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  • Writer's pictureSylvain Lupari

['ramp] Arp-en-Ciel (2023) (FR)

Il y a des choses qui ne changent jamais dans le merveilleux univers de la MÉ et ['ramp] est une d'elles

1 Weerlicht 10:57

2 Arp-en-Ciel 20:59

3 Summer of 88 12:36

4 Chunky Cookies Carpet Ride 1 7:45

5 Chunky Cookies Carpet Ride 2 7:39

6 Chunky Cookies Carpet Ride 3 14:58

(CD/DDL 74:54)

(Ambient, Berlin School)

Il y a des choses qui ne changent pas dans le merveilleux univers de la musique électronique (MÉ) et ['ramp], sans Lambert Ringlage et Frank Makowski, est une d'entre elles. Pour Stephen Parsick, ARP-EN-CIEL est son album le plus actuel. Bien que la seconde moitié de l'album, la section Chunky Cookies Carpet Ride, date du début des années 2000, la majorité de la musique de la 1ière partie de ce nouvel album a été conçue au début 2022. C'était juste avant le décès de Klaus Schulze. La musique étant fortement influencée par les années vintage de ce dernier, la sortie de ARP-EN-CIEL a été retardé d'une année parce que Parsick ne voulait pas utiliser la disparition de Schulze comme véhicule pour promouvoir sa propre musique. C'est donc Happy Days are Here to Stay qui est sorti à sa place. Le titre de l'album est un jeu de mot avec arc-en-ciel puisque le musicien-synthésiste de Moers en Allemagne a principalement utilisé des synthétiseurs Arp, et leurs dégradés d'accords minimalistes très simples, pour les 45 premières minutes de ARP-EN-CIEL.

Des effets de synthé scintillent sur des clapotis de vagues. Lointaine, une onde de synthé flotte et s'installe sur l'ouverture du tranquille Weerlicht, rappelant l'univers de sérénité qui meublait la musique de Klaus Schulze autour de années 74 à 77. Cette onde s'élève comme une ombre sibylline, caressant ces scintillements et des froissements qui ajoutent une touche ésotérique au premier chapitre musical de ARP-EN-CIEL. Accentuant de plus en plus son emprise émotionnelle, elle procure des frissons lorsqu'elle se transforme en une ode cantique poussée par la présence du mellotron. Les modulations, l'accentuation et les ombres plus sombres de ce chant électronique propulsent les ambiances de Weerlicht au même niveau que la glorieuse époque de la MÉ vintage. Ces moments se versent dans l'ouverture de la très longue pièce-titre qui les aspire sur une distance de 90 secondes avant que Stephen Parsick active sa première unité de rythme avec des accords cadencés qui sautillent dans l'ombre de l'une et de l'autre. Ces arpèges séquencés sautillent dans un effet de saute-moutons jusqu'à ce qu'une série de basse-pulsations structure un rythme électronique plus soutenu qui s'apparente à celui que Jean-Michel Jarre innovait dans son univers cosmique. Par la suite, ['ramp] insère une ligne d'arpèges qui sautille plus nerveusement, des modulations à la série de basse-pulsations et quelques effets électroniques plutôt discrets afin d'approfondir la texture tant atmosphérique que rythmique de Arp-en-Ciel. Des solos de synthé, tous aussi discrets, et des torsades de réverbérations, semblables à des drones irradiants, se greffent tranquillement, créant un savoureux mélange entre les univers de ces 2 pionniers de la MÉ. Stephen maintient la cadence de ce très bon rock électronique à essence cosmique sur une distance de plus de 15 minutes où le titre évolue avec une grâce rythmique qui monopolise notre attention. La finale de Arp-en-Ciel s'enveloppe finalement des ambiances de Weerlicht pour initier Summer of 88, période où Parsick fut inspiré par les structures atmosphériques et improvisées de Klaus Schulze des années 74-77. Les modulations dans les chants du mellotron, ces nappes d'orgue aux tonalités du mirifique Farfisa et ces éléments créateurs d'ambiances nébuleuses nous ramène à ces années d'or de la MÉ.

La 2ième partie de ARP-EN-CIEL s'active autour de la trilogie de Chunky Cookies Carpet Ride qui prend ses racines dans des enregistrements datant d'avril 2000 lorsque Klaus Hoffmann Hoock (Cosmic Hoffmann) a rendu visite à Stephen Parsick. Les 2 amis avaient passé une belle matinée à se promener dans une forêt brumeuse. Et les deux avaient la tête toute aussi brumeuse que l'atmosphère matinale de l'époque. Une session d'enregistrement subséquente dans le studio de Cosmic Hoffmann allait cimenter les ambiances de cette musique que Parsick allait redécouvrir par accident des années plus tard. Il a remodelé ces sessions afin de leur donner une texture atmosphérique qui s'apparente à l'univers mantrique de Klaus Hoffmann-Hoock. Et c'est dans cet excès de sérénité, propre aux premiers albums de Mind Over Matter, que se déroule les 2 premiers actes de Chunky Cookies Carpet Ride. Sauf que des claquements, on dirait des coups de sabots dansant la claquette sur du bitume, et des grondements éveillent les derniers moments de Chunky Cookies Carpet Ride 2. C'est le signal pour que la trilogie s'éveille finalement à une structure de rythme aussi frénétique qu'espérée. Une série d'arpèges y sautillent en structurant de vives oscillations. Ces boucles s'agrippent à une spirale de 3 accords séquencés qui montent et descendent dans une structure de Berlin School vivante et entrainante. Une structure tamisée par des ondes et des ombres volantes d'un mellotron aux inspirations de Cosmic Hoffmann. Les oscillations vont et viennent, structurant le vol d'un hélicoptère de chasse, sur ce débit de rock électronique enflammé qui peu à peu les perd d'oreille. La série des 3 séquences étirent par moments leurs écarts, ralentissant la vélocité de Chunky Cookies Carpet Ride 3 qui s'emmure dans des textures de voix sibyllines jusque dans une finale où le rythme palpite de moins en moins, laissant ainsi l'empreinte de Klaus Hoffmann-Hoock bien vivante dans nos oreilles.

Revenant à la base de ['ramp], il faut aussi entendre le bouillant Last Exit Barbarossaplatz d'un album fait en collaboration de Bernhard Wöstheinrich, Ultima Ratio en avril 2022, Stephen Parsick prouve que les charmes de la MÉ de style Berlin School ne résident pas toujours dans la complexité la plus totale. ARP-EN-CIEL en est un exemple éloquent. Un très bel album qui surfe sur les mémoires musicales de 2 icones de la MÉ des années 70 et plus, avec une légère essence des odes cosmiques de J-M Jarre. Que peut-on espérer de plus? Sinon les réincarnations de Schulze, Hoffmann-Hoock et Edgar Froese pour qui le mellotron n'avait aussi aucun secret. L'album est offert en CD manufacturé ainsi qu'en format téléchargeable via le site Bandcamp de ['ramp].

Sylvain Lupari (13/05/23) ****½*

Disponible au ['ramp] Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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