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  • Writer's pictureSylvain Lupari

THANECO & ROMERIUM: The Dark Underground To Nowhere (2020) (FR)

De bons rythmes de Berlin School dans une enveloppe plus sombre voulus par le duo pour donner une nouvelle dimension sonore à un autre joyau de MÉ

1 Waiting at the Subway Station 7:31

2 Time Lapse Travelling 9:08

3 Fear of the Dark Tunnel 6:24

4 Is this the Future? 7:29

5 Gloomy Memories 6:34

6 Destination Nowhere 8:37

7 Missing Train to the Light 9:37

8 Back to Surface 5:44

(CD-r/DDL 61:06)

(Berlin School)

La rame de tramway vient vite. Les portes n'ont pas le temps de s'ouvrir que déjà arpèges et basses séquences effectuent une danse spasmodique. Des effets sonores, qui font très Karftwerk, s'invitent dans ce Waiting at the Subway Station alors que le synthé moule une course fluide et douce où d'autres effets sonores inventent une course sur rails ou un passage entre des colonnes. Ce Funk Cosmique continue de faire évoluer son rythme hésitant qui avance et recule, sautille et entrechoque ses accords sous les fluides caresses des pads de synthé qui lance sa brume en même temps que ses solos oniriques. Le dernier tiers embrasse une structure plus rock sous les roucoulements d'un synthé et de ses ondes fantomatiques. Seconde collaboration entre Thaneco et Romerium, THE DARK UNDERGROUND TO NOWHERE fut aussi travaillé à distance comme le très bon Sequences Passing By l'an dernier. Le duo voulant faire un album plus sombre, le thème tourne autour des métros. La propulsion des trains, comme les ambiances entourant les stations de métro, sont sculptées dans ce maillage analogue et digital qui avait fait les charmes du premier album du duo Grec et Hollandais. Donc, panoplie d'effets sonores dans le ton avec de clins d'œil à Kraftwerk et les rythmes électriques de Jean-Michel Jarre! Disponible en CD-r et en téléchargement, THE DARK UNDERGROUND TO NOWHERE propose 61 minutes d'une MÉ lourde et animée, tant par les percussions que le séquenceur, dans des rythmes évolutifs assez facile à apprivoiser pour du Berlin School.

Time Lapse Travelling nous met dans les ambiances avec un lent décollage sculpté par les accords zigzagant du séquenceur. Le synthé lance des pads de réverbérations, alors qu'une douce mélodie rêveuse met des ambiances plus relaxante dans ce Berlin School ascendant. On entend des effets organiques et des claquements métalliques ayant une consonance de jappements sidérurgiques. Graduellement, le rythme accroit force et vitesse avec l'arrivée des percussions et cette basse gourmande de ces effets organiques. Ces essors sont périodiques et servent la cause du synthé, qui est la pièce-maitresse de cet album, et ses solos contorsionnés qui s'enroulent se déroulent, se lovent et se distancient avec une vision harmonique qui s'accroche ici à chaque nouvel essor rythmique. Fear of the Dark Tunnel est un titre très vivant avec un séquenceur en mode court après moi. Fluide avec ses lentes boucles de cascadeur et sa direction linéaire, le rythme s'acoquine avec divers effets percussifs et des pads de synthé ayant ces parfums de JMJarre dans Révolutions. Tout tourne ici autour du rythme qui reste entraînant tout en étant noyé d'éléments percussifs dont la banque d'échantillonnages semble inépuisable. C'est lourd, vorace et entrainant, comme le souhaitaient Thaneco et Romerium. Le rythme perd un peu de cette clameur accumulée dans son dernier tiers. Devenu plus théâtral avec des effets de dribblage dans les séquences et/ou percussions, Fear of the Dark Tunnel devient une structure qui stimule le sens de l'effroi avec d'étranges sonorités, on dirait un clavecin, et autres effets sonores qui accompagnent le train à sa dernière station. Là où les spectres et autres étranges créatures nocturnes ont déjà les lèvres retroussées. Is this the Future? est un titre plutôt tranquille avec un rythme flottant entre deux sphères; ambiant ou entraînant. Un synthé injecte des jets de brumes flutés alors que les séquences s'agitent en arrière-plan et que le clavier tisse une mélodie dont le teint sombre nous rappelle vaguement un truc que l’on a déjà entendu. Soit de Thierry Fervant ou encore de Walter Christian Rothe. Mélancolique comme des vieilles images du cinéma français, la musique de Is this the Future? est tout en contraste avec la signification de son titre.

Gloomy Memories propose un rythme nerveux confiné dans une texture statique et de ses brusques arrêts momentanés. On sent une inspiration de Kraftwerk dans cette structure remplie de rafales de percussions et de roulements de tambour sans compter les accords de clavier parfois harmonieux et souvent saccadés. Les percussions, les cliquetis percussifs et les accords de clavier s'affrontent dans un rodéo rythmique qui pétille dans tous les sens du titre. Les ambiances sont tissées par des synthés aux solos harmonieux, de même que très élancés comme des lacets se défaisant seul, et aux pads remplis de mysticisme, sinon de mystères ténébreux. Destination Nowhere épouse un peu cette texture de stop & go avec une approche rythmique tout autant chaotique dans une vision rythmique qui me rappelle du bon Geoffrey Downes du temps de New Dance Orchestra. Le titre évolue avec des effets sonores d'un métro souterrain, mais toujours en emmagasinant une structure un peu plus vive avec des percussions toujours plus percutantes afin de se stabiliser dans un bon rock électronique entraînant. Le synthé dessine de très beaux solos sur cette structure dont les parfums de la synth-music des années 80 emplissent mes narines de nostalgies. Missing Train to the Light injecte une autre structure conçue dans la nervosité du séquenceur et de ses deux lignes adjacentes qui ne sautent pas sur le même beat. Des effets organiques se greffent à cette ruade rythmique statique où s'ajoutent des arpèges et par la suite, des percussions. De statique, le rythme devient entraînant avec une cadence épousant une démarche de cavalerie. Les séquences se pendent dans le vide lorsque Missing Train to the Light prend une route panoramique un peu après la 4ième minute. Un souffle sortant du vide comble les ambiances avec ses reflets rayonnants qui dansent un étrange ballet astral jusqu'à nous entendions la structure ressortir du vide pour prendre une tangente empreint d'intensité où sifflent de superbes solos de synthé. C'est un des bons moments où l'analogue et le digital échangent leurs possibilités dans un duel proposé par une guitare électronique. Back to the Surface termine THE DARK UNDERGROUND TO NOWHERE avec une texture douce remplie de sons de flutes astrales. Les arabesques des synthés opposent leurs tonalités dans un bon moment qui peu à peu dévie vers une sphère plus Lounge avec un clavier qui laisse ses accords en suspension. Un peu comme si Thaneco et Romerium se disaient; à la prochaine…

Sylvain Lupari (27/10/20) ***¾**

Disponible chez Thaneco Bandcamp

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