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  • Writer's pictureSylvain Lupari

RENE VAN DER WOUDEN: Cinnamon Horizons (2020) (FR)

C'est un solide album bien pensé avec une MÉ conçue dans les sons et les univers de TD mais sans être du TD

1 Dreamlines 6:58

2 Metaphor 11:04

3 Circle's Motion 10:13

4 Cinnamon Horizons 20:40

(CD-R/DDL 48:56)

(Berlin School, Progressive EM)

Il n'y a pas à dire, c'est l’éveil de René van der Wouden depuis cet été, je dirais même depuis le confinement de 2019. Son site Bandcamp est mise à jour régulièrement avec des nouveautés inspirées par ses influences ou par les demandes de son public ou avec des œuvres originales. Et vous avez deviné qu'avec un titre semblable, CINNAMON HORIZONS est largement influencé par Tangerine Dream. Et REWO ne s'en cache pas en écrivant sur son site que c'est sans doute l'album le plus Tangerine Dream qu'il a fait, et il s'est bien amusé à le faire. Mais (il y a toujours un foutu mais dans un texte) il ne faut pas s'attendre à entendre du TD. René vise plus haut en composant un album avec un son Tangerine Dream, de l'époque Johannes Schmoelling.

Une grande main balaie les horizons sonores en laissant tomber des poussières d'accords et de nappes synthétisées dans l'ouverture de Dreamlines. Une ligne de basses pulsations se met à faire vibrer haut-parleurs comme écouteurs avec un mouvement fluide. Les bonds gambadent dans une onde irisée où flânent encore quelques poussières à la recherche d'une ossature rythmique, comme harmonique. Les wooshh et les waashh se couchent sous ces séries de 5 séquences qui vont et viennent tout en s'acoquinant avec les cliquetis de cymbales. Cliquetis égalent percussions qui viennent épauler ce rythme minimaliste tout en lui donnant un second souffle et plus de punch afin d'animer ce Dreamlines pour un bon et sobre rock électronique. Suivant une structure bien définie, la musique accueille des accords de clavier, croustillant de réverbérations, et finalement un synthétiseur qui se met en mode jeu d'arcade des années 80. Un beau petit titre tout mignon qu'on ne peut pas aimer. La suite est plutôt différente…

Metaphor est plus du genre Klaus Schulze avec un rythme plus fluide qui escarpe continuellement le Mont Berlin School. Un bourdonnement vocal et des fredonnements astraux constituent son introduction. Des bruits électroniques se cachant derrière une onde synthétisée qui monte et monte de sa tonalité écarlate, fait un premier rapprochement avec l'univers de KS. Cette onde devient le chœur de cette ouverture avec une force acuité qui peut nous faire monter jusqu'au plafond de notre imagination. Le séquenceur se met en marche un peu avant la 4ième minute. Ses ions peinent à monter, tellement qu'ils éclatent de rougeur radiante au début, pour finalement gambader innocemment dans un pré céleste où valsent des orchestrations conçues dans une brume mystique. Plus Metaphor progresse et plus les séquences prennent une teinte de feux-follets radioactifs jusqu'au point des 8 minutes où ils deviennent des éléments rythmiques morcelés. Cette horde, se bousculant dans un contexte d'effet de convoyeur allant trop rapidement, injecte un mouvement sautillant fluide et plus musicale avec une tonalité plus limpide. Et changeant subtilement le tracé rythmique, Metaphor se laisse porter dans une finale plus intense et dramatique. Un vrai bon titre qui commande un peu de patience et d'amour! Mais si on est fan de Klaus Schulze, on aime dès la première écoute. Ça devient toujours un peu plus difficile d'apprivoiser CINNAMON HORIZONS. Et pourtant la musique est foutrement belle. Signe que nous avons un truc assez intéressant entre les oreilles. Circle's Motion établit un premier contact avec un souffle de verre qui libère des séquences juteuses dans leur enveloppe radioactive. Le mouvement est ascendant et fait rouler en boucles ces ions croustillants qui montent et descendent, même lorsqu'un chant fluté du Mellotron vient charmer nos oreilles. Un superbe mellotron en passant qui joue avec nos émotions en empruntant une texture identique à un duo de vrai flutiste. Il manque un peu de brouillard? Il arrive un peu après la 3ième minute. C'est aussi le signal pour un changement de programme pour Circle's Motion qui entre dans une intense phase ambiante pour un court moment où le séquenceur devient plus fluide en déployant d'oblongues spirales horizontales dans une phase plus dramatique qui parvient à nous faire monter le poils des bras. Le rythme est maintenant circulaire avec un bon mouvement alternant des ions sauteurs dans une phase où les fragrances de Tangerine Dream accourent avec intensité. Le séquenceur domine cette phase, autant en rythme qu'en ambiances sculptées par des multilignes aux arômes qui flirtent avec la musique de Legend et son époque. À date, j'éprouve beaucoup de plaisir à vous décrire ce CINNAMON HORIZONS qui nous présente sa longue pièce-titre et son ouverture qui m'a fait saigner des oreilles.

Tout de suite, un accord tombe avec fracas suivi de riffs métalliques d'un clavier glacial. REWO a emprunté la machinerie de Welcome to the Machine comme décor où trainent aussi une pléthore d'effets et de tonalités qui s'approprient les mondes de White Eagle et de Hyperborea. Et j'oserais même Poland! Les wooshh et les wiishh éraflent une ligne de basse qui pense à One of These Days, toujours de Pink Floyd. Cette ouverture à Cinnamon Horizons joue avec un armada d'effets sonores aussi iconoclastes que ce qu'un entrepôt de métaux et de ses poussières peut produire par une nuit hantée où les fantômes dégoulinant de baves sulfurique jouent aux machiniste. Une série de séquences émerge des arômes d'un bouillon d'une chaudière industrielle surchauffée. Ses répétitions tracent un rythme fantôme où subitement, tout ce qui était corrosif devient plus musical. Des nappes de voix et de brumes envahissent les horizons alors qu'un clavier tente de communiquer avec les spectres déjà anesthésiés par ce rythme soporifique qui atteint un autre niveau autour de la 14ième minute. S'extirpant de cette zone de brouillard industriel, le séquenceur fait vibrionner ses ions qui battent une mesure vive et circulaire qui reçoit l'appui d'éléments percussifs dans une finale qui disparaît dans un fade-out reniant toutes formes de justification. Mais peu importe cette finale un peu inachevée, ce CINNAMON HORIZONS est un solide album de René van der Wouden.

Sylvain Lupari (31/10/20) *****

Disponible au REWO Bandcamp

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