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Writer's pictureSylvain Lupari

WOLFGANG NACHAHMER: Nachtwache (2021) (FR)

9 structures minimalistes où réside une diversité rythmique liée à des rythmes entraînants qui n'ont jamais souffert d'un manque d'imagination

1 Der geheime Garten 9:43

2 Impuls 5:02

3 Der alte Weg 4:54

4 Belomantie 3:03

5 Der Tag des Erwachens 4:25

6 OB-session 9:50

7 Über den Zaun 6:20

8 Nachtwache 4:11

9 Der Korridor 14:45

(CD-r/DDL 62:18)

(Minimalist, Berlin School)

Une ombre plus perçante sort des woosshh introductifs de Der geheime Garten. Mes oreilles à l'affut perçoivent déjà une structure de rythme fantomatique qu'on entend s'agiter avec des cliquetis métalliques. Parallèlement, une belle musicalité enrobe les deux premières minutes avec des nappes flottantes et des brumes céruléennes. Le séquenceur trace alors un mouvement de style Berlin School avec des ions qui font de longues enjambées dans une structure ascendante. Minimaliste, le rythme sert de base à de beaux solos de synthé ayant une teinte de Jazz dans une boîte de nuit clandestine. Gardant toujours l'anonymat et ayant en tête que Wolfgang Nachahmer serait un musicien chevronné, il parsème le sol mou de la musique avec des demi-arpèges qui scintillent comme des chandelles vue de haut. D'autres effets sonores s'ajoutent, approfondissant un champs musical qui s'enrichit d'un claviériste cette fois qui tisse de bons solos de synthé, sobres comme perçants. Une structure minimaliste ayant un entrain rythmique et une bonne vision harmonique happée dans un tourbillon de brumes et d'effets sonores audacieux, Der geheime Garten est une belle introduction à l'album NACHTWACHE. Pour son 6ième album sur SynGate, cet artiste requérant toujours son anonymat propose un album plus facile à apprivoiser que le décevant Triptychon. C'est un veilleur de nuit effectuant sa ronde dans un musée sonore où les 9 expositions de WN sont des objets de curiosité pour les oreilles. Curiosité pour 9 structures minimalistes où se couche une diversité rythmique ficelée dans des structures toujours entrainantes et où l'irradiation des structures mélodieuses sont en nombre suffisant pour apprécier cet album.

Des gouttes de son s'égouttent en ouvertures de Impuls. Déjà, le débit semble intéressant avec une odeur teutonique dans le mouvement. La brume est idéale pour donner du coffre à ce battement insolite, de même qu'une ligne de synthé et son invasif plan mélodieux. Un titre sans vie rythmique mais avec une belle intensité sonore, le tic-tac et son effet décalé reste tout de même séduisant. Der alte Weg nous arrive avec un rythme secret, tout de même assez résonnant, avec des basses séquences et des arpèges opalins dansant dans leurs échos. Une structure idéale conçue pour recevoir des solos prismatiques et leurs figures acrobatiques. Le rythme se met à chevroter dans le cœur de sa conception, ajoutant un élément encore plus attrayant dans cette structure qui a amassé tout ce qu'elle pouvait dans son objectif; charmer l'auditeur. C'est réussi! Belomantie fut le premier titre à me faire sourciller. La présence d'une guitare acoustique et sa vision purement ballade est tout à fait inattendu dans un album de MÉ. Une très bonne ballade cernée de bons effets électroniques qui ne dénaturent pas sa vision acoustique. Der Tag des Erwachens fait dans le bizarre avec sa courtepointe de pads de synthé s'insérant en un bloc oscillant lentement. Cette nouvelle armature minimaliste reçoit les murmures et fredonnements prismatiques d'un synthé et de ses ululements qui n'ont de cesse alors que des percussions batifolent en arrière-plan. Il y a des accords de guitare qui ajoutent de l'intensité dramatique à ce titre devenu un intense micmac ambiant dont le rythme s'installe dans son dernier tiers avec une intensité qu'on sentait venir depuis le début. Ça me fait penser à du Michael Rother. J'ai trouvé ça ingénieux, sauf que le risque que Der Tag des Erwachens soit énervant pour certains est bien présent.

On pèse sur on! Le courant s'installe et inonde notre salle d'écoute d'un lourd manteau de résonnances. Des souffles cosmiques, comme des effets psychédéliques et des nappes chevrotantes inondent OB-session. Des séquences dessinent ce cercle imparfait d'un Berlin School qui retrouve sa noblesse dans les majestueux souffles brumeux du Mellotron. Titre exploratoire dont l'excuse est le mouvement Berliner de la ligne de basse-pulsations, OB-session devient une toile sonore pour les expérimentations pas nécessairement audacieuses du synthé et de ses effets. Effectivement, ça devient OB-sessionnelle! Über den Zaun est tout simplement géniale dans sa simplicité harmonique. Un titre entraînant campé dans un bassin d'effets sonores et entouré d'un synthé créatif, il se développe tranquillement en structure de musique de danse, voire un bon techno morphique pour zombies repus. La pièce-titre propage une valeur corrosive équivalente aux réverbérations de OB-session. Rythme et vision mélodique en moins! Der Korridor termine ce NACHTWACHE avec un excellent Berlin School contemporain à la E-Tiefengrund. C'est plus de 10 minutes de pur bonheur pour un mélomane. Dix minutes !? Oui, puisqu'il y a un gros 100 secondes de silence total avant qu'un nuage de réverbérations et de tonalités disparates sont là pour nous rappeler combien expérimentale et audacieuse la musique de Wolfgang Nachahmer peut être par moments.

Mais pas dans cet album, ou si peu. Le musicien allemand revient à la base, comme dans l'album Synchromystik, avec une vision créative bien explorée sur des rythmes parfois mous comme parfois durs dans des armatures toujours minimalistes dont la perspicacité du musicien-artiste n'a jamais souffert d'un manque d'imagination.

Sylvain Lupari (09/04/21) *****

Disponible au SynGate Bandcamp

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