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  • Writer's pictureSylvain Lupari

UWE RECKZEH: Voyage (2021)

Lourd, puissant et créatif, il faut donner sa chance à ce Voyage de Uwe Reckzeh

1 Dragawhaa 12:40

2 Transalpen 7:20

3 Later as Soon 17:58

4 Tonescrapes 8:45

5 Particles 8:15

6 Later as Possible 6:20

7 Voyniich 7:43

(CD-R/DDL 69:06)

(Hard & Loud Berlin School)

Des semis explosions feutrées, des cliquetis de bouteilles vides et autres effets sonores percussifs sont à l'origine de Dragawhaa et de ses ambiances d'un quai d'embarquement de bateaux, à en juger par les cris des mouettes et sternes. On sent une effervescence gonfler lorsqu'on se dirige vers la 3ième minute qui est chargée d'un volume sonore compacte et toujours pas vraiment identifiable. Les semis explosions sont devenu des accords, et même des pfutt, alors que les bouteilles se font toujours brassées avec la même indélicatesse. Le bruit des oscillations reflètent ce combat de Uwe Reckzeh afin de bien nourrir cette ouverture après presque 3 années de silence depuis Surreal Dreams paru en juin 2018. On y arrive après la 4ième minute. Les cliquetis des bouteilles ont cet air fantôme appartenant à Poland, la pièce-titre. Tout ce préambule nous amène à la 5ième minute; le décollage de Dragawhaa. Le rythme est tressé serré avec tous les éléments qui l'ont graduellement forgé alors que le synthé tisse de bons solos et que le clavier dévisse une belle chorégraphie d'arpèges virevoltant dans une approche harmonieuse qui se fond dans les caresses des solos de synthé. Le titre amenuise ses éléments de rythme autour de la 10ième minute pour vivoter sur place avec un séquenceur aux ondes de rythme papillonnant avec une ligne de basse encore affamée. Ce qui retient l'attention dans cette phase stationnaire est ce mirifique concerto pour arpèges mélodieux qui ont fait le charme de ce premier titre fougueux de VOYAGE. Cette finale se transpose sur l'ouverture de Transalpen qui ne perd pas de temps pour nous entrainer dans un autre rock électronique alimenté principalement par une solide ligne de basse. Les élans du séquenceur sont élastiques et reviennent inlassablement dans un concept linéaire, genre formule d'un train roulant à vive allure. Les percussions électroniques et les riffs de guitare aident à structurer ce rythme qui vit de ses séquences nerveuses et agitées. Le clavier est spectaculaire avec ses multiples chorégraphies harmoniques qui parfois se rencontrent ou volent côte à côte, nourrissant notre intérêt sur un lit rythmique d'où s'évaporent de très bons effets sonores.

Le temps passe vite! C'est depuis Mirror Images en 2012 que le musicien de Nordrhein-Westfalen a choisi de nous présenter ses albums dans des intervalles de 3 ans. Et force est d'admettre que la stratégie fonctionne très bien. Ainsi, Perfection Mode et Surreal Dreams ont profité de ces projets triennaux pour nous arriver à pleine maturité. VOYAGE ne fait pas exception. Dès les premiers accords de Dragawhaa on ressent cette richesse musicale qui fait que l'album n'ait aucun trou pour laisser passer une nanoseconde de silence. Tout est de sons, tout est musique! Bien que présenté en une mosaïque musicale continue de 70 minutes, VOYAGE n'est pas un album concept. En contrepartie c'est du Berlin School dur et lourd avec des lignes de rythmes en constante évolution. Le séquenceur est génial, le clavier est alerte sur le mode mélodie et le synthé tisse des solos qui recouvrent cette œuvre Teutonique d'une chaleur aussi opaque que les ambiances chtoniennes. Le clavier est très mélodieux dans cet album, sculptant même des airs de Pink Floyd, comme dans l'introduction de Later as Soon. Les cliquetis qui tournoyaient dans la finale de Transalpen sont sur le respirateur artificiel dans cette ouverture qui sonne littéralement comme le groupe anglais de musique progressive. Une ligne de basse lourde mord ces ambiances avec des pulsations résonnantes pour prendre son élan après la 5ième minute. Le séquenceur laisse filer une ligne de rythme avec des oscillations vives qui roulent en mode linéaire. Monte et descend, entre les accords d'une guitare toujours présente, Later as Soon sonne comme un titre improvisé auquel Uwe Reckzeh a passé des heures à en enrichir son contenu avec des nappes qui suivent l'évolution d'un rythme qui continue sa course jusqu'à la 11ième minute. À ce niveau, la transition est lente et longue. Les ambiances permettent de mieux cerner les influences autour du titre, et de l'album en général, avec des flash de Tangerine Dream, de The Keep à Poland avec un bouquet de Hyperborea.

Ces influences sont encore plus présentes dans la première partie de Tonescrapes qui, après près de 3 minutes d'atmosphères aussi alambiquées que Dragawhaa, propose une structure Berlin School toujours en mode de; laisse-moi mettre une couche de plus. Des solos de synthé viennent recouvrir cette structure arythmique de chaleur et de tendresse, comme une lame de feu dans les ténèbres! Après ces quelques 2 minutes de mystères sonores, Particles est le titre qui nous accroche dès la première écoute. Construit sur des percussions enlevantes et des séquences troubles, c'est un solide rock électronique avec un bon degré de sensibilité dans le jeu du clavier. Et puis, ces solos! De beaux solos de synthé aussi harmonieux que la voix de Céline Dion sur du gros Guns'n'Roses. Les arpèges viennent comme fous, dansant à nous enivrer les sens. Un titre joyeux et festif qui n’arrête pas d'ajouter un truc toujours captivant! C'est de cette façon qu'on arrive à Later as Possible qui, sans préambules, nous plonge dans un savoureux Berlin School de la tournée 86 du Dream. Il ne manque que le solo de guitare! Voyniich semble être un titre à part dans l'ensemble de VOYAGE. Il n'y a aucun lien qui l'unit à Later as Possible et démarre avec une tonalité légèrement différente, un peu comme s'il aurait eu moins de repiquages. Mais on s'en fout puisque c'est un foutu bon rock électronique dont le rythme soutenu du séquenceur, qui aime faire dribbler ses ions et se faire mordiller par des claquettes électroniques, est flagellé de superbes solos de synthé. Un titre que l'on veut réentendre tout de suite…

et qui fait que l'on veuille bien donner une seconde chance en réécoutant l'univers lourd et paqueté de sons de VOYAGE. C'est la signature d'une très bonne musique dont son seul défaut est de construire ces ponts de séduction loin dans l'album. Et pourtant, nous sommes dans la quintessence d'un Berlin School qui arrivait à sa croisée des chemins à la fin des années 80. Lourd, puissant et créatif, il faut donner sa chance à ce VOYAGE de Uwe Reckzeh qui saura vous le rendre au fil de sa découverte.

Sylvain Lupari (29/05/21) ****½*

Disponible chez MellowJet Records

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