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  • Writer's pictureSylvain Lupari

ALBA ECSTASY: Synth Collection, Vol. 1 (2021) (FR)

L'homme voyage dans le temps et non à cause des sons, mais sa MÉ vintage

1 Time Traveller 10:08

2 A Lost Vision 7:47

3 Startdust 14:28

4 Space Cadet 8:02

5 Sequential Feelings 8:13

6 In Solitude 13:14

(DDL 61:54)

(Classical Berlin School)

Alba Ecstasy! Des fois je me dis qu'il est pire que le management de Tangerine Dream dans l'art d'approvisionner ses fans, ainsi que ceux de la musique électronique (MÉ) en général, avec album par-dessus album et sinon, compilation par-dessus compilation. Mais tant que la musique soit bonne, je n'ai aucun problème avec ça. Et elle est très bonne! SYNTH COLLECTION Vol. 1 représente une collection de titres qui ont été composé et élaboré à l'aide d'un seul synthétiseur. Chaque note, chaque lien, chaque séquence et solo ont été conçu sur le même synthé. Exception faite, et constatée par oreille, de Space Cadet. Il s'agit d'un véritable travail de structuration puisqu'aujourd'hui chaque série d'accords, de séquences, de nappes atmosphériques et de tonalité de solo est bien enregistré dans un synthé à part. Nous avons donc un son riche des années cosmique avec des rythmes découpés en cascades sur de belles structures minimalistes évolutives. La force du synthésiste-ingénieur de Roumanie.

Un interrupteur s'allume pour laisser passer la bande de sons régurgitante de Time Traveller! L'effet est organique avec des embruns d'un synthé apte à étendre aussi une nappe de mélodies mortuaires avec sa tonalité d'orgue. Le rythme s'instaure quelques secondes après la 2ième minute. Vif et saccadé avec un effet d'écho, il est de couleur vintage en nous rappelant les mouvements spasmodiques de Music From France, un bel album de Frederic Mercier, dans une enveloppe musicale faisant très rétro. Les filaments organiques qui entourent le rythme ajoutent un bel élément de psybient pour ce titre composé en 2014, alors que les solos de synthé qui volent et survolent en effectuant moult acrobaties aériennes redonnent de cette noblesse à l'art de la MÉ. Un très bon titre! A Lost Vision exploite un rythme qui répond aux besoins de nos neurones avec un bon rock électronique rempli de solos d'un synthé créatif. La structure de rythme répond à un genre de tornade où les ions séquencés s'entrechoquent au contact d'arpèges et d'autres ions. Un peu comme dans Time Traveller, la finale arrive trop vite pour exploiter des minutes d'ambiances cosmiques qui ne sont pas vaines. Ça me fait penser beaucoup à du Synergy, période Cords et Games. Startdust est un superbe titre comme je les aime. Un pur classique du genre Berlin School de style Klaus Schulze dans sa période glaciale. Les arpèges s'entrechoquent pour sculpter ce genre de mélodie rythmique qui épouse à merveille ce mouvement du séquenceur sautillant sournoisement avec le même ion, et son ombre. Tout simplement magnifique avec de superbes solos déchirants. La seconde moitié fait entendre une rythmique plus altérée, chétive sous son poids sautillant comme un unijambiste, alors que la ligne d'arpèges trace une mélodie spasmodique. Usant de tout son savoir et des influences de Klaus Schulze sur sa musique, AE tabasse sa structure de bonnes percussions. Ajoutant ainsi une 3ième phase évolutive à cet excellent titre de SYNTH COLLECTION Vol. 1.

Et lorsqu'on parle de structure évolutive, Space Cadet, qui sonne vraiment à part dans cette collection, en démonte toute la richesse. De base son rythme épouse ces mouvements ascendants, monte-descend, de la Berlin School. Tout est fait avec élégance dans un décor cosmique à faire déborder nos oreilles. Une ligne de basse-pulsations sert de percussions technoïde alors que des courtes lignes d'harmonies des arpèges tournoient innocemment, enrichissant encore plus la structure qui ira en changeant son timbre pour monter d'une coche afin d'offrir une autre perspective mélodieuse. Un bon titre, simple et qui passe très bien. Sequential Feelings est un autre titre qui épouse le style Berlin School vintage avec une technique qui rend la musique maculée de bruits blancs et d'effets d'égratignures sur un vinyle. Le tout passe très bien dans les effets cosmiques d'un titre qui pige constamment dans les réserves de AE afin de toujours rendre sa musique minimaliste plus intéressante. In Solitude termine ce SYNTH COLLECTION Vol. 1 avec un long titre minimaliste cousu sur des riffs de clavier et des boucles séquencées. L'amalgame échafaude ses 13 minutes en étiolant une rythmique saccadée où circulent différents ingrédients de psybient comme des effets de réverbérations dans ces filaments qui ornent la passivité d'un titre minimaliste. Une ombre rythmique plus accentuée répond à cette première ossature en même temps qu'un nuage de brume s'insère dans les éléments atmosphériques du titre qui multiplie les boucles afin de pavaner sa richesse. Alors qu'on se dit; il manque de percussions et de solos ici, c'était comme si AE nous avait deviné! Il insère une pulsation en 1, 2 et 3 temps en même temps que les solos de synthé se mettent à sillonner ce rythme qui s'était adjoint une autre ligne du séquenceur plus harmonique. Le résultat est un titre minimaliste comme on les aime et un album qui me fait dire que ce Alba Ecstasy, ingénieur de carrière, a inventé une façon de voyager dans le temps! Il y a des titres sur ce SYNTH COLLECTION Vol. 1 qui endosse cette hypothèse. Et ce n'est pas juste à cause du son…

Sylvain Lupari (29/11/21) ****½*

Disponible au Alba Ecstasy Bandcamp

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