“C'est de l'art rythmique pour les oreilles et l'esprit sur un gros 77 minutes de MÉ sauvage et accrocheur”
1 To Distant Seas 4:14
2 Machines Starting Machines 5:04
3 Orbit 5:46
4 Lifeforming 7:16
5 Lost Cargo 3:14
6 Doubtful 4:23
7 Big Hall 5:22
8 The Rain on a Green Base 4:08
9 Plantae Synthetica 3:56
10 LXM 404 6:25
11 All the Stars (review) 3:20
12 The Course of Origin 7:02
13 It wants to Live 5:42
14 Critical State 5:14
15 Sense of Life 6:07
(CD/DDL 77:21)
(E-Rock, EDM Electronica)
Quel album mes amis! Présenté dans son entièreté lors d'un concert haut en couleurs, en images et en sons (à quand une vidéo sur YouTube?) au célèbre Planétarium de Bochum le 28 janvier dernier, GENESYS 23 (The Course of the Origin) est un solide album concept qui tourne autour de 15 titres s'enchainant dans un décor lunaire et d'échantillonnages de voix intersidérales. Ces voix n'ont rien d’agaçant. Elles sont au cœur de l'action en informant l'auditeur du déroulement de l'histoire derrière cet album-concept de Stefan Erbe qui n'a rien laissé au hasard pour le plaisir de nos oreilles. Il a ainsi tissé une complexe mosaïque d'ambiances cosmiques qui fait circuler une panoplie de rythmes électroniques flirtant avec l'usuelle palette des rythmes du musicien-concepteur Allemand. Que ce soit dans des textures de rock électronique purs, fortement influencé par le Tangerine Dream des années Schmoelling, de techno puissamment martelé par un costaud duo du séquenceur et des percussions électroniques et de l'Électronica à nous faire virevolter, les multiples rythmes de GENESYS 23 (The Course of the Origin) s'adoucissent dans des visions de synthpop et d'ambiances cosmiques cinématographiques où les mélodies et les arrangements sont à l'origine de ces multiples frissons qui accompagnent la découverte de cet autre solide album de Stefan Erbe. Dans ce décor relevé par des arpèges en verre dont les tonalités très Vangelis nous amène au seuil de l'univers Blade Runner, l'album vit sur des rythmes toujours enlevants, sauf pour quelques épisodes de mélodies ou de moments mélancoliques, qui sont entrecoupés par de brèves phases d'ambiances d'un univers de dystopie ou semblable à celui de The Last of Us. Un très bel album à la grandeur de l'excellent Serbenity et un gros 77 minutes sans une de trop!
To Distant Seas va droit aux rythmes de l'album avec un rock électronique à la TD. Le séquenceur fait rouler, parfois même dribbler, ses arpèges cadencés dans un subtil effet ondulatoire. Cette approche est assez fréquente dans l'album. Le rythme sort de son cocon statique avec l'arrivée des percussions qui martèlent une cadence plus entraînante. Le clavier y couche une belle mélodie qui scintille dans les voiles de belles orchestrations brumeuses. Machines Starting Machines continue sur cette lancée du séquenceur mais avec une vision rythmique plus agressive, même dans ses phases d'hésitations. Des cliquetis sèment le chaos avec des ruades cadencées qui ajoutent une profondeur texturale au rythme. Le synthé s'occupe des harmonies en éparpillant bien ses vers sans strophes. Orbit est un aussi bon, un solide rock électronique très entraînant. C'est lourd avec un très bon maillage entre les percussions et le séquenceur, créant une fascinante complicité entre l'aspect fluide et spasmodique du rythme. Ce qui rehausse sa profondeur et nous incite à l'écouter les oreilles grandes ouvertes. Une facette qui est aussi assez répandue sur ce GENESYS 23 (The Course of the Origin). Une voix artificielle, l'album est d'ailleurs tissé dans cette vision, chuchote un air entraînant, donnant une mélodie aussi cadencée que le rythme et qui fait son chemin tel un ver-d'oreille. Si la ligne de basse est virale dans Orbit, elle l'est tout autant dans Lifeforming. Le rythme est hyper entrainant dans un très bon mélange de rock et d'Électronica sous une nuée de violons brumeux. Ça cogne fort et ça réveille les pulsions pour danser! Lost Cargo continue l'exploration des rythmes électroniques du dernier opus de Stefan Erbe avec un rythme sec. Un genre de stop'n'go avec des éléments percussifs forgés dans le verre, j'entends du OMD ici, et des séquences qui virevoltent comme des claquettes dans un axe circulaire. Les coups du caisson grave versus la limpidité de ce ruisselet de séquences suspendu alimentent le contraste musical d'un rythme lourd et nerveux. Il y a toujours ce filon de mélodies accrocheuses dans les albums du musicien-synthésiste Allemand. Et Doubtful en est une très belle qui nous poigne aux tripes. Sur un rythme lourd avec des élans sphériques, la cadence harmonique enivre nos sens sur un intense maillage d'éléments de percussions martelantes, j'entends du Depeche Mode ici, et de séquences virevoltantes. Un très beau titre! Big Hall suit avec un techno lourd et massivement plombé par de solides percussions. Le synthé élabore des solos aériens qui donnent une dimension spectrale à ce titre modulé pour faire danser.
Après le très atmosphérique et mélancolique The Rain on a Green Base, Plantae Synthetica suit les fredonnements d'une chorale perdue dans le Cosmos avec des arpèges et des riffs de clavier qui unissent leurs discordes dans un bel élan mélodieux soutenu par un rythme sobre. Des voix distantes et des orchestrations lunaires accompagnent ce clavier qui martèle la mélodie avec des arpèges tintant comme la résonnance du cristal sur une structure rythmique qui prend un second souffle dès que les percussions se mettent à picorer sa sobriété. LXM 404 suit avec une dose d'Électronica aussi virale que Big Hall. All the Stars (review) nous offre une ouverture mélancolique à la Blade Runner. Les ambiances respirent ces vapeurs industrielles qui empoisonnent les villes alors que son débit lent fait valser nos émotions. Les arrangements sont poignants avec un beau mélange de voix séraphiques perdues dans des souffles de synthé apocalyptiques. Un très beau titre qui va vous procurer une bonne dose de frissons d'émotion. The Course of Origin nous ramène dans cette portion de rythme harmonieux de l'album. Son débit est tissé dans une lourdeur affective avec une vision circulaire où les basses séquences et des effets de claquements percussifs supportent un lointain chant d'un synthétiseur joué par une âme nostalgique. Une couche de bruits-blancs, ou de vagues de grésillements, recouvre le rythme qui devient plus lourd, vif et pulsatoire ainsi que mélodique une fois le milieu de la pièce-titre franchit. Le séquenceur est en mode martèle-moi une mélodie entre les oreilles! Le synthé profite de cet instant pour lancer des lamentations qui sidèrent les sens. Un excellent passage en passant avec de puissants arrangements! It wants to Live est un petit bijou pour les oreilles. De l'art rythmique! Des couinements organiques cadencés annoncent son ouverture en même temps que le séquenceur délivre un débit spasmodique. Les deux unités de rythme s'harmonisent en une fascinante symbiose de fluidité autant dans le rythme que son harmonie sous-jacente. Nous sommes dans de rock électronique aussi divertissant qu'entraînant où l'aspect ingénieux de la vision organique se fond dans de superbes arrangements digne d'une musique de danse. La grande force de GENESYS 23 (The Course of the Origin) est de générer des textures de rythme différentes pour chaque titre. Critical State propose donc un rythme incertain qui évolue sur des percussions martelant un rythme de plomb bien secondé par un clavier mélodieux. La lourdeur et la fluidité, de même que les discrets éléments percussifs, ne sont pas sans nous rappeler l'univers des rythmes créatifs de Jean-Michel Jarre. Bien que The Rain on a Green Base a su reposer nos oreilles dans le milieu des rythmes infernaux de ce nouvel opus de Stefan Erbe, Sense of Life conclut GENESYS 23 (The Course of the Origin) sur une base méditative avant de progresser sur un rythme finement spasmodique où le synthé illumine nos oreilles de sa texture harmonieuse touchante et inspirante. Oui, quel album mes amis!
Sylvain Lupari (13/02/3) ****½*
Disponible au Stefan Erbe Bandcamp
(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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