“On se souviendra à quel point Edgar est bon et nous laissera tout un héritage musical”
1 Flashback 1:15
2 Devotion 9:18
3 Virtue of Hope 4:37
4 Escape 6:36
5 The Seven Barriers 8:28
6 Logic of Intuition 6:40
7 Shunyata 6:30
8 Restless Mind 5:23
9 Wild Ocean of Blue Fate 7:44
10 Breaching Sky 4:07
11 Morphing 4:03
Eastgate 047
(CD/DDL 64:42)
(E-Rock, melodious EM)
Ah ce cher Edgar! Il est capable du meilleur comme du pire, tout en étant fort moyen par instants. Allez donc savoir ce qui se passe dans la tête d'un compositeur en série! Car Edgar est bel et bien un compositeur en série et comme tout ce qui se fait en série, il y a des maillons plus faibles que d'autres. Mais ce n'est pas le cas de THE ENDLESS SEASON (Part Five from the Five Atomic Seasons). Faut être honnête et avouer que construire de belles mélodies qui se bercent sur des séquences évolutives et sur de très bons solos de guitares n'est pas chose aisée. Et qui plus est, ce dernier chapitre de The Atomic Season est bourré de réminiscences à de vieilles œuvres, comme des plus récentes de Tangerine Dream. Comme quoi que le renard argenté ne peut nier ses racines. Certes il y a des choses qui agacent, comme cette utilisation futile et outrancière des voix angéliques artificielles et ses rythmes légers à la Iris Camaa (Wild Ocean of Blue Fate), mais dans l'ensemble THE ENDLESS SEASON est l'une des rares œuvres solides que Froese ait pondu dans ces dernières années.
Des percussions à la fois feutrées et claquantes papillonnent aléatoirement en suspension. Elles flottent dans un vide sidéral où lignes de synthé et arpèges isolés dessinent une structure néo-apocalyptique. Flashback a d'énormes odeurs de déjà entendu et est une parfaite intro pour ce dernier chapitre de The Atomic Season qui est plein de longs mouvements aux rythmes papillonnants. Les arpèges sautillants et hésitants de l'intro de Devotion dansent encore sur les cendres de la finale de Flashback, promette d'un beat nerveux. Mais en lieu, une douce guitare morphique élève ses solos qui sillonnent une terre de désolation. Car si l'on veut se placer dans le contexte d'Edgar, THE ENDLESS SEASON est celle qui clôt ce terrible incident nucléaire dévastateur et Edgar le rend bien. Car THE ENDLESS SEASON (Part Five from the Five Atomic Seasons)est tracé dans le moule de la mélancolie, de la douleur humaine et de cette aigreur de vivre qui semble ronger Edgar depuis nombre d'années. La guitare est belle et se partage avec de fugaces solos de synthé qui flottent telles des voiles de brumes au-dessus d'arpèges éphémères qui vont et viennent sans vraiment modifier ni rythmes et ni mélodies. Sauf qu'au final une douce flûte synthétisée émerge de cette confusion des harmonies, plongeant l'auditeur vers le très beau et sensible Virtue of Hope. Un titre délicat, conduit par un piano morose dont les notes se perdent dans les douceurs d'un synthé aux arômes d'une flûte empreinte de nostalgie. Curieusement ça sonne plus comme dans les vieilles campagnes Anglaises que celles du Japon. M'enfin toujours est-il que c'est beau et que les délicats arpèges qui joignent ce ballet pour insomniaque ne sont pas sans rappeler la virginale approche de Legend. Après son intro spectrale, Escape virevolte sur ses accords qui tournent tel un carrousel sur de bonnes frappes de percussions. Le synthé jette un voile vocal sur cette intro somme toute dramatique où le rythme évolue en deux temps; en carrousel ou en spirale qui alterne sur un synthé dont les souffles hybrides se mélangent aux vocalises artificielles. The Seven Barriers est l'un des bons titres sur THE ENDLESS SEASON; un genre de blues électronique lourd où les deux styles de guitares, celle de Edgar Froese et Bernhard Beibl, lancent de puissants et étonnants solos qui s'enlacent fort bien aux discrets solos de synthé. Un duel pour guitares, particulièrement ces boucles violentes qui s'enchaînent vers la 5ième minute, où les frappes de percussions sont par contre un peu anémiques et moins omniprésentes que cette voix artificielle qui est en revanche plus supportable que sur Winter in Hiroshima.
Après un départ lent où tout semble stationnaire, Logic of Intrusion connait une belle ascension rythmique avec ses accords minimalismes qui traînent l'intro jusqu'à un rythme plus lourd et bouillonnant vers la 2ième minute. Le mouvement séquentiel est superbe avec ses lignes subdivisées qui créent rythmes et harmonies avec des frappes de percussions alternantes, dessinant une cadence galopante qui tressaille d'un rythme nerveux et qui court sous des solos de synthé parfois vindicatif et tantôt spectraux. Un superbe titre qui allie rythme progressif et harmonie d'une superbe façon alors que Shunyata siffle une mélodie toute mignonne avec des souffles de synthé acuités qui chantent sur des riffs électroniques évolutifs dont la principale permutation se fait sous l'égide d'un synthé très harmonieux. Wild Ocean of Blue Fate est ce qui se rapproche le plus à du Tangerine Dream très léger des années 2000. Quoique j'aime bien la basse qui étire ses accords et les solos de guitares qui jettent une aura de mysticisme, la ligne séquentielle dont les accords rythmiques se fondent à un mélange de percussions aseptisées manque de punch et on perd vite l'intérêt. Breaching Sky poursuit cette légère ligne de séquence qui accentue le pas avec de bonnes percussions. Il y a de belles lignes de synthé qui surplombent des arpèges scintillants et qui flottent telles des feuilles tombant d’un arbre, ajoutant une dimension spectral à un titre qui progresse avec de bonnes percussions et des accords de synthé dramatiques pour finalement se jeter dans le lourd et puissant Morphique. L'un des très bons titres de The Atomic Season dont la forte approche libératrice, sur séquenceur lourd et synthé mélancolique, est une superbe conclusion à THE ENDLESS SEASON (Part Five from the Five Atomic Seasons).
Chapeau Edgar! C'est vrai que parfois certaines de mes chroniques ne sont pas sans irriter tes nombreux fafans, mais il faut rendre à Edgar ce qui lui revient de droit et THE ENDLESS SEASON (Part Five from the Five Atomic Seasons) est un très bel album de MÉ. Une MÉ qu'Edgar Froese tente par tous les moyens de rendre le plus harmonieux et le plus accessible possible. Mais un tel pari n'est pas sans risques ni sans déstabiliser la légion de supporteurs qui suit les créations de cette icône de la musique contemporaine. Certes, il y aura des albums qui vont décevoir, alors que certains nous rappellerons tout le génie de ce solitaire qui n'en a toujours fait qu'à sa tête.
Sylvain Lupari (18/03/11) *****
Disponible chez Groove nl
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