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Writer's pictureSylvain Lupari

ELLIS & WHITE: Unbroken Spirit (2022) (FR)

Un album aussi surprenant qu'inattendu qui est très fort et très bon

1 Incoming Electrical Storm 9:00

2 Windfall Light 10:12

3 Wave Approaching from a Great Distance 10:09

4 October Sunset 16:23

5 On the Precipice 3:51

6 Trillion Stars 6:50

7 Unbroken Spirit 5:54

(CD/DDL 62:22)

(E-Rock)

Mis à part ses albums de style Berlin School entraîné des lignes de séquences imbriquées en des rythme minimalistes, je ne me rappelle-pas avoir entendu un style de musique électronique à ce point dynamique de Paul Ellis. Réalisé en duo avec Jared White, mieux connu sous le nom de Yarred, UNBROKEN SPIRIT est un voyage voulu de Paul Ellis dans les secteurs plus rock de la musique électronique (MÉ). Celui qui vient de nous livrer 3 albums de musique abstraite, expérimentale et expressionniste en Panoramas CD-1, Panoramas II et The Interior Rhythms sentait ce besoin d'explorer le côté plus upbeat de la MÉ. Et l'invitation de Jared White ne pouvait tomber à un meilleur moment. Reconnu pour un style de MÉ animé et inspiré par des artistes tel que Tangerine Dream et Moonbooter, il avait produit un album-téléchargement assez intéressant en 2020 avec Multnomah. Le désir de Ellis combiné au genre musical de White ne pouvait que donner un album qui est aux antipodes de ce que le musicien originaire de de l'état de Washington a l'habitude de nous offrir. Inspiré principalement par la seconde partie de la période Johannes Schmoelling de TD, UNBROKEN SPIRIT s'abreuve aussi d'une bonne ligne de basse ronflante à la Patrick O'Hearn et des orchestrations de Jean-Michel Jarre. Et pour éviter toute forme d'ambiguïté eu égard des rythmes, sachez que c'est Paul Ellis lui-même qui s'occupe de la section rythmique des percussions électronique et qu'il joue toutes les parties de guitare sur UNBROKEN SPIRIT, un album qui va déculotter les fans de Paul, mais pas ceux de Yarred.

Les percussions qui déboulent tonnent et structurent un rythme qui change déjà de peau avant même sa 40ième seconde. Le rythme rock électronique hyper entraînant de Incoming Electrical Storm reflète l'esprit du titre. Les percussions claquent comme Jerome Froese aime le faire et jumelées aux séquences et aux basses pulsations, elles forment un rythme nerveux qui est soutenu par une basse aux harmonies rampantes comme O'Hearn. Les percussions additionnent une couche sur une autre, créant un rythme en perpétuel mouvement avec des flashes sonores qui rappellent la belle époque de Tangerine Dream dans Le Parc. Incoming Electrical Storm prend une tangente orchestrale qui fait Jean-Michel Jarre un peu avant la 6ième minute, témoignant ainsi d'une évolution très versatile où même des essences de William Orbit dans sa période Cargo rejoignent la dimension orchestrale dans le seconde moitié de ce titre très énergique. La nappe d'orgue tombant en ouverture de Windfall Light rappelle celle de Watcher of the Sky de Genesis et jette une aura trouble à une belle ouverture animée par une guitare acoustique. Des cloches, et des stries torsadées de synthé peuvent éveiller chez certains la période Legend. D'éthérée, avec de suaves murmures feutrés, la structure s'accroche à une vision plus animée d'une ligne de basse-séquences qui se fait grignoter par de fascinants effets organiques. D'ailleurs ces bruits disparates et bien dissimulés dans cet album sont des éléments qui attisent la curiosité des oreilles dans ses moments les plus tranquilles, comme l'aspect sérénade électronique de cette ouverture. Et sur une structure de rock statique, Paul Ellis couche de bonnes harmonies, des solos et des lignes de riffs d'une guitare agressive qui sévit mélodieusement sur une structure électronique bondissante.

La basse rampante dans Wave Approaching from a Great Distance me rappelle combien j'aimais le bassiste du groupe Anglais Magazine, Barry Adamson. Elle donne une apparence mystique à ce ruisselet de séquences sautillantes de son ouverture qui supporte aussi bien les stries fantomatiques du synthé. La table est mise pour une introduction chtonienne qui prend son temps pour se transformer en une superbe structure circulaire pas trop loin du Berlin School et plus près d'une musique de dance évolutive qui est remplie de solos de synthé tonifiant gémissant comme une guitare. Navigant entre des phases transitionnelles ambiantes et des structures de rythmes très énergiques, October Sunset propose une structure évolutive ayant le même caractère que Windfall Light, notamment au niveau des solos de synthé, mais dans une voluptuosité musicale qui est propre à Paul Ellis et Jared White. Et ce même si certains passages ressemblent aux variations musicales du Dream. Un très gros titre qu'on réécoute en y trouvant toujours un truc ou deux que nos oreilles ont oubliées de capter. La phase de transition qui nous amène au-delà des 7 minutes est un des points forts de UNBROKEN SPIRIT. Les percussions frappantes de On the Precipice nous replonge dans l'univers de Le Parc. La structure est plus lente mais plus lourde avec une ossature spasmodique du séquenceur. Lignes de rythme nerveuses avec des séquences sautant dans une parfaite cohésion alternante et batterie électronique du genre drumbeat à la Jerome Froese, Trillion Stars est un autre titre énergique avec une guitare très vorace en seconde partie. La pièce-titre conclut cet impressionnant album tout en rythme avec une belle ballade qui repose un peu les oreilles avec un mouvement circulaire composé de séquences qui voltigent et papillonnent sur une ligne de basse aux accords trainants. Le synthé place une délicate mélodie lunaire entre ses souffles guidés par la nostalgie. Une belle façon de conclure un album aussi surprenant qu'inattendu de Paul Ellis et Yarred qui apposent une identité qui leur est propre dans un album énergique et mélodieux qui joue pourtant sur de très bons souvenirs des années 80. Très fort et très bon, chapeaux les Boys!

Sylvain Lupari (03/03/22) ****½*

Disponible chez Groove nl

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