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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Thaneco & DASK Ships in the Sky (2023) (FR)

Le duo est plus audacieux avec des ambiances ténébreuses et du Berlin School progressif

1 Tirana Incident 8:19

2 Angel Hair 8:11

3 The Ariel School Incident 11:15

4 Lubbock Lights 6:15

5 The Abduction of Betty & Barney 9:43

6 Phoenix '97 8:04

7 Miracle of the Sun 10:07

8 Ships in the Sky 8:45

(DDL/CD-(r) 70:43)

(Progressive Berlin School Electronica)

Qui n'a pas entendu parler de l'enlèvement de Betty et Barney Hill? De ces lumières inexplicables dans le ciel de Phoenix? Dans le ciel du Texas dans les années 50? De l'incident de l'école primaire rwandaise Ariel School? Si vous êtes un féru des phénomènes inexpliqués et de la présence des extra-terrestres sur Terre, ces sujets vous seront familiers. Et histoire de bien nous rappeler que ces incidents, et quelques autres, ont marqué autant notre époque que notre imaginaire, le duo Thaneco & DASK a composé une musique électronique (MÉ) inspirée de ces événements. Le titre de l'album est plutôt poétique, SHIPS IN THE SKY, et met en relief une approche plutôt progressive de ce duo qui nous a habitué à une musique beaucoup plus calme dans du Berlin School de ce qui est de plus correct. Thanasis Oikonomopoulos et David Marsh sortent de leurs zones de conforts en exploitant des ambiances plus ténébreuses et des structures plus progressives où le style Électronica flirte avec du solide rock électronique, alors que le Berlin School sort de ses racines pour migrer vers des structures de rock progressif électronique. C'est tout un cocktail explosif que le duo gréco-anglais vient de réaliser sur l'étiquette allemande SynGate Records.

C'est un bourdonnement, entremêlé aux modulations de pads de synthé angéliques, qui nous introduit Tirana Incident à l'univers très éclectique de SHIPS IN THE SKY. La musique est inspirée d'une observation inexpliquée au-dessus de Tirana à l'été 2010. Des voix célestes fredonnent sur cette onde de drone dont l'accentuation de l'ombre de la basse synthétisée ajoute une touche émotionnelle, dramatique et même ténébreuse à cette ouverture. Cette sensation se dissipe lorsque le synthé se transforme en maître DJ avec une sérénade entrecoupée par la saccade des pads. Boom-boom, Tirana Incident devient la première source d'Électronica de l'album. Flirtant avec l'univers de Moonbooter, Thanasis Oikonomopoulos et David Marsh enveloppent ce rythme entraînant avec une nuée d'orchestrations qui aident à propulser les harmonies du synthé aussi hautes que ces orchestrations qui se densifient et qui virevoltent en harmonie avec le pilonnage des percussions technoïdes. Angel Hair est construit dans un moule quasi identique. Le titre propose une ouverture plus éthérée avec des orchestrations, des voix et des ondes de synthé aux couleurs du miel qui s'entrelacent comme un trio d'auras. Des arpèges se mettent à scintiller et à tournoyer en cercles autour des 80 secondes. Cette rivière de prismes sonores fait chatoyer une cadence en suspension qui se fait rudoyer par des grosses percussions. Elles font encore plus de boom-boom que dans Tirana Incident, surtout lorsque la basse y marmonne lourdement. Le synthé y est tout aussi harmonieux, mais dans le premier tiers seulement. Le séquenceur prendra la relève ! Le rythme est entrecoupé par deux courtes phases atmosphéricosmiques. On y découvre ainsi un très beau jeu du séquenceur qui fait miroiter une harmonie rythmique, alors que le rythme réapparait avec des frappes plus assourdissantes. L'ouverture cinématographique, et en même temps psychédélicosmique, de The Ariel School Incident repose sur des nappes de synthé dociles qui roucoulent avec une texture orchestrale. Des filaments plus ardents s'immiscent dans cette douce envolée dont la texture onirique est perturbée par des coups de archet tsiganes et des harmonies de trompettes apocalyptiques. Une nuée de petits pas, semblable à ceux des 72 élèves de l'Ariel School qui ont déclaré avoir vu un ou plusieurs engins de couleur argenté descendre du ciel, court entre nos oreilles, alors que le synthé reste de noblesse apocalyptique et que les élèves de six à douze ans semble chevroter de terreur. Le séquenceur dissipe ce panorama filmique avec une puissante ondulation rythmique quelques secondes après la 3ième minute. Bien que violent, le rythme reste passif, stationnaire et continue d'explorer ses vives fluctuations papillonnantes sous un ciel orné de quelques étoiles scintillantes. Des coups de percussions caoutchouteuses annoncent une poussée rythmique qui s'introduit avec des battements technoïdes, guidant ainsi The Ariel School Incident vers une autre musique pour party rave dans un croisement entre un Berlin School spasmodique et un techno à la Jean-Michel Jarre et Kraftwerk.

On ferme les yeux et on écoute Lubbock Lights. Atmosphéricosmique et hyper mélodieux avec ce piano qui émiette sa mélancolie dans de soyeuses orchestrations, on se dit que c'est un titre que Vangelis a égaré dans les sessions de Rosetta. Splendide! Il n’y a rien d'autres à écrire. Il faut lire l'histoire, disponible sur Wikipédia et ailleurs dans le vaste univers du Net, de Betty et Barney Hill afin de mieux comprendre les retournements dans The Abduction of Betty & Barney. Le titre débute avec une partie de récit audio de Betty Hill. Les premières minutes sont de nature orchestrales avec un vague effet de psybient qui apparait surtout autour de la 3ième minute. En ce moment précis, j'ai en tête le robot dans Perdu dans l'espace qui déraille. Peu importe, le rythme s'installe avec un séquenceur en mode ascendant. La technique du cliquet ajoute une savoureuse texture aux oreilles magnétisées par ce Berlin School ambulant. Le rythme sautille ainsi avec une accentuation dans la force du son sous des orchestrations dramatiques à la Vangelis et des nappes de voix chtoniennes. Un autre mouvement de rythme frénétique, mais stationnaire, balaie cette structure passive, mais tout de même entrainante pour les neurones, un peu avant la 6ième minute. Cette chorégraphie ambiante pour vagues circulaires du séquenceur complète le derniers tiers d'un titre qui a tous les atouts pour plaire aux aficionados de Berlin School. Un gros bourdonnement bien juteux et ondulant comme une menace ophidienne est à l'origine de Phoenix '97 et de ses 4 premières minutes très atmosphéricosmiques. Les ondes de drones entrecroisent leurs vagues qui valsent dans le noir d'une soirée où une série de phénomènes lumineux a été observée au-dessus des États de l'Arizona et du Nevada en mars 1997. Une texture translucide émet un voile de grésillements, ajoutant une intrigante touche de science-fiction à cette fusion de drones et d'orchestrations dont la poussée et l'ascension se font avec des fluctuations dans le niveau de l'intensité. Des ions sauteurs, enrobés d'une texture organique caoutchouteuse, jumèlent des lignes qui sautillent en parallèle pour un rock électronique grisant de sa démarche cahoteuse. Des éléments percussifs en bois se mettent à battre tout autour, accentuant une dynamisme rythmique qui reste somme toute plus entrainante pour les oreilles et les neurones que les pieds. Thaneco & Dask lancent de très beaux solos de synthé dans cette aquarelle de rythme nettement plus séduisante qu'entraînante. Le duo étonne avec un bon rock progressif dans Miracle of the Sun. Bien martelé par des percussions et sectionné par des riffs tranchants, le rythme capte l'attention illico. Il progresse de son enveloppe lourde et lente pour accroitre sa vélocité et prendre une tangente circulaire autour de la 4ième minute. Les orchestrations sont de brume nébuleuse et planent sur ce mouvement sphéroïdal où se grefferont de très bons éléments de percussions qui tintent comme du bois, des arpèges qui sonnent comme du Pink Floyd et des solos de synthé-mellotron au parfum musical de Tangerine Dream. La pièce-titre fait entendre des éléments percussifs qui font tinter une horloge dysfonctionnel. Les drones bourdonnent comme des gros taons à la recherche de sang sur un lit d'orchestrations plus ou moins soyeuses. Même que certaines ont un air apocalyptique. En fait, Ships in the Sky nous plonge dans un univers ténébreux pour redorer sa prestance avec un bon Berlin School propulsé par un séquenceur, et ses effets de cliquet, et enjolivé par des solos de synthé visiblement inspirés par l'univers du Dream, période Baumann-Franke-Froese. Une superbe façon de conclure un album qui dépasse nos attentes de la part de Thaneco & DASK qui sort littéralement de sa zone de confort avec une MÉ et un Berlin School plus audacieux ici que dans leur 3 premiers opus. C'est très recommandable!

Sylvain Lupari (28/12/23) ****½*

Disponible au SynGate Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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