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Writer's pictureSylvain Lupari

RAINBOW SERPENT: Pulse (2000/2015) (FR)

“Pulse est un très bel album qui mélange merveilleusement les deux pôles de la MÉ, le vintage et le New Berlin School”

1 Pulse Trancemission 15:12 2 Part I 13:25 3 Part II 10:45 4 Part III 10:28 5 Part IV 4:17 6 Alien Nature 14:23 7 Part V 9:50 SynGate Records ‎| RSX-4 (DDL/CD-r 78:28 ) (Vintage and Contemporary EM)

WoW! J'ai complètement passé à côté de cet album! Et c'est une des bonnes raisons que j'apprécie les rééditions du label SynGate. Bon an mal an, le label Allemand ressuscite un album oublié dans le temps sur sa plateforme de téléchargement. Un album qui très souvent est un incontournable et qui est resté bien blotti à l'intérieur de ses frontières. PULSE de Rainbow Serpent est ce genre d'album. Coulé dans 7 titres qui s'imbriquent dans des ambiances aussi alambiquées que ses rythmes tissés dans une complexité créative, mais qui coulent tellement bien entre les oreilles, ce 8ième album de Rainbow Serpent est le parfait exemple de la dualité entre l'approche harmonieuse de Frank Specht et celle un peu plus audacieuse de Gerd Wienekamp.

Pulse Trancemission débute très lentement avec des soupirs de machineries informatiques dont les résonances amplifient la présence du vide. Des effets électroniques dessinent un langage informatique, amenant la premier titre de PULSE aux abords du psychédélisme cosmique. Une nappe de voix étend un parfum vintage. Elle précède les premières pulsations de Pulse Trancemission qui épousent ceux d'un paisible rythme cardiaque. Les synthés divisent ces nappes entre des effets de voix et de brume, en n'oubliant pas d'étendre un voile orchestral qui sert d'amorce à une pluie de crépitements et à des tam-tams ambiants qui résonnent au loin. Nappé d'une chorale cosmique, le rythme de Pulse Trancemission déjoue les pronostics avec une approche lourde et vive. Il déploie ses courbes parallèles qui ondulent avec fluidité dans le tumulte des percussions ambiantes, des percussions genre transes claniques à la Klaus Schulze dans les années Picture Music, ainsi que des effets électroniques et des solos d'un synthé qui sifflote comme un rossignol mécanique avec une voix en mutation. Parfois, une pulsation s'égare et cherche à se sauver. Elle perd de sa vitalité dans de larges bancs de nappes interstellaires gorgées de pépiements électroniques et de voix éteintes ainsi que des pulsations qui nous amènent à ce fascinant dialecte électronique dont les boucles bien ficelées forgent une surprenante séquence de rythme. Le mouvement de Part I ressemble à celui d'une fête foraine que l'on entend au loin. Bien loin dans le cosmos! Encore là le mouvement est fluide. Il s'accroche à ses boucles oscillatrices qui s'appuient sur des pulsations sobres et les bruits entraînants des cymbales. Les chants des synthés sont perçants et dessinent des figures acrobatiques qui virevoltent au-dessus de ces inlassables boucles de rythmes électroniques. Les percussions déboulent vers la 4ième minute. Leurs fracas dispersés structurent un rythme ambiant, un peu comme Grosskpof dans les ambiances de Schulze. Un beau mouvement de séquences sombres s'échappent alors que Part I s'enveloppent de brume aux abords des 7 minutes. Le rythme devient fluide et lourd, comme dans les années Phaedra, sous des nappes de brume et de voix avant que des pulsations plus vives l'amènent non loin d'un techno morphique. L'un des charmes de cet album est sans doute cette fusion de tonalités organiques et de percussions ambiantes qui sonnent tellement comme les rythmes insondables de Klaus Schulze dans Picture Music. Sauf que l'enveloppe contemporaine du son embrouille notre mémoire, de sorte que l'impression de déjà entendu fait place à une forme d'éblouissement.

Part II abreuve ses ambiances dans ce maillage de tons et de tam-tams rétro. Peu à peu le rythme qui s'organise autour d'un genre de Groove cosmique dont les déhanchements de notre corps ondulent dans une intense phase cosmique. Les synthés et leurs effets sont très mélodieux et se rapprochent énormément de Frank Specht dans Sebastian Im Traum. C'est un beau moment d'ambiances un peu plus célestes avant le rythme vif et fluide de Part III qui nous amène ni plus ni moins dans du Ramp, du Redshift ou si vous aimes mieux dans du bon vieux Tangerine Dream. Le jeu des percussions, tant dans les cliquetis que les Bongos, ajoute une profondeur électronique plus contemporaine à ce rythme enseveli sous une bonne chorale chthonienne. C'est très bon. C'est le titre qui accroche le plus notre attention à la première exploration de PULSE qui plonge par la suite dans une phase très ambiosphérique avec Part IV et son vocodeur qui semble réciter une prière sur les amères constats d'un champ de bataille et de sa brume de sueur. Ça me fait penser énormément à du Pink Floyd dans Animals, Sheep. Le dialogue des machines se poursuit avec Alien Nature, un titre complexe qui mérite d'être découvert. La première écoute peu déplaire avec cette voix de machine qui baragouine un langage secret que seul un peuple de nomades très anciens semblent comprendre, si l'on se fie à cette structure de rythme qui épouse un genre de transe clanique avec des d'halètements qui soufflent en boucles. Ça me fait penser aux structures aborigènes de Steve Roach. Les 3 premières minutes de Part V prolongent cette phase ambiosphérique avec un synthé qui libère des torsades multi-soniques au-dessus des cliquetis de cymbales. Une séquence basse pulse un peu après la 3ième minute, allumant une structure de rythme nerveuse où séquences et percussions papillonnent sans rythme précis avant de plonger le dernier titre de PULSE vers un rock électronique plombé par une approche technoïde dissimulée dans cet univers de rythmes Teutoniques unique aux approches de ces groupes Allemand qui ont toujours su amener leur joyau de la MÉ de style Berliner vers d'autres cieux. Ouais...un foutu bel album. Pas facile d'accès mais d'une incomparable richesse.

Sylvain Lupari (24/01/16) *****

Disponible chez SynGate

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