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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Kelmen Results (2023) (FR)

Un des meilleurs albums sortis de Manikin depuis très longtemps

1 First Result 20:26

2 Second Result 32:24

3 Third Result 9:54

4 Fourth Result 12:42

(CD/DDL 74:48)

(New Berlin School)

Un peu comme les labels DiN et Groove, Manikin est une valeur sure lorsque vient le temps de se procurer un CD manufacturé de musique électronique (MÉ) de style Berlin School et de ses dérivés. Si ces 3 labels ont une esthétisme sonore qui identifie spécifiquement leurs sons, le label de Mario Schönwälder est celui qui se démarque par cette tonalité limpide liée à ses propres instruments et à un style qui est moins éclectique que chez DiN et Groove. Nous savons d'emblée de quoi est faite la musique des artisans du label; de la Berlin School nouvelle et revampée par cette panoplie de synthétiseurs, mellotrons et séquenceurs conçus par leurs musiciens-ingénieurs. Et comme avec ces 2 labels, il arrive qu'une très belle pépite, qu'un petit chef-d'œuvre sorte pour le plaisir de ces oreilles devenues plus sélectives et plus exigeantes avec les années. RESULTS de Kelmen est ce genre de pépite musicale! Projet formé de Detelf Keller et de Michael Menzman Menze, qui se sont rencontrés à Hilden (North Rhine-Westphalia en Allemagne) lors d’une session de jam qui réunissait des amis musicien-synthésiste, KELller & MezMEN ont développé une chimie qu'ils ont décidé de poursuivre dans les studios de Detlev Keller. Ce qui nous amène à cet album qui est un des plus beaux à sortir de la maison Manikin depuis fort longtemps.

Planante, une onde de synthé alliant cordes de violons et texture ombrageuse accueille le premier jet du mellotron de l'album. Combinant les tonalités de flûte et de saxophone, cette mélodie plaintive et son essence du Moyen-Orient reçoivent les caresses d'une voix féminine, réminiscence des œuvres ambiantes et tribales de la série Repelen de Broekhuis, Keller, Schönwälder, Ebert & Kagermann. Cette ouverture atmosphérique étire ses charmes sur plus de 3 minutes, moment où le séquenceur libère des arpèges sauteurs qui gambadent innocemment d'une oreille à l'autre. L'expiration des pads de synthé graves ajoutent une touche dramatique à ce rythme fait pour faire danser les neurones, ça me fait plutôt penser au titre Arpégiateur de Jean-Michel Jarre, alors les brumeuses mélodies du saxophone continuent d'amener nos sens vers une destination orientale. Cette seconde phase de First Result effectue sa ronde minimaliste sur un trajet musical de 7 minutes avant que la musique se dirige vers une 3ième métamorphose autour de la 10ième minute. Le changement est subtil avec un mouvement plus pulsatoire du séquenceur qui structure un rythme ambiant et circulaire où s'étendent d'autres complaintes flottantes du synthé qui divise assez bien ses tonalités de saxophone et celles plus près des frontières électroniques usuelles. Des nappes de voix astrales, des tintements égarés dans leurs échos et autre textures électroniques enjolivent les 10 dernières minutes d'un titre qui explore plus les labyrinthes d'un New Berlin School au rythme aussi rêveur que magnétiseur.

S'étendant sur plus de 30 minutes, Second Result est le titre-phare de cette première collaboration Menze&Keller. Ce petit bijou de musique évolutive n'aurait sans doute pas le même impact sans la présence Dirk Brand, qui était aussi batteur-percussionniste sur l'album Insights de Menzman & Friends. On entend d'ailleurs le frottement de ses cymbales dès l'ouverture. De discrets effets de synthé, genre pépiements, et des ondes circulaires et vibratoires injectent une texture de bourdonnements noirs dans cette ouverture où un autre synthé étend des solos aux harmonies plaintives. Des coups de percussions bien éparpillés mettent notre écoute sur le qui-vive, alors que les doigts sur un piano électrique font muter les mélodies ambiantes du synthétiseur. Une certaine complicité s'entend entre ce piano et la batterie, guidant même Second Result vers sa première chevauchée rythmique quelques secondes après la 5ième minute. Trouvant son élan sous la mélodie du clavier, le séquenceur sculpte un rythme ondulatoire. Imaginer le doux ballant rythmique de P.T.O. dans Body Love, mais avec un débit plus rapide, et vous avez cette première structure de rythme dans Second Result. Une belle flûte recouvre ce mouvement ascensionnel saccadé, amenant le batteur à libérer quelques frappes. Des voix éthérées et des nappes de brume orchestrale s'ajoutent, de même que des effets sonores qui nous rapprochent de l'univers de Robert Schroeder et de séduisants éléments percussifs qui ajoutent une touche organique à cette phase de rythme qui reçoit constamment des caresses des cymbales. Une 3ième mutation s'organise autour de la 17ième minute, amenant un rythme plus rapide avec de vives oscillations du séquenceur et dont les alternances saccadées structurent une phase spasmodique sous une pléthore d'effets sonores et de textures de synthétiseurs usuels au style. Le séquenceur fait rouler ses boules de rythme dans une vitesse à en faire trébucher quelques-uns, créant ainsi un séduisant effet de dribblage sous un feu d’artifices sonores. Et si le mouvement perd un peu de vitesse, c'est pour mieux réorienter son rythme qui embrasse une forme de EDM, me rappelant l'explosion rythmique du fameux 12 Samples de Ashra dans les albums Sauce Hollandaise comme dans le superbe @shra. Du pur bonheur! Ces 2 titres, qui avoisinent les 53 minutes, valent l'achat du CD. Mais Kelmen gratifie nos oreilles de 2 autres titres, moins solides mais tout autant agréable.

Une lourde nappe de résonance donne une texture dramatique à l'ouverture de Third Result qui s'accrochera à nos oreilles avec une mélodie synthétisée vampirique qui oscille d'une façon répétitive. Le décor tonal fait entendre un genre d'effet de remous dans le fond musical, alourdissant ainsi une musique dont les modulations dans les couleurs et la forme des oscillations diminuent ainsi l'aspect répétitif de sa mélodie. Des orchestrations brumeuses, des accords de clavier et autres effets électroniques ajoutent un peu de couleurs à une MÉ assez hypnotique. C'est une approche orchestrale assez solennelle qui ouvre les dimensions de Fourth Result. Le clavier y délie une sorte de procession inversée où les arpèges de verre d'une mélodie à la fois austère et nostalgique tissent une lourde ambiance cinématographique. Les cymbales frissonnent sur les roulements aléatoires de la batterie. Les orchestrations sont dans le ton et nous sommes dans une texture ténébreuse fortement théâtrale qui nous ramène à l'époque de Walter Christian Rothe et de son magnifique et romantique Let The Night Last Forever. Tout change lorsque nous approchons la barre des 5 minutes. Le rythme devient pulsatoire avec des basses séquences qui sautillent avec de fines modulations dans le timbre. Divin, le mellotron continue l'axe mélodieux entrepris par le clavier alors que les percussions donnent un second élan au rythme, structurant un rock électronique qui a soif de danser. Le séquenceur fait dribbler ses accords cadencés et le synthé-mellotron multiplie ses solos enchanteurs, vissant pour une énième fois nos oreilles à nos sens dans une finale qui ne peut que commander une autre écoute de RESULTS.

Sylvain Lupari (07/01/23) ****¾*

Disponible au Manikin Records

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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