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  • Writer's pictureSylvain Lupari

RUDOLF HEIMANN: Tide (2010) (FR)

Tantôt explosif et parfois spatial et la plupart du temps très punchy, Tide est une surprenante mosaïque de rythmes et mélodies

1 Up & Down the Waves 6:23  2 Driftwood 8:10 3 Staring at the Sea 8:42 4 Absorbed in Thought 9:58 5 Awaiting the Tide 5:07 6 Offshore 10:36 7 Stranded on your Shore 8:02 8 Morphologic Resonance 6:35 Spheric Music | SMCD 8304

(CD 64:00) (New Berlin School)

Caméléon sonore ou bien troubles de la personnalité multiple? Il est assez difficile de cerner l'univers musical de Rudolf Heimann. Bien qu’il soit un vétéran de la scène électronique Berlinoise depuis plus de 20 ans, c'est la toute première fois que mes oreilles croisent les rythmes croisés et chaotiques du synthésiste Allemand qui niche maintenant au label Spheric Music. Rudolf Heimann, qui tente un retour après plus de 13 ans de silence, offre en TIDE un album aux rythmes ambivalents et aux structures qui tanguent entre le hard et le soft techno. Il aime effleurer de relatives douceurs cosmiques sur des séquences et des percussions chaotiques ainsi que de superbes arrangements qui ne sont pas sans rappeler le complexe univers de Geoff Downes, et peut-être même Johannes Schmoelling pour la touche mélodique. En gros, un album intéressant qui plairait assurément aux amateurs de Tangerine Dream des années 90.

Un rythme soutenu, tel un bon rock pesant avec de solides percussions, un clavier qui échappe de lourds riffs et un séquenceur aux boucles roulant en écho, Up & Down The Waves ouvre l'album avec une solide approche rythmique. Un beat infernal, genre tape-du-pied, assiégé par un synthé hybride dont la multiplication des solos s'entremêle à des refrains synthétisés où l'approche poétique du synthésiste Allemand est plus qu'une simple combinaison de sons. Disons que ça part très bien! Driftwood nous propulse sur les planchers de danse des années 80 avec un lourd synth-pop qui tressaille sous de bonnes pulsations et des percussions claquantes. Une guitare acoustique encadre l'approche mélodieuse par un clavier et ses échantillonnages de voix. Le débit syncopé des lourdes strates métalliques amplifie le rythme fébrile tout en apportant une autre dimension mélodieuse à ce lourd synth-pop techno très accrocheur qui dévie vers une finale plus cosmique. On sent une nette influence de Tangerine Dream, années Private Music, sur Staring at the Sea qui est plus léger et nettement plus électronique que son prédécesseur. Le tempo est doux, plus rêvasseur et plus près des terroirs électroniques avec des langoureux solos de synthé qui se faufilent parmi de bonnes frappes de percussions et de bons arrangements, où accords et effets sonores sont bien insérés, témoignant de l'expérience de Rudolf Heimann dans les sphères de la MÉ. Absorbed In Thought est un beau titre où les séquences sautillantes claquent dans un délicieux élixir de strates langoureuses, valseuses et morphiques sur un tempo métissé entre le Space Rock ou une MÉ planante. Un très beau titre avec une belle poésie musicale où les solos fusionnent avec de denses ondes de mellotron sur une structure finement chaotique et mélodieusement cadencée.

Avec ses riffs de guitare aux saveurs de l'ouest américain, Awaiting the Tide oscille entre un country rock cosmique et un soft techno aux solos de synthé torsadés qui épousent à merveille les accords de guitares. Une belle pièce, toute mignonne, qui devrait plaire à ceux qui ont aimé cette période Melrose. Offshore souffre de dédoublements de structures musicales dans une totale frénésie de dualité rythmiques. La beauté de ce plus long titre dans TIDE réside dans la complexité de sa structure qui se subdivise en plusieurs approches rythmiques, embrassant tout autant le dancefloor, le soft techno, le break techno et la MÉ séquencée avec des lignes de séquences entrecroisées. Ce rythme court sur différentes phases rythmiques avec des sonorités de DJ aux croisements modernes et une fusion analogique/numérique. Un titre étrange et intriguant qui demande une bonne ouverture d'esprit, tant la dualité des tempos peut être incohérente avec la multiplicité des sonorités et effets sonores. Plus reposant Stranded on your Shore est une vraie ballade électronique qui mélange un beau genre de ballet cosmique et une comptine dont les prismes de verres ondulent avec une délicatesse poésie. C'est tout simplement beau et envoûtant avec fragrance de Tangerine Dream, cette fois-ci des années Le Parc et Legend. Morphologic Resonance termine TIDE avec de lourdes résonances qui tâtonnent à pas de loup. Le rythme se développe lentement avec des accords saccadés qui voltigent dans un environnement hésite entre le rock cosmique et un rock. Des accords de guitares forment un doux chapelet mélodieux qui stagne pour s'élancer dans les sentes d'un soft techno, témoignant de l'ambivalence des structures rythmiques qui sillonnent tout le parcours de cet album.

Je dois admettre que l'écoute de TIDE m'a rendu perplexe, tant la diversité est pour le moins étonnante. Sauf qu'en s'y arrêtant de plus près et en écoutant plus attentivement toutes les subtilités et arrangements qui sont le nœud de l'album-retour de Rudolf Heimann, on parvient à franchir cette constante coexistence entre le soft et le hard techno, ainsi que ses étranges structures difficilement identifiables qui tantôt rappellent soit Tangerine Dream, soit Geoff Downes et même Depeche Mode. Le souci du détail est fortement ancré dans ce fascinant festin des rythmes et sonorités qu'est ce dernier opus de Rudolf Heimann.

Sylvain Lupari (10/07/10) ***½**

Disponible chez Spheric Music, CD Baby, Syngate and Groove

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