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  • Writer's pictureSylvain Lupari

KLAUS SCHULZE: Kontinuum (2007) (FR)

C'est un bel album où Klaus Schulze remet dans nos oreilles ses vieux parfums pour nous offrir ce qu'il a oublié depuis des années

1 Sequenzer (From 70 to 07) 24:54

2 Euro Caravan 19:41

3 Thor (Thunder) 31:47

SPV | 49392 CD

(CD 76:22)

(Classical Berlin School)

Il y a 2 façons d'entendre et de discuter de cette dernière parution de notre ami Klaus Schulze; avec les oreilles d'antan et celles plus critiques qui sont imprégnées d'une attente plus contemporaine. KONTINUUM vogue entre les deux pôles de Klaus Schulze. C'est un album qui embrasse les noblesses d'antan. Du temps de Mirage, Blackdance et même Irrlicht. Un album qui traverse aussi l'épineuse dimension numérique et qui surfe sur les délices interdits de Moonlake tout en laissant les portes musicales ouvertes pour le dramaturge musical que peut être KS lorsqu'il se met à investir ses ténèbres par de sulfureux délires cosmiques.

Sequenzer (From 70 to 07) veut tout dire! Dès les premiers accords aux tonalités de prismes congelés dansant avec les vents du vide, le titre embrasse les phases d'un superbe et doux maelström séquencé qui nous enveloppe et nous fait planer dans une danse d'accords limpides tournoyant dans les caprices de nos rêves. Ces accords voltigeant avec une ferveur contenue forment un élément de séquences qui virevoltent nerveusement et dont les formes ovales croisent une autre ligne de séquences qui papillonnent inlassablement dans un étonnant duel qui caresse la vie arythmique. On flotte dans cet univers mi ambiant mi rythmé digne des spicilèges analogues des années Mirage avec cette ode aux saveurs d'antan où ce rythme, divisé par ses accords et ses séquences, sautille sur place et se laisse graduellement caresser par de fins filets de voix et de discrets arrangements orchestraux. Des sombres strates enveloppent ce rythme torrentueux qui tournoie avec ivresse par la douce vélocité des accords isolés dont les sauts asymétriques finissent par forger une étonnante homogénéité harmonieuse et qu'une douce voix séraphine capture pour apporter aux portes du temps. C'est beau, c'est serein et ça va plaire assurément aux amateurs d'un Schulze cuvée 70. Sequenzer (From 70 to 07) se meurt dans des vents noirs qui échouent sur la tranquille ouverture de Euro Caravan.

Une voix anonyme pousse ses blessures du temps sur ces vents noirs et creux, moulant une introduction planante qui augmente tranquillement la cadence vers la 9ième minute. Le rythme épouse un galop cosmique avec une ligne de basse lourde et des accords aux tonalités de caoutchouc organique qui palpitent dans les échos de sobres tam-tams. S'arrimant à la finale venteuse qui endort le rythme de Euro Caravan, Thor (Thunder) envahit nos oreilles avec un long titre d'ambiances qui ne sont pas sans rappeler les errances cosmiques de Irrlicht. Des souffles flûtés chantent dans des brises d'Orion qui par moments épousent les gémissements de chœurs cosmiques. Mais nous sommes en terrain connu. Ces harmonies imparfaites sont le sceau de Klaus Schulze qui prend un plaisir évident à meubler son univers plasmatique de tonalités iconoclastes qui sérénadent dans un monde de confusion. Des accords organiques émergent et dansent dans des tonalités de tam-tams vaporeux alors qu'une ligne de synthé crache des harmonies nasillardes qui suintent dans des brumes cosmiques. Et subtilement cette intro ambiosphérique s'immole en un rythme nerveux, nourri d'accords secs qui palpitent dans une fusion de brumes et de chœurs soumis. Et Thor (Thunder), qui n'a de tonnerres que son titre, continue sa progression minimaliste dans une ascension arrosée ici et là de douces lignes plus mélodieuses et de contrastes ambiosphériques où crissent des ombres de solos, pleurent des lamentations et murmures astraux et s'agite un tranquille bouillon d'ions forgeurs de rythmes évasifs dans ce magma musical qui refuse d'exploser, préférant le douillet confort de son approche abstraite.

KONTINUUM est un splendide album. Du grand Klaus Schulze qui ressort ses vieilles fragrances pour nous offrir ce qu'il s'était interdit depuis belle lurette; un album dans la plus pure des traditions de X et environs. C'est donc une agréable surprise pour nous qui sommes inondés des sublimes rééditions en Blackdance et Live (j'y reviendrais) et autres albums aux arômes analogues offert par une pléiade d'artistes émergeants, émules du grand maître. J'ai adoré autant, sinon plus, que Moonlake, quoique Playmate In Paradise…hum…! C'est un voyage dans le temps où le magnétisme des douceurs analogues et de ses structures minimalistes nourrissaient nos rêves éveillés et nos hallucinations en groupes. Ça coule dans nos oreilles et nos souvenirs…comme à la belle époque. Un incontournable qui se terre dans une merveilleuse pochette et une excellente observation de KDM. Pour une rare fois, je suis en total accord avec ses écrits.

Sylvain Lupari (08/03/13) ****½*

Disponible chez Groove

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