“Voilà ce genre d'album, de MÉ, que je n'attendais pas du tout et qui au final est génial!”
1 Out of the Ashes 16:17 2 The Sparrows are Flying 7:19 3 Halcyon's Day 13:09 4 Buick 57-A 10:08 5 Tabula Rasa 15:26 6 A New Dawn 3:45 Groove | GR-195
(CD 69:37) (V.F.)
(Theatrical, Dark Wave EM)
Ouf! Tout une claque! Pillion est l'aventure musicale du musicien Belge Walter Christian Rothe et Guy Drieghe. Formé en 1978 le groupe a connu une courte vie de 2 ans et 2 albums avant que Rothe n'entreprenne une carrière en solo en 1980 avec un premier album qui s'intitulait Solitude. WC Rothe ressuscite Pillion en 2006 avec HALCYON, un album fortement imprégné des noires ambiances de Let the Night Last Forever (2ième album solo de Rothe) et de Enigmas (premier album de Pillion). Sauf que le projet HALCYON connait une sortie bien timide et est vite oubliée dans les voûtes du synthésiste Belge. Une 2ième mouture voit le jour en 2008 alors que l'album, toujours fort discret dans les sphères de la MÉ, est offert en format téléchargeable. C'est Ron Boots, flairant tout le génie derrière cette somptueuse œuvre, aussi musicale que sombre, qui le prend son aile et le remastérise pour son label Groove. Et quel résultat! HALCYON est un album concept magistrale qui étale ses 70 minutes avec des ambiances sépulcrales à la Phaedra et Ricochet, des rythmes séquencés à la Underwater Sunlight et une approche électronique progressive à la Mind Over Matter. Bref, un album colossal qui va vous étonner, vous séduire et conquérir.
Et tout cela débute par un synthé qui dessine les lignes d'une belle mélodie dont les airs s'accrochent à nos tympans, tel un coup de foudre. Elle tourne en boucle, magnétisant notre fascination pour ces percussions organiques qui trépignent maladroitement. Out of the Ashes éclot de son rythme pulsatif dont les battements ordonnés et hypnotiques sont flagellés par de lourds riffs de guitares qui prennent des formes soloïques et des solos de synthé vampiriques. Hypnotique le rythme s'entête à progresser dans ce tintamarre musical, portant à bout de bras un titre qui dépeint à merveille les 54 prochaines minutes à venir et qui transite vers une phase plus ambiante en mi-parcours. Magique, Out of the Ashes emprunte une tangente qui me rappelle Mind Over Matter avec une structure furtive érigée par le biais d'une ligne de basse qui peine à tournoyer sous un ruisselant chapelet de séquences. Ces séquences font danser leurs ions qui alternent leurs frappes comme des coups de biseaux, rappelant le subjuguant univers de Chris Franke sur The London Concert, sous des solos de synthé plus éthérés qui tournoient dans des gaz bleus et soporifiques, échangeant ses harmonies spectrales avec des solos et des riffs d'une guitare qui cherche constamment à fragiliser cette délicate balance entre le rythme perdu dans ses ambiances nocturnes. C'est un superbe titre qui trace les lignes d'un non moins superbe album. The Sparrows are Flying est un titre d'atmosphère intrigante avec une fine pulsation d'une ligne de basse qui sautille dans une dense brume menaçante d'où s’échappent de lugubres lamentations. C'est purement ambiant et c'est le passage le plus coite de HALCYON.
Halcyon's Day débute comme un blues dans la nuit et ses souffles de synthé plaintifs qui déchirent une dense nappe de brume. Cette ambiance sombre et morose se dissipe comme le brouillard face aux vents pour emprunter une tangente plus rock avec un superbe pattern de séquences aux ions sauteurs qui alternent leurs frappes de verres dans un très bon maillage harmonique. Le synthé ficelle ses harmonies d'éther parmi des solos torsadés qui s'embrassent au-dessus de cette houle séquencée qui porte le rythme vers une finale plus noire et ambiante où des serpentins de séquences en verre hoquettent dans une brume mystique qui se laisse charmer par des solos de guitare rêveurs. Des solos solitaires qui nous amènent dans la quiétude introductive de Buick 57-A et de son rythme sombre construit sur des séquences furtives qui palpitent dans une sombre ambiance où des murmures de schizophrénie errent dans des drones planants et d'oblongs riffs perdus d'une guitare malveillante. C'est un autre très bon titre qui caresse les réminiscences de Tangerine Dream, période Phaedra et Rubycon. Les solos de guitares de Peter Heijnen chantent au-dessus des pulsations sourdes qui dorment sous une brume ocrée, démarrant lentement la procession de Tabula Rasa. Les ambiances sont toujours sombres et la musique suit une courbe évolutive avec des cliquetis papillonnants et des riffs qui accélèrent hypocritement une cadence funèbre. Des nappes de synthé s'harmonisent avec ce rythme latent qui engraisse peu à peu sa force, et sa cadence, avec l'arrivée de percussions de Herwig Duchateau qui ouvrent une structure plus près du rock électronique progressif. Les solos de guitare gémissent sous une nuée de drones résonnants qui amènent Tabula Rasa dans une phase psychédélique des années acide. A New Dawn conclut avec la délicate mélodie rescapée du fougueux Out of the Ashes, bouclant la boucle d'un étonnant album qui est assurément la surprise de 2012.
HALCYON de Pillion est un album à ne pas rater. C'est un album sans bavures qui unit à merveille les années psychédéliques vintages à une MÉ noire, mélodieuse et vivante. C'est le genre d'œuvre qui sort du lot, comme ça sans crier gare et qui nous en met plein les oreilles. C'est mon plus gros coup de cœur de 2012. À se procurer sans faute!
Sylvain Lupari (30/01/2013) *****
Disponible sur Groove
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