“Reflections nous met sur la route des premiers mouvements de la Berlin School”
1 Reflections I 15:35
2 Reflections II 18:11
3 Reflections III 18:03
4 Reflections IV 12:29
(DDL 64:19)
(Berlin School)
Un mouvement hâtif du séquenceur s'extirpe d'une nuée de brume industrielle bourdonnante comme ondoyante au fini nacré. Le rythme est sec et décidé à régner sur les quelques 15 minutes de Reflections I. Il adopte un mouvement linéaire minimaliste avec des variations dans le ton et la vitesse, un peu comme ce train à vapeur longeant les tunnels et sillonnant les reliefs terrestres accidentés. Des accords en boucles d'une guitare forment des cerceaux maillés à des riffs qui se greffent au train rythmique. La brume de l'ouverture se métamorphose en lignes de synthé prismatiques. Son chant nasillard ne laisse pas passer sous silence ces riffs de guitare qui se sont greffés au rythme. Le séquenceur se déchaine en crachant des ions rageurs, après la 5ième minute, poussant Reflections I dans une phase de rock électronique psychédélique et ces parfums de patchoulis se cachant dans les effets de synthé/guitare. Une nappe du Farfisa ajoute à ces ambiances, alors que le rythme emprunte un couloir circulaire, initiant les expérimentations d'une guitare sur tape-delay qui font penser beaucoup plus à l'univers de Manuel Göttsching. L'intensité ramenée à un niveau ambiant pour quelques minutes, Reflections I reprend sa vélocité, appuyée encore des riffs rythmiques de la guitare, pour un dernier tiers du titre qui ajoute des éléments de psybient à un essor rythmique qui se noie dans sa brume introductive. Ainsi est Reflections I, ainsi sera ce nouvel album de Son of Ohm qui privilégie toujours ces structures de rythmes hypnotiques idéales pour y nicher le berceau de ses illusions. Sur 4 longs mouvement minimalistes, suivant plus ou moins les même cheminements, REFLECTIONS nous met sur la route des premiers mouvements de la Berlin School. Ces mouvements sont initiés par des sessions de séquenceurs auxquels on ajoute des nappes de synthé, d'orgue et de guitares pour finaliser le tout en des heures de mixages et de remixages d'idées. Tant ce que l'artiste recherche est encore loin de ressembler à ce qu'il souhaite! Pourtant, à écouter froidement les 4 chapitres de REFLECTIONS nous sommes portés à penser que c'est du pareil au même, puisque l'idée de base consiste à répéter les mêmes patterns rythmique. Et pour Son of Ohm, c'est comme un mantra!
Reflections II propose un rythme plus harmonieux avec deux teintes du séquenceur pour ses billes sauteuses. Déjà, la guitare découpe ses riffs pour leur donner une forme plus ronde, en symbiose avec le séquenceur. Leonardo Wijma donne plus de musicalité ici à ses boucles de guitare qui flottent autant sur le rythme que sur la mélodie synthétisée dont les souffles à la Michael Garrison sont plus développés ici que sur Reflections I. Encore là, c'est du Manuel Göttsching sans son Ashra, ni son Tempel. La guitare et ses effets sont plus dominants en seconde partie, alors que le mince ruisseau de souffles nous amènent à ces séquences qui voltigent et scintillent dans un court cercle magnétique ceinturé par des éléments électronique vintages. Reflections III se distancie des deux premiers mouvements avec une structure qui changera de peau 3 fois avant de se verser dans Reflections IV. Dans les premiers instants, c'est une ligne de basse qui tire le rythme, et son carrousel séquencé, avec un mouvement savoureusement rampant. La guitare tisse ses boucles qui tournent en symbiose avec le cercle magnétique alors que le synthé lance des solos discrets qui prennent la forme de complaintes harmoniques avec un parfum analogue. Un effet d'écho s'est inséré dans cette procession où les nappes flottantes du synthé enfoncent encore plus cet effet chthonien qui infiltre la musique de REFLECTIONS. Même si discrets, ces solos amènent le titre vers un premier changement qui s'opère lentement lorsqu'on remarque que le mouvement est plus lent par rapport aux cercles, un peu après la 8ième minute. Les boucles font des pschitt-pschitt alors que l'effet de lenteur s'accentue pour devenir presque aphasique. La procession frappe un mur de réverbérations quelques 4 minutes plus loin. L'effet d'élasticité et de réponse aux fréquences qui se heurtent réaniment la vitalité de Reflections III qui se démène dans un marais organique dense où son pas devient lourd pour laisser une séquence devenir cette luciole musicale qui arrive jusqu'à l'embouchure de Reflections IV. Déjà propulsé par cette luciole, cette dernière partie de REFLECTIONS offre une série de séquences ascensionnelles qui se chamaillent avec une ligne de riffs. L'orgue étend une nappe dans le fond musical alors que les séquences papillonnent avec plus de limpidité que les riffs aussi ternes que cette ombre gargouillant dans l'arrière-plan. Le mouvement amplifie sa sonorité afin de mieux discerner que c'est la basse qui grogne et que le synthé tisse une soyeuse mélodie du Moyen-Orient. Les lignes ondoyantes et gorgées de réverbérations donnent un attrait psychédélique des années 60. Ils prennent les commandes du titre autour des 8 minutes où nos oreilles s'ouvrent sur une nouvelle flore musicale. Une fois les séquences et les riffs évaporés, Reflections IV renait dans sa brume pour une dernière procession de riffs et séquences qui retrouvent le chemin par ses empreintes sonores laissées dans nos oreilles qui n'ont pas eue à travailler fort pour amadouer les 4 routes de REFLECTIONS.
Sylvain Lupari (26/05/21) *****
Disponible Son of Ohm Bandcamp
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