“Fantastic Stories est comme un mélange de Robert Schroeder, Tangerine Dream et Jean Michel Jarre virant la baraque sur des nappes de synthé de Vangelis”
1 Orbital Burn 5:50
2 Solstice on Terra Prime 5:10
3 Approaching Galactic Core 4:48
4 The Transwarp Incident 5:16
5 The Caves of Steel 5:36
6 I Can Remember the Rain 4:58
7 Temporal Shift 4:27
8 The Tannhauser Gate 5:40
9 The Singing Bells of Mars 6:40
10 The Hex Eye of Saturn 4:24
11 To Seek out New Life 6:26
12 Shore Leave on Risa 4:44
13 The Cloud Minders 4:48
14 Fantastic Stories 4:31
(DDL 73:22)
(Creative, progressive e-rock)
La mode est aux réseaux sociaux. À Facebook et Twitter, deux médias où les artistes émergents tentent par tous les moyens de faire connaître leur musique. Le nom de Kuutana Serenity, une anagramme du nom de la lune en Finlandais (Kuu) et des armes traditionnels asiatiques (Katana), est très actif sur les réseaux sociaux dont les acquaintances frayent avec la MÉ. En juillet dernier, l'artiste de Montréal (Canada) conviait ses adeptes (followers) au grand lancement multimédia de son 2ième album FANTASTIC STORIES; un album comprenant 14 titres inspirés de nouvelles, d'émissions de télé et de films qui ont eu un impact dans la vie de Sequential Dreams, le nom de plume de Kuutana Serenity.
Dès les premiers accords de Orbital Burn, on sent cette influence très cinématographique qui stimule les idéaux de Sequential Dreams. Les accords qui ouvrent l'intro sonnent comme une guitare acoustique qui ronge son frein dans un désert galactique. Les percussions tombent et martèlent un rythme lent alors que tranquillement rythme et harmonie dévient dans les sphères d'un Tangerine Dream chauffé à blanc par l'impudence de Jerome Froese. Des accords lourds font trembler une structure somme toute très harmonique qui prend une tangente débridée en fin de parcours, soufflant dans les 220 Volts, saxophone en plus. Les rythmes lents et lourds, ceinturés de chapelet de séquences scintillant, sont l'apanage de cet album qui est fortement inspiré par la période post Franke de Tangerine Dream et de Jean-Michel Jarre version Chronologie. Et c'est dans cette optique que Solstice on Terra Prime tente son amorce avec des accords lents, gargouillant de lourdeur, qui sont vite harponnés par un chapelet de séquences pétillant dans l'ombre des lourds riffs traînassant de guitare. On dirait du The Cure égaré dans du TD. Le rythme est scindé par des approches de style refrains où il se laisse dompter par des mouvements sphériques des séquences. C'est lourd, puissant mais surtout très musical. Les touches de saxophone ajoutent une dimension plus New Age à une structure qui est aussi lourde que sombre. Kuutana Serenity fignole admirablement ses titres en dosant ses rythmes de fines variances et en ornant ses ambiances de belles bribes mélodieuses, donnant ainsi des structures riches qui attirent irrémédiablement l'ouïe. C'est du bon rock électronique, par moments du synth-pop intelligent où pas une seconde se perd dans un manque d'imagination.
Avec 14 titres il y en a qui tournent autour des mêmes thématiques. Si des titres comme Approaching Galactic Core, The Transwarp Incident, The Tannhauser Gate, le flamboyant The Hex Eye of Saturn et The Cloud Minders s'abreuvent dans les mêmes auges que les deux premiers titres, The Caves of Steel séduit avec son lourd rythme circulaire nourri par des ions furieux qui s'entrecroisent dans un ballet sonique bilatéral, virevoltant dans une ambiance noire farcie d'une avalanche de séquences aux directions aléatoires. Lourd, furieux et très bon. I Can Remember the Rain est une superbe ballade électronique avec un rythme lent où les harmonies scintillent dans les traînées des ondes de synthé apocalyptiques à la Vangelis, comme dans Blade Runner. Un titre qui va vous hanter vos oreilles bien longtemps après, tout comme les voix de sirènes cosmiques qui irradient dans le très beau et morphique Shore Leave on Risa. Temporal Shift valse à contretemps sur son rythme lent secoué par des séquences dont le débit saccadé contredit le poids des pulsations basses et de percussions lourdes. Les synthés sont très TD et nous entraîne dans une approche à la Mars Polaris, tout comme le très bon The Singing Bells of Mars (coincidence?) et To Seek out New Life. Et plus j'avance dans FANTASTIC STORIES et plus j'aime ce que j'entends. L'album est riche de rythmes en perpétuels dénivellations et variances qui enchantent autant que les mélodies lunaires qui scintillent comme des étoiles dans un cosmos noir. C'est un étonnant parcours de rythmes et mélodies électroniques qui trempe dans d'intenses arômes cinématographiques sur des rythmes finement hachurés et stroboscopiques où les percussions et les guitares ajoutent une touche de space rock futuriste comme dans la bouillante pièce-titre.
Bien fait, bien réalisé et bien mixé pour un album fait salon, FANTASTIC STORIES est une délicieuse trouvaille qui s'écarte des habituels chemins de la MÉ en lorgnant plus vers du bon rock électronique, teinté d'un léger accent de synth-pop, qui ne renie en rien les racines de la New Berlin School cosmique et futuriste. Créatif et très musical, Kuutana Serenity, ou Sequential Dreams, n'hésite pas à étaler le chemin de ses influences qui se complètent à merveille dans un canevas sonique qui parfois mord dans les poussières de Blade Runner. C'est un mélange de Robert Schroeder, Tangerine Dream et Jean-Michel Jarre qui trempe ses airs de rock dans les nappes de synthé très Vangelesque. J'ai bien aimé. C'est bon et d'une étonnante fraîcheur musicale. Et ça vaut le détour. Disponible sur le site Bandcamp de Sequential Dreams.
Sylvain Lupari (24/07/13) ***¾**
Disponible au Borders Edge Music
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