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Writer's pictureSylvain Lupari

ROGUE ELEMENT: Storm Passage (00-10) (FR)

Des structures musicales très près des racines de Tangerine Dream du début 80

1 Infinite Imagery 41:46

2 Encounter at Stormwater Crossing 7:00

3 Elements 6:26

(CD/DDL 55:13)

(New Berlin School, TD in the 80')

Rogue Element est le parfait exemple qu'une musique peut survivre et évoluer tant à ses auteurs que ceux qu'ils ont influencés. Fortement inspiré par le style de la Berlin School et plus particulièrement par la musique de Tangerine Dream, Rogue Element refait surface après plus de 6 ans d'absence afin de poursuivre la quête musicale du Dream et de la Berlin School. Initialement réalisé en quelques 200 exemplaires en 2000, STORM PASSAGE est le tout premier album de Rogue Element et il s'est écoulé aussi vite qu'un orage peut passer en coup de vents. Il est maintenant réédité sur la label Acoustic Wave Records en format CD manufacturé et en option téléchargement. C'est un album qui porte bien son appellation où Brendan Pollard et Jerome Ramsey proposent 3 titres bouillonnants de séquences alternantes qui baignent dans un maelstrom rythmique aussi intense qu'imprévisible. Des structures musicales très près des racines de Tangerine Dream, mais avec des évolutions déroutantes et progressives, démontrant que le duo Anglais est plus qu'un pâle reflet d'un groupe qui a fasciné tant d'amateurs de MÉ et progressive.

Émergeant des profondeurs aquatiques Infinite Imagery prend un envol plutôt timide avec ses flottantes strates aux sonorités déviantes et spectrales. De lourdes strates morphiques qui ondulent tel un monde d'éther sur les ondes d'un synthé aux souffles flutés, un peu comme sur Underwater Sunlight de TD. Et les références ne peuvent qu'abonder de ce brillant opus qui se veut un véritable voyage musical au cœur des sonorités du Dream. Une séquence zigzagante façonne une rythmique au débit sec et saccadé qui titube avec solidité parmi une panoplie de souffles synthétisés aux multiples saveurs musicales et de douces couches d'un discret mellotron. Le rythme est pur et dur, et se réfugie dans d'ondoyantes vapes éthérées, histoire de reprendre son souffle. Le calme avant la tempête, car vers la 13ième minute, une autre séquence initie une cadence spasmodique avant qu'elle n'en croise une autre, plus lourde et plus incisive, subdivisant un rythme qui devient de plus en plus anarchique. Un superbe passage où tout s'entrechoque sur une rythmique chaotique qui se drape de doux souffles mellotronnés et qui se terrera dans un énorme trou noir sonore, croisant les effluves psychédéliques d'un Pink Floyd hasardeux et complexe des années 60. Il reste encore 15 minutes d'une musique aux innombrables affluents sonores qui se jettent dans nos oreilles, comme un festin musical intemporel. Un doux synthé fait errer ses brises dans une brume de mellotron, avant qu'un dernier coup de semonce du séquenceur ne façonne une rythmique endiablée Une cadence qui est agrémentée de quelques accords de clavier qui se pointent tels des artifices solitaires. Flûtes mellotronnées, chœurs errants, claviers chancelant aux arpèges de verres qui serpentent tels les éclats d'une mer à peine agitée accompagnent ce titre épique dont le mouvement du séquenceur oscille comme une vague sous-marine insufflant un débit hybride à un titre où la dualité des rythmes et des harmonies est la pierre angulaire de son étonnant voyage musical.

Après ce long titre aux fascinants virevoltes rythmiques avec autant de changement atmosphériques, Rogue Element propose 2 titres plus brefs et concis. Encounter at Stormwater Crossing se dégage de son ouverture pour éclater avec une approche endiablée, rivalisant d'adresse avec l'art de Christopher Franke dans Poland. Le séquenceur explose d'une férocité inouïe multipliant les touches doubles et créant un effet d'écho torrentiel, sous les vapes d'un doux mellotron à la brume flûtée et éthérée. Imaginé un croisement entre Epsilon In Malaysian Pale, Poland et Exit et vous avez Encounter at Stormwater Crossing. Un très bon titre remplie d'une énergie à décoller la tapisserie des murs! Nettement plus calme, avec sa lente intro morphique où les souffles de mellotron pullulent, Elements croise le fer du rythme vers la 4ième minute avec une belle séquence qui sautille et bondit sous les ailes d'un synthé à la fois symphonique et mellotronné. Un beau titre, empreint d'une cadence sobre qui conclût cette réédition oh combien attendue de STORM PASSAGE.

Sylvain Lupari (29/06/10) ****½*

Disponible au Brendan Pollard Bandcamp

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