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  • Writer's pictureSylvain Lupari

TANGERINE DREAM: Raum (2022) (FR)

Ce Raum est l'album qu'il fallait à cet instant précis pour Tangerine Dream

1 Continuum 7:09

2 Portico 6:42

3 In 256 Zeichen 19:07

4 You're Always on Time 8:07

5 Along the Canal 5:29

6 What You Should Know About Endings 6:55

7 Raum 14:54

Kscope – KSCOPE1019

(CD/LP/DDL 68:32)

(Progressive E-Rock)

J'ai lu des critiques tout simplement dithyrambiques à propos de ce dernier album de Tangerine Dream. Et là, on ne parle pas juste de fans qui inondent les réseaux sociaux avec des qualificatifs qui transcendent les démesures usuels propres aux aficionados purs et durs. De quoi intimider tout début de critique qui irait dans le sens contraire de cette euphorie collective, comme de ces critiques qui me semblent justifiées. Mon verdict? Eh bien je suis d'avis que la gang à Thorsten Quaeschning a réussi ce pari d'amener le vaisseau musical de feu Edgar Froese vers ces terres de créativité, comme lorsque Edgar et Chris Franke passaient de Force Majeure à Exit avec l'arrivée de Johannes Schmoelling. Déjà que Probe 6-8 sonnait différemment, je serais curieux de savoir combien d'entre vous avez reconnu Tangerine Dream à l'écoute de ce RAUM. J'ai fait le test pour avoir éparpillé 5 des 7 titres de cet album parmi une bonne 20taine d'autres titres de musique électronique (MÉ) à travers mon lecteur réseau. Et seul les derniers instants de In 256 Zeichen ont vendu la mèche.

J'avais déjà été séduit par cette fascinante texture de percussions, basse-pulsations et séquences feutrées qui servait de base rythmique à une nerveuse danse synchronisée d'accords de clavier de Continuum sur le single Probe 6-8 que je passe directement à Portico. Son ouverture minimaliste est conçue sur une série de 3 accords percussifs sautant dans l'effet d'écho de la précédente et dont chaque couche, il y en a trois, apporte ses nuances dans un canon rythmique et mélodique tout à fait inattendu. Ces éléments se soudent en une texture spasmodique avec des boucles de synthé qui déforment leurs charmes sur des effets de percussions manuelles. L'enveloppe est constituée de cette opaque brume synthétisée dont les effets psychédéliques diluent une vision mélodieuse trouble qui se transporte à une courte phase de transition avant de revenir avec plus d'aplomb. Ce n'est pas vraiment génial, mais ça suit la courbe de Continuum dans une fusion des univers de Paul Frick et du duo Quaeschning/Yamane. Je vais continuer avec les 3 autres courts titres avant de revenir à In 256 Zeichen. Et ce n'est pas parce qu'ils sont courts qu'ils manquent d'intérêt! You're Always on Time. J'aime son ascension tissée dans les mystères d'une MÉ ténébreuse, sinon chtonienne mais pas comme le vieux TD, qui se transforme en un magnifique downtempo. Toujours bien appuyé par ce laborieux travail de percussions, basse-séquences et séquences percussives, ce rythme à priori entraînant devient lourd et lent, avec quelques éclosions de vitesse éphémère, et navigue dans une vision dramatique tissée par des accords et des nappes de synthé plus graves, plus austères. Il y a des moments magiques où une lourde texture de basse rampe avec une vision méphistophélique et où les synthés tissent de très beaux solos et des nappes de brume autour d'un dialogue de clavier aux accords gras. La 2ième partie est nettement plus musicale et plus mélodieuse. Un excellent titre!

Le séquenceur et les séquences percussives sont au summum de la séduction dans RAUM et c'est encore plus vrai sur Along the Canal. Parlons de sa superbe mélodie à la White Eagle qui décore une introduction séraphique et dont les ondoyantes nappes de synthé guident vers une autre mélodie flûtée qui hante les sens. C'est par la suite que des ions sautant sur un convoyeur mal ajusté se font aspirer par une texture de rythme lourdement pulsatoire, inondant nos oreilles d'un flux rythmique lourd et très esthétique. De l'art pour les oreilles! Très intéressant prélude aux 15 minutes de la pièce-titre, What You Should Know About Endings est un titre dont les ambiances parapsychiques rôdent en suspension sur une structure de rythme statique qui est tout son contraire. J'ai déjà écrit en long et en large de Raum dans la chronique Probe 6-8, c'est donc le temps de parler du joyau In 256 Zeichen qui propose une structure progressive et une finale à couper le souffle. Son ouverture est tissée sur des cascades de sons miroitant comme l'eau vive d'un ruisseau ou encore l'eau stagnante d'une rivière cosmique. Il n'y a pas beaucoup de mouvement, même si la masse de sons, incluant des percussions sans envie rythmique, gagne en intensité jusqu'à ce que le violon de Hoshiko Yamane tisse un mouvement se balançant dans les charmes d'une bonne ligne de basse un peu après la 5ième minute. Ce mouvement est magnétisant tandis que la structure emprunte un volet musical qui respire les essences de la créative période de Johannes Schmoelling au sein de Tangerine Dream. Le rythme devient plus fluide avec un mouvement qui épouse les ondulations du violon sur une structure rendue saccadée par l'apport du séquenceur. Des parfums de Firestarter et Flashpoint émanent de toutes les pores de ce segment très hypnotisant dont l'habile jeu des percussions nous guide vers la 3ième phase transitoire de In 256 Zeichen qui se situe un peu avant sa 11ième minute. Le titre devient alors très intense et animé dans une texture qui se rapproche audacieusement du Tangerine Dream des années Logos et Hyperborea. Un énorme titre qui justifie ses 20 minutes pour ses 3 phases!

Ce RAUM est l'album qu'il fallait à cet instant précis pour Tangerine Dream. Quaeschning, Yamane et Frick sont loin de tout, tout en étant près des racines du vieux rêve de notre cher Edgar. C'est un nouveau son avec une nouvelle vision qui ne dénature pas le passé du Dream tout en lui traçant les routes de demain. Le temps que j'ai passé à découvrir cet album, parce que non je n'ai pas aimé aux premières écoutes, m'a fait réaliser tout le méticuleux travail derrière les racines d'un album complexe guidé par 3 musiciens qui ont ce désir d’amener Tangerine Dream là où il a toujours dû être. Soit le vaisseau de l'avant-gardiste en matière de MÉ contemporaine.

Sylvain Lupari (01/04/22) *****

Disponible chez Groove nl

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