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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Hinterland The Glass Shore (2022) (FR)

Les rythmes sont ici d'agréables compagnons d'une musique dont la sophistication reste au cœur de son intérêt

1 Harmonic Tide 8:36

2 The Environs of Time 6:05

3 Obsidian 6:32

4 Optical System 6:38

5 The Equivalence Principle 9:09

6 The Infinity Window 7:18

7 Reflector 6:24

8 The Glass Shore 6:50

(DDL 57:34)

(Dark Ambient, Cinematic score)

Codes of the Biosphere avait séduit un public friand de musique atmosphérique teinté d'éléments psychédéliques nouveau genre l'année dernière. L'album avait d'ailleurs gagné un prestigieux prix Schallwelle lors de ce gala visant à récompenser les artisans de la scène musique électronique (MÉ) en Allemagne. Fier de cet exploit, Hinterland exploite sensiblement le même filon, mais avec une plus grande ouverture sur les rythmes et une vision plus futuriste de ses effets sonores. Bref, une très belle continuité qui transcende la frontière tracée dans le premier album des musiciens Sean Costello (Isostatic) et Don Tyler (Remote Vision).

Harmonic Tide débute avec une vague de sons houleuse. Puissante, cette onde de vrombissements est accompagnée par des effets sonores organiques d'un univers psybient futuriste. Du néo psybient! Une onde plus musicale se détache de ce long bourdonnement qui se déploie par fines secousses avec une empreinte industrielle de rattacher à sa texture. Le titre évolue avec une multiplication des nappes de synthé, jouant sur les paradoxes des couleurs contrastantes dans une vision atmosphérique futuriste de par la nature de ses effets sonores et de ces voix distantes qui marmonnent dans un dialogue de machine. Au fond, c'est titre ambiant avec un regard de tristesse sur un société dystopique. Le décor et les textures métamorphiques des nappes et des ondes de synthé ornent le panorama sonore de THE GLASS SHORE. C'est la moelle épinière des ambiances de cet album dont la musique aime projeter cette vision de société soumise à des dictats totalitaires. C'est sous ce décor que The Environs of Time déploie une texture sonore qui chante comme une invasion de criquets extraterrestres en chaleur par une trop chaude nuit de pleine lune. Ces bourdonnements ont une texture alarmante et la fluctuation des ondes laisse échapper des murmures à peine audible. La seconde partie du titre est moins métallique industrielle et offre un des beaux passages éthérés de l'album. Le mouvement dans Obsidian se compare à un lent maelstrom de magma qui avance avec une effet de rétraction tant sa masse est compacte. Des artifices sonores éclatent ici et là. Sonnant comme des accords déchus du clavier, ils donnent une dimension à la fois spectrale et extra-terrestre aux ambiances de ce titre qui parfois donne l'impression d'entendre une navette spatiale avançant à contrecourant des forts vents cosmiques. Optical System est le premier titre à proposer une substance rythmique. Auparavant, il exploite cette division des ondes de synthé dans une ouverture toujours très atmosphérique où une vague de bourdonnement fait duel à une qui est plus opalescente. L'environnement est du genre sci-fi mais avec une connotation de jeu vidéo, par la présence de tirs d’une source qui reste à identifier. Le rythme émerge de cet opaque décor autour de la 3ième minute sous des diffusions de rayons de cerceaux sonores toujours intenses. La basse pulsation est laconique avec une texture organique caoutchouteuse. Le séquenceur libère une belle phase de rythme qui court sur les résonnances élastiques de cette basse pulsation qui grommèle sous un ciel encore penturé de ces effets sonores annonciateurs de désastre.

Ouverture et fermeture en mode atmosphérique futuriste apocalyptique, avec un alliage de lignes de synthé dont les gémissements sonne comme du bon Vangelis, The Equivalence Principle déploie sa progression rythmique avec des pads de synthé qui sont découpés sèchement. Ça donne une structure de rythme zigzagante qui rappelle étrangement celle d'Edgar Froese dans Drunken Mozart in the Desert de son majestueux Stuntman. Un titre qui surprend et qui demande plus qu'une écoute. The Infinity Window pourrait quasiment provenir de Optical System, tant la tonalité granuleuse de ses ondes bourdonnantes s'y colle. Les nappes de synthé ont aussi ce caractère austère qui prévoit un cataclysme à venir. Une ombre pulsatoire vibrionne une 30taine de seconde après la 2ième minute. Son débit est lent et palpite sous des ondes qui roulent dans l'horizon avec cet impact apocalyptique à la Vangelis. Le rythme qui suit offre des séquences aux deux teintes qui gambadent dans une brume réverbérante. Les woosshh et les wiisshh étalent leur puissance sans amortir cette séquence de rythme qui se noiera dans un tintamarre de crissements qui n'a rien à envier à une fin du monde en sons stridents. C'est ainsi que la phase rythmique de THE GLASS SHORE se termine. Une nappe de bourdonnement adoucit sa montée sonore en ouverture de Reflector. Le mouvement est austère avec une tonalité scindée en deux visions, en deux textures contrastantes dont une qui est bien mélodieuse avec son parfum de vieil harmonium. Toujours lent, le titre évolue vers une phase d'ambiances futuristes avec des accords qui sonnent comme des carillons et des effets de voix qui auraient fait les délices de Star Wars, notamment les Ewoks. Comme les lumières sonores d'un phare qui sert à guider les navettes spatiales, la pièce-titre termine ce THE GLASS SHORE avec des nappes de synthés aux vibrations bourdonnantes qui balaient l'horizon de mouvements circulaires. Des ondes plus translucides se détachent et leurs ombres ont une tendance plus rampante, créant une vision de mélodie méditative spectrale dansant une lente valse pour solitaire dans un ciel ténébreux. Une nappe de basse respire dans cet intense décor, ajoutant un poids dramatique qui sied bien à cette tentative de mélodie brumeuse qui tente de sortir de ce gros nuage de radioactivité sonore.

Dans cet univers de MÉ où les frontières de l'avenir sont l'apanage d'une société dystopique, la musique de THE GLASS SHORE se démarque par cet esprit novateur que Hinterland a su donner aux textures de Codes of the Biosphere. Le duo Costello/Tyler a cru bon de donner plus de vie à leur musique avec des textures de rythme qui sont des compagnons d'agrément à une musique dont la sophistication reste au cœur de son intérêt. À écouter les oreilles bien au chaud dans des écouteurs et les yeux rivés dans le noir afin de saisir cette continuelle subtilité qui s'échappe de chacune des structures de ce très bel album qui nous provient du label américain Exosphere.

Sylvain Lupari (18/10/22) ****½*

Disponible chez Exosphere Bandcamp

(NB : Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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