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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Fratoroler Augen-Blicke (2017) (FR)

Updated: Dec 8, 2022

Augen-Blicke est du bon Berlin School, un peu rétro, avec un délicieux virage vers des ambiances de Krautrock des années 70

1 Einblick 11:20 2 Weitblick 10:17 3 Rückblick 14:20 4 Augenblick 10:29 5 Silberblick 12:04 SynGate | CD-r FR06

(CD-r/DDL 58:32) (Berlin School, Neo-Krautrock)

C'était une question de temps avant que Thomas Köhler et Frank Rothe ne dévient de leurs routes de créativité afin d'embraser un autre genre que celui du Berlin School classique. Déjà que What!, paru l'année dernière, flirtait avec les essences du Krautrock, voilà que AUGEN-BLICKE confirme un peu plus l'orientation de Fratoroler pour une MÉ animée par les racines du rock progressif Allemand. La nouveauté? Thomas Köhler ajoute la guitare et les percussions à son arsenal d'instruments de musique qui sont confectionnées, ainsi que ceux de Frank Rothe, par les ingénieurs de Manikin. Cette permutation des tonalités d'antan avec la modernité des instruments de Manikin donne une saveur unique à ce néo-Krautrock où le côté psychédélique des ambiances reste toujours dominé par la nature des séquenceurs.

Une note de piano étend réverbérations et ambiances mélancoliques en ouverture de Einblick. Un effet percussif ayant la régularité d'un métronome qui est pressé de sortir la mélodie du piano de son socle rêvasseur augmente une forme de pression afin de créer du rythme. Une basse pulsation entend l'appel, de même qu'une guitare qui lance des solos roulant en boucles sous une trame musicale qui reflète un drame sonique. Cette intensité passive prend racine entre des nappes sombres et des arrangements orchestraux méditatifs qui, unies à la guitare, nous ramène un peu dans l'univers de Ashra et de Manuel Göttsching. La musique déroule un dense tapis parfumé d'essences orientales et, un peu comme les ambiances, le rythme reste passif et ce même si des séquences accentuent une présence qui se veut plus harmonique afin de soutenir les charmes d'une flûte lointaine. Les effets percussifs de l'introduction reviennent hanter la finale de Einblick qui se noie sous ces nappes et ces orchestrations mais qui respire grâce à ces solos de guitare qui vont et viennent en boucles harmoniques. Le jeu des percussions électroniques qui nous introduit à Weitblick respire celui de Tangerine Dream dans l'ouverture du magnifique Poland. D'ailleurs, les 10 minutes qui suivent semblent s'inspirer du modèle avec un enchevêtrement de lignes de séquences et des effets percussifs qui battent et pétillent sous des accords d'un clavier mélodieux et des nappes de synthé aux couleurs tant réverbérantes que d'un bleu azuré. Quelques chapelets de séquences scintillantes, des accords de clavier ainsi que des effets un peu plus bigarrés tentent de nous éloigner des inspirations du légendaire titre du trio Franke, Froese et Schmoelling mais c'est peine perdue car tout ce qui cogite autour, j'entends même des échos de Logos, nous ramène irrémédiablement à cette imposante œuvre de TD.

Nous avons droit à une petite pause chthonienne avec l'introduction de Rückblick. Lignes de flûtes, chorale satanique et effets de gaz neutralisant inondent nos oreilles qui sursautent légèrement avec l'arrivée inattendue de tintements harmoniques de petites clochettes séraphiques. On sent le rythme s'éveiller doucement, comme un cheval impatient, autour de la 4ième minute. Mais comme un effet sortilège, la flûte du Memotron calme cette impulsion qui semble naître que de mon imagination. La portion rythmique s'éveillera plutôt vers la 6ième minute avec une séquence résonnante, comme si elle venait du gros Moog de Redshift. L'éveil prend son temps et surgit avec une ligne moins ténébreuse qui sautille et entrecroise le mouvement alternatif du séquenceur comme des coups de ciseaux dans un tissu de musique. Ça donne ces beaux rythmes électroniques qui zigzaguent avec mille petits pas pressés dans un environnement aussi enchanteur que les années d'or de la MÉ vintage. Avec percussions et guitares, Augenblick offre un bons rock cosmique un brin psychédélique de ces mêmes années. Le son ainsi que la muraille d'effets et d'ambiances, et surtout les percussions saccadées font Ashra très vintage. Si j'ai bien aimé Weitblick, je trouve Silberblick bien meilleur. Le lien qui unit ces deux titres est l'ossature du rythme statique. Sauf qu'ici les synthés, très en mode Tangerine Dream, sont nettement plus dominants et insufflent des complaintes d'un bleu écarlate à faire éclater les tympans avec des effets sonores et une voile de musique qui flirtent avec une approche dramatico-intense. Peu à peu, le titre se détache de sa membrane statique et offre un rythme plus fluide qui me fait penser à du Green Desert, autant pour les percussions qui sonnent tellement comme ces vieilles boîtes à rythme électronique que les lignes et nappes de synthés qui lancent finalement de bons solos à mesure que la finale approche. L'art d'imiter Tangerine Dream sans que rien ne paraisse!

Je dirais un peu moins en mode créatif que What!, sauf que AUGEN-BLICKE reste dans la continuité des œuvres précédentes de Fratoroler. C'est du bon Berlin School, un peu plus rétro, avec un savoureux détour vers les ambiances du Krautrock des années 70. Mais pas assez pour effrayer ceux qui ont toujours été refroidi par ce genre musical consumé à l'époque par de fortes drogues hallucinogènes. Et ceux qui ont craqué pour Poland seront ravis d'y entendre des essences avec cette façon qu'ont Thomas Köhler et Frank Rothe d'imiter Tangerine Dream sans que rien ne paraisse!

Sylvain Lupari (22/11/17) ***¾**

Disponible au SynGate Bandcamp

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