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Writer's pictureSylvain Lupari

ROBERT KALYOS: Fragments of Eternity (2022) (FR)

On ne peut pas dire non à une offre aussi musicale et généreuse que celle-ci

1 Fragments of Eternity 12:14

2 Signals 5:38

3 Empty Space 8:47

4 Alone in the Dark 4:08

5 Island of Infinity 16:00

6 Ground Control 6:38

7 Gravity 9:22

(DDL 62:50)

(Ambient Music)

Un album de musique d'ambiances méditatives de Robert Kalyos pour débuter 2022 est tout à fait approprier puisque le synthésiste Italien a développé une écriture mélodieuse au fil de ses albums. Offert sur le principe de payer ce que vous voulez, FRAGMENTS OF ETERNITY propose près de 63 minutes de musique flottante où les frissons nous parcourent les émotions, même en faisant dodo. Un très bel album où la gratuité ne rime pas du tout avec médiocrité!

Pourtant, la pièce-titre fait entendre un battement circadien dans une épaisse nappe de brume mystique. Des filaments réverbérants ornent sa procession qui est enjolivée par une délicate prestation mélodieuse et pourtant mélancolique d'un pianiste imbu de nostalgie. Ses notes tintent avec un effet d'écho radieux qui rend cette mélodie pourtant si évasive aussi addictive. Les battements deviennent plus intenses, accélérant même légèrement la cadence alors que des orchestrations fredonnées nivèlent l'aspect très élégiaque de Fragments of Eternity. Oui, Vangelis a ses empreintes sur cette mélodie tintant de spleen! Changeant subtilement de sensibilité tonale, le piano se tait quelques secondes avant la 6ième minute. Les battements fondent aussi dans cette brume un peu plus loin, laissant ces voix fredonnées dans les discrètes orchestration sur une bonne distance lyrique jusqu'à le synthé claironne comme du bon Vangelis. Impossible de résister à ce titre de Robert Kalyos qui gâte ici les oreilles de tous les romantiques, puisque FRAGMENTS OF ETERNITY souffle le chaud et le froid de la musique d'ambiances méditatives. Si les approches mélodieuses ont de quoi réchauffer les âmes, d'autres titres proposent une vision méconnue du musicien avec des ombres réverbérantes qui sillonnent l'inconnu sonore. Signals nous donne un aperçu de l'autre côté de FRAGMENTS OF ETERNITY avec un mouvement linéaire qui ondule à peine et qui vit sur une masse sonore grondante où un synthé tente une communication avec l'inconnu. C'est de la belle musique d'atmosphère avec une agréable modulation dans le chant du synthé. Une écoute supplémentaire relève ces murmures furtifs qui sont bien terrés dans la masse réverbérante. Le voyage cosmique de Empty Space est moins intimidant. C'est comme entendre un nuage céleste chanter dans le vide et qui rencontre un phénomène électro-acoustique, au-delà de la 6ième minute, qui envoie une charge de vibrations sourdes. Un peu comme donner la vie à une matière inerte. Mais ce n'est pas assez violent pour nous faire sortir de notre état de méditation. L'ouverture de Alone in the Dark est dramatique avec des couches de synthé quasiment philarmoniques qui étirent leurs harmonies fictives en se lovant comme des spectres sur un lit de froissements inquiétants. Le piano fait résonner aussi ses notes de verre sur ce court mouvement grondant. La part du Diable!

Tout comme la pièce Fragments of Eternity, Island of Infinity justifie la nécessité de télécharger cet album offert gratuitement par le musicien Italien. Le mouvement épouse celui d'un Berlin School ambiant avec cette fois-ci des larmes d'un piano qui est en harmonie avec la musique sur ce titre. Des voix séraphiques enrobent le contour très poétique de ce très beau titre qui traverse une phase transitoire dans son milieu. Des riffs de clavier-guitare s'enchainent dans une suite séquencée, accélérant légèrement le rythme de Island of Infinity qui se termine dans un autre bon Berlin School, aussi assez méditatif, avec une enveloppe musicale qui respire celle de Pyramid Peak. Un gros titre! Ground Control suit avec une teinte de musique ambiante ténébreuse avec des effets réverbérants qui se détachent en arcs sonores. Des lamentations bleutées s'échappent de ce lent mouvement qui se développe en une valse cosmique plus élaboré que dans la première partie de Alone in the Dark. Côté perles de tendresse, Gravity distance les 2 premières avec un splendide mouvement orchestrale qui nous donne une bonne dose de ces frissons d'exaltation, tant c'est beau, doux et poétique. Le titre prend ce qui a de plus beau dans Fragments of Eternity et Island of Infinity. C'est pour ça que c'est le plus beau. Ça et le fait que j'imagine bien un astronaute versé quelques larmes en l'entendant!

Cet album est dédié à toutes les personnes, femmes et hommes qui se sont aventurés et sacrifiés, durant toutes ces années, à l'exploration du cosmos, de l'espace, et à tous ceux qui ont d'une manière ou d'une autre, participé afin de réaliser les divers projets des nombreux voyages dans le monde inconnu de l'univers. Ça explique tout! Si ça vous intéresse, il y a un maxi-singles du titre Island of Infinity qui est offert sur le même principe de payer ce que vous voulez. On ne peut pas dire non à une offre aussi musicale et généreuse que celle-ci. Une très belle initiative de Robert Kalyos.

Sylvain Lupari (01/02/22) *****

Disponible au Robert Kalyos Bandcamp

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