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  • Writer's pictureSylvain Lupari

MATTHEW STRINGER: The Second Sun (2015) (FR)

Matthew Stringer propose ici un solide opus peint dans cette corrélation secrète qui existe entre lui et Johannes Schmoelling

1 Riposte 7:55

2 Dreique 11:22

3 Fortress 8:26

4 Glimpse 6:46

5 Conduit 8:45

6 Window 5:56

7 Air 18:38

8 Retrospect (Bonus) 7:51

(CD-r/DDL 75:38)

(E-Rock and New Berlin School)

Le moins que l'on puisse dire est que Matthew Stringer est à Perge ce que Johannes Schmoelling était à Tangerine Dream. Et la corrélation ne s'arrête pas là! Véritable fenêtre sur une œuvre entreprise en 2009 avec Your World is but One de la période Dream Conspiracy, THE SECOND SUN est un superbe album où la MÉ se défait de son étiquette afin de nous intoxiquer avec de mélodieux parfums de mélancolie. Un album où les synthés cisaillent des solos très harmonieux, où les séquences tissent des rythmes toujours puisés dans les influences du Dream et où le piano de Stringer flirte avec celui de Schmoelling avec une fascinante complicité pour créer deux univers parallèles qui finissent toujours par se rejoindre.

Une longiligne ligne de synthé, parfumée par les radiances obscures de drone, flotte au-dessus de l'introduction de Riposte. Des voix, des murmures et des clapotis ornent les ambiances de cette fresque sonique où Matthew Stringer nous ramène au Meadow de YWIBO. D'ailleurs, toute l'histoire de cet album tourne autour de ce premier essai de Matthew. Si les dialogues éparpillés ici et là tout autour de l'album aident notre navigation, l'auteur prend bien soin de souligner, et à juste titre, que ce voyage correspond tout aussi bien à une odyssée introspective. Déjà nous sentons dès les premières secondes de Riposte un niveau d'intensité qui meublera les ambiances de ce fascinant album où la demi de Perge chamboulera nos émotions à mesure qu'il étendra son combat afin de nous guider dans son Meadow. Les lignes de synthé flottent comme les murmures des ténèbres, par moment on jurerait entendre du Rick Wright (Pink Floyd) tellement c'est intense, et comme des caresses nous guidant vers un suave down-tempo. Le lent rythme arqué sur de bonnes percussions sobres et nourri de fins arpèges cristallins dont les tintements forgent une mélodie quasiment abstraite tellement elle est fragile. Les murmures sont toujours présents. Ils instaurent ce délicieux mélange de séduction et de paranoïa qui imbrique les 7 chapitres tout en nourrissant sa profondeur. Ces voix, on peut même dire des dialogues, résonnent à travers un microphone en ouverture de Dreique qui peu à peu étend un ruisselet d'arpèges et de séquences teintés de prisme. Ces carillons ruissellent comme une eau tranquille dans les souffles d'un séduisant synthé bourré de torsades hyper mélodieuses et parfois stridentes. Un ruisseau qui peu à peu se déverse en torrent, donnant à la deuxième partie de Dreique un rythme plus entraînant orné d'une belle approche harmonique dessiné à l'ombre d'un clavier dont les accords s'évaporent dans des solos de synthé toujours très harmonieux. Fortress est plus sombre. Les souffles noirs de son intro se fondent dans une superbe structure de rythme qui rappelleront à certains les essences de Tangram ou encore Firestarter. Inattendu et surtout très bon! Glimpse est aussi lugubre et qu'intense. Ça me fait penser aux sombres ambiances, tout de même assez mélodieuses, de Walter Christian Rothe dans son Let the Night Last Forever. Le rythme coule avec de belles séquences qui sautillent et alternent les ombres de la cadence des autres avant d'exploser avec plus de vélocité. Les arrangements sont très bons et on peut même entendre quelques accords de guitare errer alors que le rythme disperse ses séquences dans une longue finale ambiosphérique.

Conduit enchaîne avec les mêmes ambiances, mais encore plus profond et plus intense. Les vents hurlent comme ces sirènes apocalyptiques que l'on entendait dans Silent Hill. Les cliquetis et les halètements nourrissent un lourd climat de terreur. Un climat qui s'estompe graduellement alors qu'aussi invraisemblable qu'inespéré une douce ballade s'extirpe de ces cliquetis. Une belle ballade ambiante, quasiment spectrale, où le cliquetis du temps danse avec les délicats arpèges de la sérénité. Window est un beau petit titre très romantique et mélancolique avec un beau piano qui colle sa mélodie dans le fond de notre âme. Des sifflements de synthé et des larmes de voix accordent leurs ombres avec l'intensité des émotions sculptées par le piano, donnant une approche spectrale à un titre qui rappellera à quelques uns d'entre vous le jeu de Schmoelling dans ses œuvres en solo. Air présente une très belle intro sombre et mélancolique où un piano intensément nostalgique étend sa peine sur les trottoirs de la vie lavés par une pluie qui endort toujours les bruits d'une ville tout près. Point de référence oblige afin de mieux définir la très grande versatilité de Stringer: Vangelis et ses ambiances et son piano tellement sombre dans Blade Runner. Air est un superbe titre qui exploite à merveille ses 19 minutes afin de nous amener aux frontières du Dream avec un rythme sautillant et des harmonies sculptées dans des arpèges qui sonneront vaguement comme un Stratosfear acoustique. Renversant! Le rythme accentue sa force en même temps que le synthé souffle de ces solos plus harmoniques qu'aléatoires qui jalonnent les sombres et cabalistiques facettes de THE SECOND SUN.

Un titre vient en prime si vous vous procurez la version téléchargeable. Retrospect qui parvient à nos oreilles avec une autre belle mélodie pianotée et dont les airs se perdent dans les filaments des souffles d'une nature où tout semble briller comme par un beau dimanche à la campagne. L'approche ne détonne pas tant que ça des ambiances de THE SECOND SUN, car le miroir de Retrospect laisse filtrer des reflets noirâtres avec des accords sombres qui s'accrochent au bonheur de cette mélodie qui tournoie avec cette agilité des doigts sur un piano que l'on dompte par une ambiance ensoleillée. Encore là, les influences de Schmoelling transpirent lorsque les doigts nerveux de Stringer amènent le piano vers une ballade plus entraînante où percussions et arrangements transportent Retrospect là où THE SECOND SUN n'était pas encore aller. J'ai déjà entendu des titres en prime qui n'avaient pas la moitié des charmes de celui-ci!

Autant il est impossible de taire les similitudes entre Perge et Tangerine Dream, autant il est difficile d'ignorer les parallèles entre la musique de Matthew Stringer et de Johannes Schmoelling. Et là je ne dis pas que l'un copie l'autre! Si Perge est littéralement fondu dans le Dream, Stringer possède une identité qui lui est propre où les influences de Schmoelling, comme de celles Vangelis, de Pink Floyd et même de Tony Banks (Genesis), servent de base à des approches mélodieuses qui se fondent dans des décors absolument enivrants. La force de THE SECOND SUN est ces mélodies, autant dans les claviers et les synthés, propulsées par des rythmes vivants mais aussi nappées d'une lourde enveloppe ambiosphérique qui tisse des ambiances qui peuvent devenir aussi intimistes que les visions de son auteur. C'est très bon et ça sera sans doute un des incontournables en 2015.

Sylvain Lupari (10/04/15) ****½*

Disponible au Perge Bandcamp

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