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Writer's pictureSylvain Lupari

MAC of BIOnighT: Phasing (2022) (FR)

Très bon et pas dispendieux, le passionné du genre en a pour son argent!

1 Apologies for the Unconvinced 22:10

2 Phasing 17:28

(DDL 39:38)

(Berlin School)

Si vous êtes à la recherche du style Berlin School typique des années 70, vous êtes à la bonne place sur la page Bandcamp de Mac of BIOnight. Le très versatile musicien-synthésiste italien y propose une panoplie de styles de musique électronique (MÉ), allant du Synth-Pop à de la musique d'ambiances sans oublier le Berlin School, un style qui l'a bien placé sur l'échiquier de la MÉ contemporaine. PHASING n'est pas différent de ses autres albums répertoriés sous le style Classic EM. Cette 57ième édition propose 2 longs titres où les influences de Tangerine Dream se fondent dans celles de Neuronium dans un court album qui coule sans anicroches entre les oreilles.

Des accords feutrés d'une tonalité basse galope sous une brume qui amplifie son aura métallique. Dès lors, le rythme électronique de Apologies for the Unconvinced se délie par phases spasmodiques qui exécutent des ruades comme des gambades dans une structure vive qui n'est pas sans rappeler les rythmes vintages du Dream dans une enveloppe sonore plus contemporaine. Le rythme est soutenu avec des moments plus rapides que d'autres où il ajuste sa vélocité selon les directions prises par le synthé et les claviers. Et peu importe celles-ci, le rythme restera présent sur la totalité du parcours de 22 minutes. Le synthé accompagne ces phases avec une présence dramatique autour de la seconde minute, ralentissant l'approche rythmique, qui se transforme en une vision mélodieuse quelques secondes plus loin. Ses notes dansent avec les séquences, créant une parfaite symbiose entre le rythme et la mélodie. Jouant sur ces nuances, Mac propulse les premiers moments du titre entre sa vision dramatique et une autre plus mélancolique au niveau de la mélodie. Parallèlement, le synthé lance des pépiements électroniques à la Klaus Schulze qui se marient bien à une structure rythmique qui embrasse ainsi une tangente organique par moments. Le synthésiste italien multiplie aussi les solos qui restent courts et mélancoliques dans des phases où la MÉ flirte avec son penchant psychédélique des années 70. Apologies for the Unconvinced devient ainsi un long voyage segmenté par phases minimalistes qui évoluent entre des ambiances délicieusement chtoniennes, comme autour de la 10ième minute lorsque le synthé lance des solos teintés d'obscurité et d'autres plus acrobates, soufflant le chaud et le froid sur ces textures de Berlin School qui se dirigeaient vers une période dominée par les instruments plus numériques. Cette phase déploie de très beaux solos et airs de mellotron qui visse nos émotions à notre colonne vertébrale. Les arrangements dramatiques qui tombent après la 14ième minute ajoutent une touche ténébreuse à une phase où pourtant les arpèges rayonnent d'une vie autant rythmique qu'harmonique. C'est à ces niveaux que la vélocité du rythme s'adapte à une vision plus cinématographique de la musique. Surtout en 2ième partie de Apologies for the Unconvinced où les harmonies flûtées et les arrangements donnent une touche lyrique à la musique. Par la suite, Mac inonde nos oreilles avec un déluge d'accords de clavier qui dansent et virevoltent sous des solos parfois alambiqués. Bref, c'est un gros 22 minutes de pur plaisir auditif pour ceux qui aiment un Berlin School progressif qui mélange à merveille les tonalités d’antan et celles plus actuelles.

C'est avec des nappes de synthé plutôt solennelles, genre théâtrale à la Walter Christian Rothe dans Let The Night Last Forever, que débute la pièce-titre de ce PHASING. Hormis ces nappes qui tombent dramatiquement comme des riffs étendant leur sonorité, l'ouverture exploite aussi un côté organique avec des feulements grossiers et des gouttes de pluie résonnant dans une grotte. Des nappes d'orgue définissent une ambiance qui devient aussi plus mystérieuse. Cette ouverture étire son paysage insolite sur une distance dépassant les 4 minutes lorsque le séquenceur active une structure de rythme spasmodique avec des séquences forgées dans l'univers psychotronique de Neuronium. D'ailleurs les ambiances devenues de plus en plus vaporeuses, soufflent aussi sur les vestiges du groupe de Michel Huygen. La masse sonore qui détient les mystères de Phasing étouffe son rythme avec des bancs de brume cristallin qui ondoient tout en tentant de ralentir la course du séquenceur qui fait rugir tout de même son rythme à travers de fortes brises sur une bonne distance de 6 minutes. La seconde moitié renait avec une structure de rythme aussi lourde et résonnante que Redshift à son mieux. Mac joint les accords de son clavier dans une diabolique danse avec le séquenceur sous un ciel qui se gorge de voix absentes et de furieux solos de synthé qui sonne comme une guitare. On se croirait à l'époque de Encore avec un Tangerine Dream métamorphosé en loup-garou. C'est une finale intense que le musicien italien aime bien profiler depuis quelques albums. Depuis qu'il a aussi ajouté d'autres styles de MÉ à son répertoire.

Sans longueur et avec beaucoup d'intensité, PHASING ne révolutionne pas le genre, quoique la finale de la pièce-titre est assez particulière, et propose un très bon 40 minutes de MÉ qui coule avec facilité. Mac of BIOnight vieillit très bien et adapte sa musique aux technologies d'aujourd'hui sans renier les origines de ses influences, le Berlin School de Tangerine Dream. Très bon et pas dispendieux, le passionné du genre en a pour son argent!

Sylvain Lupari (15/07/22) ****½*

Disponible chez Mac of BIOnight Bandcamp

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