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Writer's pictureSylvain Lupari

WOLFGANG NACHAHMER: Synchromystik (2019) (FR)

“La musique tisse ici des toiles de réminiscences d’une belle époque qui semble inépuisable, à la fois en termes de musicalité et de qualité. Mais qui diable est ce gars?”

1 Synchromystik 5:52 2 Die N-Strahlen 4:28 3 Fabrik der Träume 8:24 4 Das Kloster der Maschinen 6:40 5 Geisterwald 7:59 6 Zerfall 14:50

7 Das Unendliche Licht 5:57

(CD-R/DDL 54:12)

(Berlin School)

Est-ce Peter Mergener? Chris Franke? Peut-être même Peter Baumann? Le mystère persiste autour de Wolfgang Nachahmer

dont c’est le 2ième album, Schattenjäger étant un EP, sur le label SynGate. Pourquoi ces noms me viennent à l’esprit? C’est l’évolution normale des choses. Il y avait de bons parfums de Tangerine Dream dans Hexenkessel. Puis vint Eiszeit où ces parfums se précisaient avec une empreinte de Peter Baumann sur les ambiances et les synthés. Et maintenant ce SYNCHROMYSTIK!

La pièce-titre naît d'une vapeur nébuleuse. Un bref moment gothique avant que le séquenceur fasse résonner ses ions qui sautillent dans un pattern de perpétuelles boucles ascendantes où les pas zigzaguent comme si l'alcool est trop présent. La flûte fait danser ses chants, comme le Mellotron de Baumann. Les nappes de voix qui se greffent font très Software, période Chip Meditation à Electronic Universe Part II, mais aussi à ces albums du duo Mergener/Weisser. Il y a aussi ces harmonies du synthé qui chantent en sourdine, comme ces trompettes apocalyptiques qui suivaient les synthés de Tangerine Dream dans les années Encore. Les séquences? C'est comme une bête à 3 têtes et vous vous imaginez bien de quelles têtes je fais allusions! Toujours est-il que Synchromystik débute un album qui n'a jamais coupé les liens avec les deux premiers albums de cet Imitateur de Wolfgang. Vous avez des doutes? Je vous comprends! Mais jetez une oreille attentive à la structure de Die N-Strahlen. C'est du Baumann de la période Trans Harmonic Nights. Idem pour le très étrange et intense Geisterwald et son cachet de musique de films. Ceux qui se sont délecté les oreilles avec les 3 premiers titres de la discographie de Wolfgang Nachahmer en auront encore pour leur argent avec ce SYNCHROMYSTIK. On nage dans les mêmes ambiances, les mêmes patterns de rythmes séquencés hypnotiques. Et surtout dans cette certitude que le talent y est, tant tout est bien structuré, bien défini. Et surtout bien produit. Nous avons affaire à quelqu'un qui semble très expérimenté qui s'amuse à déjouer des pronostics en imitant à perfection les 3 noms cités tout en haut du texte. À moins que…Une ombre de réverbérations ondoyante approche Fabrik der Träume avec un léger parfum du Moyen-Orient. Le timbre des synthés est résonnant et fini par dégager une brume d'aciérie d'où émerge un premier schéma rythmique fragile et sautillant. Une 2ième ligne, forgée de séquences plus basses, impose sa présence en acceptant une fusion avec la première. Ce rythme devient lourd, résonnant et zigzagant. Son débit calme est propice à une symphonie de chants d'un synthé qui épatera nos oreilles avec des solos précis et incisifs, comme la guitare d'un rock star. Et si cela serait Paul Haslinger? Ou encore Ralf Wadephul!? Prenez par exemple Das Kloster der Maschinen. C'est un titre, dans une vision plus contemporaine et plus psychédélique (à cause de ces ondes de spectres) qui a des essences de Flashpoint.

Ces ondes de spectres, ou ces chants tellement aigus du synthé, nourrissent la procession berbère de Geisterwald qui a le sceau de Peter Baumann à chaque seconde de son évolution, sauf pour l'aspect psychédélique-électronique. Zerfall est un titre évolutif avec une ouverture cousue dans la rêverie. Des images sonores passent entre nos oreilles avec une vision séraphique, même si quelques accords jettent une aura de mysticisme. C'est comme deux entités de Tangerine Dream, un qui serait Phaedra et l'autre Legend, qui annexent leurs différences dans une ouverture où le côté chthonien du Dream l'emporte. Un gros 6 minutes d'ambiances qu'un mouvement du séquenceur chasse avec un pattern de deux lignes de rythmes pas tout en fait en symbiose, mais pas loin. Des éléments percussifs se joignent à cette structure aussi efficace qu'un cha-cha-cha cosmique à la Baffo Banfi. Ce rythme de 4 pas en avant et 2 autres en arrière est le berceau d'une phase minimaliste qui peu à peu se recouvre de séduisants éléments sonores, tel des nappes de brume chantante, un synthé avec un timbre de trompettes, d'autres séquences imitant le pépiement de rossignol et de bons solos qui nous ramène aux années vintages, même si l'approche est contemporaine. Ce n'est pas le meilleur titre ici, ni celui de Wolfgang Nachahmer. Das Unendliche Licht termine ce SYNCHROMYSTIK avec une approche cinématographique idéale pour un film d’horreur. Cognements, brume d'une pleine lune dans la lande et ululements de loups sont parmi les éléments qui ornent son intro. Le rythme qui vient est fluide et entraînant. Soutenu par une ligne de basses séquences qui sillonne les plaines comme une cavalerie fantomatique, il monte et descend avec cette approche Berlin School que des solos de synthé maîtrisent aussi bien qu'ils nous charment avec cette tonalité très TD. Et se brisant sur un récif d'ambiances, le rythme de Das Unendliche Licht est comme cette dernière proie qui lutte pour survire. Mais en vain!

Un petit retour dans le temps et un jeu de devinettes? Pourquoi pas, en autant que la qualité y soit. Plus qu'une simple imbroglio à démêler, la musique de Wolfgang Nachahmer tisse les toiles des réminiscences d'une belle époque qui semble intarissable, tant du point de vue musicalité que de la qualité. La musique de SYNCHROMYSTIK n'est pas ce que j'appellerais compliquée, même pas son plus long titre, mais c'est beau et ça ressemble à du Mergener, à du Baumann, à du…

Sylvain Lupari 07/05/19 ***½**

Available at SynGate's Bandcamp

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