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Writer's pictureSylvain Lupari

LOGIC GATE: Voyages (2008) (FR)

Les fans de la Berlin School vintage tournant sur de lourdes séquences sombres, vont se régaler

1 Into the Infinite 9:12  

2 Voyager 12:05  

3 Starlight 4:58  

4 Permafrost 7:35  

5 The Voyage Home 14:52

(DDL/CD-R 48:41) (V.F.)

(Vintage Berlin School)

Des lignes de brumes ondoient paresseusement dans une quiétude astrale, comme des minous de pissenlits poussés par les faibles vents de canicules. C'est avec cette intro au doux parfum de Mellotron suspendu dans l'air du temps que Into the Infinite nous convie à un autre festival Mémorandum hommage à Tangerine Dream. Une ligne de basse étend ses lourds accords séquencés qui épousent les sinuosités des lignes de brumes, poussant le tempo vers un mouvement circulaire où les harmonies nous plonge dans les ténébreuses ambiances de Stratosfear. Lourd et fluide, le rythme de Into the Infinite s'engouffre dans des voix chtoniennes avant de baisser son intensité sous les caresses d'un synthé aux lignes très détachées du style des influences de Steve Grace, mais tout autant musicales. Un bref moment d'accalmie où le rythme lourd reprend ses droits avant de sombrer pour de bon dans les soupirs et les chants des corps astraux. Ne vous en déplaise, Logic Gate revient hanter les sphères de la MÉ avec une autre œuvre qui dépeint le culte de son créateur pour la MÉ noire des années analogues. Et comme From the Silence, VOYAGES est à croquer les oreilles pleines et ce même si Steve Grace nous gratifie d'une approche plus originale.

Voyager est un bijou d'ambiances noires et sinistres. Le bateau est sur la mer. Charmant les mouettes de ses ondulations copulatrices avec les vagues, il est frappé par une lourde pulsation sombre qui fait du surplace avec frénésie. Ces pulsations éveillent ces nuages de brume qui emplissent les ambiances morphiques des œuvres de Logic Gate avec des vents de violons qui camouflent la discrétion des notes de piano dont le synchronisme fuit celui des séquences. Et doucement, ce rythme pilonné avec entêtement s'évanouit dans les braises lunaires d'un long passage ambiosphérique où ces notes de piano frappées dans l'art minimaliste tracent les harmonies d'une berceuse pour chérubins diablotins qui se laissent caresser volontiers par les splendeurs d'un hautbois forgé dans la patience des synthés. C'est superbe et intensément sensible. Sauf qu'un lourd drone en secoue la quiétude un peu après la 7ième minute. Un puissant souffle éraillé qui en amène ses triplets, et d'autres souffles plus stridents, perturbant une ritournelle de quiétude que l'on aurait voulu éternelle et qui revient de plus belle après cette tempête inutile, amenant dans son sillage ces séquences que l'on avait perdu de l'oreille. Ces séquences, mais aussi des percussions, et leurs cliquetis assomment la finale de Voyager d'un rythme aussi lourd que lent qui s'enveloppe d'un très beau voile symphonique. C'est un superbe 12 minutes bien placées! Starlight est un court titre ambiosphérique où des tonalités cosmiques égrènent leurs oisivetés dans des couches de brumes et dans le lit d’une lente approche mélodique égarée de Voyager. Ça me rappelle un mélange chtonien de Rogue Element et cosmique de Software, notamment au niveau des séquences limpides qui tournoient avec tant de langueur. C'est peut-être court mais ça reste très musical.

Trappé dans les lourdes et denses strates d'un Mellotron et de ses gaz de brouillard, le rythme de Permafrost est aussi soporifique que son carcan de brume. Une belle ligne d'un synthé solitaire en balaie sa rêverie sous des vents d'un océan de feu, alors que des accords d'un piano électrique errent avec une harmonie pleine de déjà-vus sous les lentes pulsations d'une ligne de basse qui fuie le rythme devant tant de banquises de brouillards. La marche noire à beau changé de peau vers la 7ième minute, troquant ses voiles de brumes pour une intense chorale chtonienne; Permafrost reste aussi apathique que noir, mais dégage toujours ce doux parfum de sombre folie nocturne qui trempe toujours sous les plis de nos draps de terreur. C'est dans ces ambiances que The Voyage Home nous imbibe afin d'emmurer le voyage sonore de VOYAGES dans un bain de nostalgie. Des couches de synthé aux musicalités intemporelles soufflent sur des fines touches séquencées qui trempent le bout de leurs notes dans une splendide ligne tissée dans les harmonies noires d'une vieille orgue à la Klaus Schulze, Irrlicht, et de ses chants fantomatiques. Ces séquences se suivent à la queue leu-leu, moulant les caprices d'un mouvement qui répond de son écho dans une dense toile musicale vampirique. Une autre ligne de séquence, aux touches pulsatrices plus sombres, forge un lent rythme minimaliste ascensionnel qui arpente le vide dans ce duel lyrique que se font les lignes de brume et les harmonies glauques d'une orgue des ténèbres. Une belle ligne flûtée ressurgit du passé, caressant un rythme qui s'était perdu dans ces souffles noirs pour un bref instant avant de reprendre ses droits à un rythme circulaire plus vivant mais toujours drapé de cet intense voile morphique qui retient les rythmes de VOYAGES dans sa belle prison de brume.

Différent de From the Silence, VOYAGES n'en demeure pas moins qu'encore très beau. Logic Gate offre un album plus personnel où les rythmes sont plus évasifs et les ambiances plus noires. Un album qui exhale à plein vents les réminiscences de ses influences mais avec une plus grande liberté qui fait que VOYAGES offre plus d'originalité dans un pattern musical où le sommet semble inatteignable. Les fans de vieux Berlin School aux lourdes emprises des orgues des ténèbres courant sur de lourdes séquences obscures vont se régaler.

Sylvain Lupari (19/03/13) ***½**

Disponible au Logic Gate Bandcamp

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