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  • Writer's pictureSylvain Lupari

PENTERAKT: Conquest of the Moon (2020) (FR)

C'est un très bon album qui a meilleur goût après un deuxième essai et est encore meilleur une une troisième écoute et ainsi de suite ...

1 Meteor Strikes Again 14:14

2 Conquest of the Moon 18:28

3 Preflight Introspection 10:20

4 Life on the Moon 16:10

(CD/DDL 59:20)

(Progressive Berlin School)

Je vais être honnête, je n'étais pas un grand fan de Kubusschnitt, que je connaissais que très peu. Je me souviens d'avoir écrit quelque chose, une chronique possiblement, à la fin des années 90 dans un journal culturel québécois. Et comme Under the Dome, ce groupe phare des années de la England School ressuscite pour nous faire connaître de vieux classiques, comme The Case, tout en nous faisant découvrir une facette cachée des membres en solos comme Remnants de Hyperkube, projet de Tom Coppens. CONQUEST OF THE MOON est le nouvel album de Kubusschnitt. Mais comme il manque Ruud Heij, Tom Coppens et Andy Bloyce ont rebaptisé le groupe en celui de Penterakt. On nous annonce du même souffle qu'un nouvel album de Kubu est toujours sur les planches à sons. Entretemps, comment sonne ce nouvel album? Il tourne autour de 4 titres dont les structures du séquenceur ont été pré-enregistrées avec des synthétiseurs analogues. Disons que c'est du très bon Berlin School, j'ai bien aimé, avec une vision très progressive et des textures électroniques denses et intenses qui cherchent à dominer les rythmes. Une belle production, la pochette est très belle en passant, par deux musiciens qui semblent bien heureux de renouer leurs talents.

Meteor Strikes Again amorce sa montée jusqu'à mon ouïe avec un rythme cahotant d'un séquenceur en mode rythme linéaire. Des effets d'écho interfèrent avec les courbes du rythme alors qu'un banc de brume musicale et prismatique recouvre le tout en laissant passer des nappes volantes qui enracinent cette perception de Berlin School progressive dominée par les brumes d'un Mellotron aussi actif que saisissant par moments. J'aime ce que j'entends, notamment cette fuite dans la ligne de rythme qui donne une apparence plus psybient organique à ces ions qui se font dribbler alors que leur couleurs se diversifient. Ce n'est pas ici qu'on danse, quoique certains y arriveraient, mais ce n'est pas ici non plus que l'on dort. Surtout avec l'aspect vibrionnant des séquences qui se dissèquent en banc de papillons soniques butinant un axe rhythmique en progression. À tout bien considéré, l'approche rythmique est aussi étouffée qu'une expédition dans une dense forêt de type jurassique. Vivant et étouffé, Meteor Strikes Again reste un titre intense avec des mouvements de résonnances imprévus qui jouent avec l'intensité d'un titre qui n'a pas peur de prendre un virage organique dans le sommet de cette intensité. Des nappes de synthé ont ce parfum des trompettes apocalyptiques convoquées par Tangerine Dream dans les années Stratosfear et Encore, alors que d’autres dessinent des wooshh plombant qui semble attaquer le convoi rythmique qui peu à peu s'essouffle au point de faire vibrer une flûte chevrotante dans une finale où tous et chacun ramassent ses miettes de sons. Des meuglements, comme des baleines intersidérales, se fondent à l'accueil astrale de la pièce-titre. Des nappes de brume sibyllines se défont afin de créer cette base imaginaire qui accueille le panorama enchanteur du duo Tom Coppens et Andy Bloyce. Un mélange de nappes oisives et des bulles organiques finit par instituer une fascinante symphonie abstraite où la mélodie côtoie la dissonance qui sait étirer son extrême en lignes vocales plus ou moins paradisiaques. Une guitare acoustique en émerge autour des 6 minutes. Elle pose ses accords délicatement détachés, dans une lointaine vision harmonique qui peu à peu prend forme dans les torrents silencieux des nappes et lignes de voix entrecroisées. Le séquenceur épouse la procession de cette guitare dont l'union cristallise les accords de cette six-cordes dans nos oreilles. Comme la montée d'une cavalerie au ralenti, le rythme devient plus sautillant avec de légers bonds dans une couche panoramique toujours de plus en plus intense. On tapote des doigts et on s'extasient devant le décor séraphique qui étreint cette fusion rythme et denses ambiances, un peu comme dans Meteor Strikes Again. Et si on parvient à isoler le jeu du séquenceur, on remarque son efficacité, comme on remarque le peu d'espace disponible pour qu'il s'épanouisse.

Il faut bien que les choses s'équilibrent et c'est ce qui se produit dans Preflight Introspection qui nous enfonce un départ lourd avec des effets de réverbérations nés d'une structure de rythme enfouie et qui se perd dans cette densité atmosphérique des textures de Penterakt. Des colliers et des lignes d'arpèges se fracturent afin de créer des bulles de mélodies instantanées non-consommables, alors que des stries spectrales survolent un paysage dysfonctionnel qui semble s'abreuver à tous les oasis afin de créer des motifs tangibles. Des nappes de voix trainent à l'abandon avec des filaments flûtés. Un panorama qui brûle de son intérieur! Le séquenceur prend sa revanche en renversant ces ambiances qui voulaient se scinder avec une approche rythmique qui borde l'anarchie. Fort et orgueilleux, il fait régner sa présence avec des percussions et des bulles percussives éclatant de piaillements tapageur dans un panorama d'ambiances percussifs très près des zizanies orchestrales de Klaus Schulze d'où s'extirpent de courts solos de synthé. Ces solos et des souffles de fûtes interpellent les effets cosmiques afin de tenter une domination momentanée. Peine perdue! Preflight Introspection est de rythme et restera tel quel! Ça nous amène à Life on the Moon et à son ouverture organique. Tout au long de CONQUEST OF THE MOON, le duo Coppens et Bloyce flirte avec le côté psybient de ses ambiances. Disons que l'ouverture de ce titre est sans équivoque! Pour un bon 2 minutes, nos oreilles en sont surchargées avec enchantement. Le séquenceur active une première phase de rythme qui semble nettoyer le paysage sonore de Life on the Moon avec un rythme très Berlin School, inspiration Tangerine Dream. Le rythme court de ses séquences aux tonalités hybrides sous de bons solos de synthé dans une ambiance un brin cosmique. Et on n'a pas le temps d'apprécier cette ambiance puisque déjà des accords graves et résonnants projettent une vision dramatique. La finale fait entendre ces chants apocalyptiques des synthétiseurs qui injectent du fuel de psybient autour de ces solos alors que le dynamisme rythmique profite des percussions pour solidifier son empire dans une finale lourde et intense qui met un terme à un très bel album qui se déguste encore mieux après une deuxième et une troisième écoute. Le signe d'un album qui nous en donne pour notre argent.

Sylvain Lupari (07/01/21) *****

Disponible au Kubusschnitt Bandcamp

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