvrir sa faune sonore qui dort sous un épais manteau mellotronné et s'anime peu à peu sur une séquence aux accords fébriles. Le séquenceur adopte un rythme frétillant et sautillant qui épouse un linéaire mouvement en cascade enveloppé d'un mellotron aux superbes flûtes de sarbacanes enrhumées, aux chœurs monastiques et à la brume mystique qui filtre ses enivrants effets sonores d'un lointain univers analogue. Ce mouvement du séquenceur se transforme en percutant une bonne ligne de basse, emportant le titre dans un lourd tourbillon de séquences oscillantes qui gigotent sous les langoureux et incisifs solos de guitare de Michael Daniel. Ces solos survolent une tempête rythmique inondée de synthés qui crachent des solos symphoniques, spectrales et torsadés sur une course rythmique qui termine son parcours sur des accords de claviers qui doucement s'effacent pour faire place à une finale morphique. Hampshire II offre une splendide intro onirique où les mellotrons dessinent de splendides auras cosmiques. Cette aube électronique encore étoilée de bons effets sonores pave la voie à une approche du séquenceur qui subdivise son rythme sous les complaintes de synthés aux souffles ocrés. Un superbe rythme lourd et agressif dont les accords virevoltent avec force et constance sous la guitare mordante de Michael Daniel. Les synthés bouillonnent de solos apocalyptiques et ondulants qui traversent un univers synthétisé bariolé de lourdes réverbérations et de stries psychédéliques.

Après une introduction de tonalités variées où le monde des ténèbres s'ouvre sous nos pieds et dans nos oreilles, Hampshire III offre un percutant mouvement séquencé qui déchire ce voile introductif aux multiples étrangetés sonores. Une séquence lourde qui ondule avec force, frayant parmi une muraille de synthés et mellotrons dont les solos et les flûtes enchantées étalent une brumeuse mystique qui ne parvient pas à en étouffer la férocité d'un mouvement qui gravite et serpente avec la force de son approche cadencée. Hampshire III se termine dans le tumulte qui lui donnait vie. Une superbe façon de conclure une performance musicale magique et digne du personnel en place. Hampshire IV est le premier rappel. Un rappel qui débute férocement, avec une séquence lourde qui se meut en un puissant mouvement de cascade, entouré de superbes flûtes mellotronnées et de synthés aux strates imbibées de brumes. Frénétique et grouillant d'une intense activité rythmique, Hampshire IV tourbillonne dans une mer de mellotrons aux lourdes nappes enveloppantes que la guitare de Daniel arrive à pénétrer, tout comme les superbes solos de synthés. Un gros titre lourd qui fera les délices des fans de Tangerine Dream mais aussi de Redshift. Hampshire V s'introduit avec une approche délicieusement psychédélique où une panoplie d'effets sonores hétéroclites gravite autour d'une structure introductive sans battement, comme dans les années psychédéliques du Dream. Une lourde séquence résonnante perce cette toile vintage. Un assaut rythmique contenu par une muraille de synthés et mellotrons riches en essences cosmiques. Le séquenceur diminue peu à peu son intensité pour offrir un rythme fragmenté qui infiltre finalement ce torrent de souffles synthétisés et mellotronnés dont les effets analogues engloutissent ce rythme qui peu à peu s'effrite dans ce torrent où l'électronique épouse le cosmique.

Comme dans les belles années du Dream, POLLARD DANIEL BOOTH Vol. 2 est aussi magique que tout simplement divin. Ce concert au Hampshire Jam 8 est un excellent Berlin School Revival empreint d'une superbe richesse musicale où les rythmes et harmonies sont prisonniers de splendides Mellotrons aux strates ouatées et oniriques. Un splendide album. Le meilleur de la cuvée 2010 en matière de Berlin School rétro.

Sylvain Lupari (08/10/10) ****½*

Disponible au Pollard Daniel Booth Bandcamp

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